A propos d’une histoire culturelle des Etats-Unis

« Tracer » la route.

Et si l’histoire des États-Unis s’écrivait plus à travers les chansons, les blues, le jazz ? La route, la voiture a toujours été synonymes de liberté dans ce pays marqué par le mythe de « la frontière », aller plus loin pour éviter l’asservissement, devenir son propre maître. Un mythe sur lequel s’est construite à la fois l’utopie et la culture. Les « westerns », la conquête de l’Ouest en sont des avatars. La réalité est pourtant loin de ce rêve. Dans cette formation sociale, le capitalisme ne s’est pas heurté aux modes de production antérieurs. Cette colonie de peuplement a importé le capitalisme des pays d’Europe. En même temps que le mouvement ouvrier. On ne se souvient pas suffisamment que, dans les années 20-30, le socialisme est une idée forte et influence la plupart des intellectuels. Il faudra la « chasse aux sorcières » de l’après seconde guerre mondiale dans le cadre de la guerre froide pour éradiquer cette alternative, avec l’aide indirecte du stalinisme. Continuer la lecture

La saga Bird, saga du 20e siècle.

L’Oiseau de feu continue sa trajectoire

Alain Tercinet – auteur, rappelons-le, d’un portrait de Charlie Parker dans la collection Eupalinos, aux éditions Parenthèses – poursuit Bird de ses assiduités pour permettre de faire connaissance avec ce génie du 20e siècle. Comme à l’habitude, le livret livre son lot de connaissances et de reconnaissances. Il serait loisible d’écrire cette partie de l’histoire des États-Unis en suivant Charlie Parker de sa naissance à Kansas City en 1920 à sa mort en mars 1955. Le génie parkérien laisse partout sa trace. Y compris lors de sa visite en France et en Europe en mai 1949. Continuer la lecture

Conférences à Crest (Drôme) sur les femmes du jazz, du 5 au 10 août 2013

Rendez-vous à Crest Jazz Vocal

 

Cette année, je serai encore à Crest, au festival de jazz « Crest Jazz Vocal » où je donnerai une série de conférences portant sur « Les femmes du jazz, un continent oublié ». En avant-première, le lundi 5 août, pour introduire l’art particulier de Céline Bonacina, saxophoniste baryton, je brosserai – à grands traits – une « petite histoire du baryton ».

Le mardi 6, ce sera la projection du film de Martin Scorcese, « New York New York » qui invite à réfléchir sur plusieurs thèmes dont celui de la place des femmes dans les arts mais aussi des rapports entre œuvre d’art/culture et marchandise, de la drogue, de l’asociabilité des musicien(ne)s de jazz et de beaucoup d’autres choses encore. C’est un film philosophique en même temps qu’historique puisqu’il se situe, dans cette histoire du jazz et des États-Unis, juste après la seconde guerre mondiale au moment où les big bands disparaissent – et Georgie Auld/Robert de Niro en crée un à ce moment là qui ne pouvait que faire faillite – et le bebop impose sa loi via la révolution parkérienne.

 

Mercredi 7 Les « canaris », ces chanteuses de grands orchestres, deviendraient-elles des aigles ? A travers l’histoire de Anita O’Day, musicienne accomplie, chanteuse de l’orchestre de Gene Krupa (batteur engagé par Benny Goodman qu’il quitte dans les années 1940 pour créer son propre orchestre), à 21 ans pour ensuite passer chez Stan Kenton. Elle influencera toutes les chanteuses qui suivront à commencer par June Christy et Chris Connor.

On parlera aussi des « Sweet Petunia »….

 

Jeudi 8, autour des cheffes d’orchestre, avec un spécial Lil Hardin Armstrong (voir son portrait dans « En passant par Chicago », synthèse style work in progress de l’année de l’UP Jazz.

Vendredi 9 Autour de quelques chanteuses oubliées; autour de Betty Roché qui fut la chanteuse de Duke Ellington à deux reprises – je l’avais entendre aux côtés du Duke pour cette version à succès de « Take the « A » train » avec Paul Gonsalves en 1952 – et enregistra quatre albums…

Samedi 10, pour le final, une petite histoire du combat féministe des cheffes d’orchestre à commencer par Billie Holiday, Mary Lou Williams, Lil Hardin Armstrong… jusqu’à nos jours….

 

A vous voir…

 

Nicolas Béniès.

 

 

Pour Max Roach

A Max Roach (10 janvier 1924 – 16 août 2007), architecte hasardeux.

La collection Quintessence, dirigée par Alain Gerber, consacre un coffret de deux CD à Max Roach, batteur inestimable, prince du bebop, oreilles grandes ouvertes à la tradition et à l’innovation, à la construction comme à l’improvisation. Max fut une des incarnations du jazz, avec tous ses oxymores. Continuer la lecture

Intégrale Louis Armstrong, volume 12

Une histoire qui est aussi la notre…

Suivre Louis Armstrong par le biais de cette intégrale – elle en est à son volume 12 et couvre les années 1946-1947 – due aux bons soins de Daniel Nevers (auteur du livret qui en fait une partie du charme), c’est remonter le cours du temps en suivant l’histoire de ce curieux pays dont les habitant(e)s n’ont pas de nom, les États-Unis. Un pays dont l’apport à la culture mondiale s’appelle Jazz. Continuer la lecture

Un art spécifique, celui de la rencontre, du couple

Musique/Jazz

Découvrir un duo.

