A propos de l’annulation du cours d’économie de l’Université populaire.

Un détail en forme de grain de sable de la taille d’un gros décor…

Aujourd’hui, 28 janvier 2016 j’étais en route pour le Panta théâtre lorsque je me suis aperçu que mon téléphone avait sonné bien avant mon départ et que je n’y avais pas prêté attention. Erreur fatale comme disent les ordinateurs.
C’était le Panta qui me disait que le cours d’économie était annulé. Annulé alors que nous sommes à un moment fatidique du début d’une crise financière, c’est plus qu’une faute! Il me fallait bien me rendre à l’évidence. Il n’était pas possible de nous accueillir. Un décor encombrant devait être livré juste – évidemment ! – au moment où le cours aurait dû commencer.
J’ai dû me résoudre à vous laisser découvrir à la porte le petit mot de l’annulation.
Désolé d’autant que je m’étais préparé à ce dernier cours avant la fin mars.
Il faut bien que, dans ce monde moderne et barbare, faire de la place au risque – et non pas de l’incertitude ici – de l’annulation.
C’est assez rare pour ne pas en vouloir au Panta…

Pour tous ceux et toutes celles qui ont accès à ce site, vous pourrez lire un article que j’ai écrit récemment – en fait deux articles complémentaires – sur cette troisième crise financière.

A bientôt.

Nicolas.

Crise financière et crise économique

La troisième crise financière a commencé… dans l’indifférence générale.

Le 24 août 2015, la Bourse de Shanghai chute brutalement. Un processus de crise financière mondiale se déclenche. L’onde de choc atteint les Bourses de tous les pays développés. Comme à l’habitude depuis l’entrée dans la crise systémique en août 2007, les banques centrales sont les seules à réagir. Elles augmentent la création monétaire pour alimenter les marchés financiers en liquidités permettant la poursuite de la spéculation à la hausse. Dans un premier temps les marchés financiers se redressent et la peur disparaît. Pourtant, cette riposte ne se situe qu’au niveau de la manifestation de la crise et n’agit pas sur ses causes. La crise s’est donc poursuivie obligeant « Les Échos » à faire sa une, le jeudi 21 janvier 2016 sur « Le krach rampant », les Bourses de New York, Paris, Tokyo, Londres ayant dévissé de plus de 3%, une baisse énorme. Continuer la lecture

La crise financière et les moyens de lutte

Une politique monétaire inédite

La déflation est une réalité. Seules les banques centrales mettent en œuvre des moyens pour essayer de lutter contre elles. Sans effet. Pourtant, jamais la création monétaire n’a été aussi imposante, jamais les taux d’intérêt de refinancement n’a été aussi bas. Mais cette politique semble avoir atteint ses limites…

Les politiques économiques des pays développés, à commencer par ceux de l’Union Européenne, restent fortement ancrées dans le libéralisme économique qui leur fait obligation de l’austérité pour comprimer le déficit budgétaire. La baisse des dépenses publiques se traduit par une chute des investissements publics qu’ils soient le fait de l’État ou des collectivités territoriales. Le processus déflationniste actuel qui se traduit par la baisse des prix à la production devrait plutôt inciter les gouvernements à favoriser la croissance par un « choc » de la demande. Les gouvernements jettent un voile pudique sur la réalité en s’abritant derrière un faible taux d’inflation, de 0,1% en novembre pour la France. Continuer la lecture

Jazz, Noir c’est Noir, un message de Ran Blake pianiste, compositeur et octogénaire.

Un Chabrol mis à nu

Claude Chabrol a souvent dissimulé la profondeur de ses films derrière un détachement, une ironie pour se présenter simplement comme un « faiseur », un artisan. Pourtant, à ce bon vivant, le noir lui sied comme un gant de boxe à un boxeur.
Cover-RanBlakeChabrol-160x160Ran Blake, pianiste et spécialiste des films dits « noirs » en français et de série B, en redonne comme le substantiel suc via la musique qu’il a composé pour la plus grande partie des pièces qu’il présente dans cet album Impulse sobrement intitulé « Chabrol Noir ». Ces 17 compositions peuvent s’entendre comme une suite. Elle commence par « Cemetery », pour bien marquer l’ambiance et se termine bizarrement par un thème de Michel Legrand extrait des « Parapluies de Cherbourg », « Watch what happens », qu’est-il arrivé ? Est une bonne question de fin. On se le demande encore. Façon de justifier d’entendre cette musique une nouvelle fois pour essayer d’en épuiser la beauté et l’angoisse. Continuer la lecture

Jazz, Un retour

Michele Hendricks, un peu de Ella ?