Un piano, une voix féminine, un accord curieux et semé d’embûches. Comment concilier les instruments ? Comment faire passer les sentiments sans tuer les paroles ? Comment écrire ? A toutes ces questions, Ran Blake et Jeanne Lee avaient commencé à apporter des réponses. Jeanne nous a quitté, reste les enregistrements qu’elle a réalisé notamment ceux chez Owl Records de Jean-Jacques Pussiau.

A leur tour, le « Lilith Duo », Isabelle Calvo, vocaliste, Arnaud Becaus, pianiste, s’inspirant des précédents – sans les copier, surtout pas – veulent répondre. Leur album, « My favorite songs » est une réussite. Il ne faut pas craindre de le dire. Quelque chose de nouveau est en train d’arriver qu’il ne faut pas rater. Ils osent s’attaquer à « My favorite things » – deux versions – et Isabelle Calvo a écrit ce texte qui vous restera dans les oreilles, « La lettre de la femme infidèle »…

N.B.

« My favorite songs », Lilith Duo, Wild 002, www.wildscatprod.com

Article publié dans la revue de l’École Émancipée d’avril 2013

Dans les nouveautés en jazz

Un duo contrebasse, Diego Imbert, guitare, Michel Pérez, deux musiciens importants de la scène du jazz en France. Ils ont participé aux stages donnés à Lisieux (14) et savent construire des machines à géométrie variable. Le duo est un exercice difficile. Surtout guitare/contrebasse. « Double entente » – une référence peut-être au « double entendre » des bluesmen pour signifier une traduction de l’anglais « blanc » en anglais « noir, pour entendre derrière des problèmes de femmes, les relations toujours difficiles des Noirs avec les Blancs – proposent une musique en demi-teinte qui préfère souvent la joliesse à la violence. Dans ce monde de brutes, c’est difficile de leur en vouloir. On aimerait une musique plus brute, moins apprêtée. Continuer la lecture

Université populaire jazz, mercredi 13 mars 2013, reportée au 20 mars

Le rendez-vous de la semaine

 

Mercredi 13 mars à 18 heures (jusqu’à 19h30) au Café Mancel pour un nouveau voyage vers et dans Chicago.Le cours est annulé, la neige s’incruste et la fin de la journée pourrait être marquée par des gelées. Autant ne pas prendre de risque. Le séminaire est reporté à la semaine prochaine le 20, qu’on se le dise…

Cette semaine, aller retour entre blues et jazz à travers quelques labels indépendants, Chess – et sa sous marque Argo devenu Cadet -, Vee-Jay, premier label créé par des Noirs qui enregistrera à la fois du blues, du jazz et de la « pop music » – appelée « soul » dans la grande époque des années 60.

Ces labels sont essentiels pour appréhender l’histoire, la mémoire du jazz. Sans eux pas de Muddy Waters, pas non plus de premiers enregistrements de Wayne Shorter et Lee Morgan, le saxophoniste-compositeur et le trompettiste-compositeur faisaient partie des Jazz Messengers d’Art Blakey.

Une sorte de lecture de cette effervescence du jazz et du blues qui marque les années 50. Les liens entre les deux sont perceptibles. Et Chicago est une des Villes où s’effectuent ces créations via les « studios » d’enregistrement. Pour le blues ce sont souvent des arrières cuisines. les frères Chess, venant d ‘Europe de l’est – il faut lire les descriptions et interviews de Peter Guralnick dans « Feel like going home », traduction française Rivages Rouge – et partageant les mêmes peurs des esprits que les bluesmen. Une communauté de croyances qui montre que la distinction de couleur n’a aucun sens…

Pour suivre les développements de cette saga de Chicago, voir mon « résumé », sorte de work in progress…

A mercredi. Sauf si la neige persiste…

 

Nicolas Béniès.

A travers les nouveautés jazz…

Hommes mages et hommages…

Notre époque, formidable s’il en est, reste trop souvent inscrite dans un passé recomposé. L’âge des musiciens aidant, les hommages se multiplient. Les producteurs pensent que c’est moins risqué que de publier une œuvre originale.

L’actualité en fournit deux exemples.

 

Aldo Romano – il fête ses 70 ans – s’est décidé à faire revivre, grâce à l’aide de jeunes musiciens, Baptiste Herbin au saxophone alto qui « sonne » comme Jackie McLean et Alessandro Lanzoni au piano qui « démontre » trop quel virtuose il est au détriment de l’émotion, ses années 1968-69 où il jouait dans la pièce de Jack Gelber « The Connection ». Il s’est adjoint son vieux complice, le bassiste Michel Benita. Du théâtre-réalité – comme la télé – avant la lettre. Cinq musiciens de jazz attendent leur dealer. Ils sont en manque. Ils jouent la musique de leurs enfers. Continuer la lecture