Michele Hendricks a commencé en faisant partie des groupes de son père, Jon, un des créateurs du « vocalisme », des textes le plus souvent poétique sur les thèmes qui ont fait l’histoire du jazz. Elle a commencé une carrière soliste – elle a réalisé deux ou trois albums – et s’est arrêtée se faisant enseignante en s’installant en France. Il était loisible de la rencontrer jusqu’à l’année dernière au festival de Crest Jazz Vocal (dans la Drôme) où elle était chargée de stages. Elle montait de temps en temps sur la scène pour offrir aux publics extasiés l’essentiel de son art du scat.
Elle remonte sur scène pour renouer les fils d’une carrière un peu écartelée. Elle profite de l’édition de cet album, « A little bit of Ella (now and then) – titre éponyme de la seule de ses compostions qui en fait partie – pour commencer une tournée. Continuer la lecture

Un roman « vrai » de Roger Martin, « Il est des morts qu’il faut qu’on tue

Le phœnix de l’antisémitisme

Roger Martin, il est des morts qu'il faut qu'on tueRomain Delorme – ainsi s’appelle-t-il au début d’une histoire non chronologique – est aussi Maxime Tillier, nom qu’il prendra après des découvertes sur sa naissance est le personnage central de ce roman. Flic – on écrit flique à la fin du 19e -, agent secret, fils de gendarme il participe aux grands événements de ce siècle pourrissant qui se termine par la Première Boucherie Mondiale. Le récit commence là, en cette année 1914 qui signe la fin du 19e siècle.
Le narrateur a 43 ans lorsqu’il s’engage. Il y découvrira l’imbécillité de l’antisémitisme. Manière de raconter, pour Roger Martin, cette période qui va de la Commune à la fin de l’affaire Dreyfus et à la mort de Zola, vraisemblablement assassiné par ces antisémites avec l’aide d’une partie de l’armée et de la police. Les anathèmes, les insultes, les annonces de l’anéantissement total de la soi-disant « race juive » se retrouveront tout au long de l’histoire de cette France républicaine. Il met en scène le Préfet Andrieux, père d’un certain Louis Aragon faisant ainsi écho à la biographie de Philippe Forest parue aux éditions Gallimard. Delorme/Tillier meurt en 1940 au moment de la promulgation par Pétain du décret sur les Juifs les privant de droits et de nationalité. Le cri du mourant « ça ne finira donc jamais » est encore le nôtre… Oui, « Il est des morts qu’il faut qu’on tue » pour pouvoir, faire vivre la fraternité.
Nicolas Béniès.
« Il est des morts qu’il faut qu’on tue », Roger Martin, Cherche Midi, 2015, 540 p.

Jazz, Michel Fernandez saxophoniste

Partir, c’est mourir un peu mais c’est aussi ouvrir des « passages », Michel Fernandez s’y emploie…

Un passager clandestin ?

Michel Fernandez PassagesMichel Fernandez, prof à Lyon, est aussi saxophoniste. Il participe des présents du jazz en se situant dans la lignée de John Coltrane, comme presque tout le monde de nos jours, mais aussi de John Tchicai – un mélange Congo/Europe du Nord, le chaud et le froid – et de l’afro beat de Fela Kuti. Un héritage qu’il fait fructifier en le rendant présent, en lui redonnant du sang neuf. Il connaît ce profond adage du jazz, « Je t’aime, je te respecte mais je ne t’imite pas parce que tu m’as influencé ». Aucune copie mais une inspiration commune. Le rêve de la musique comme une réponse à la folie du monde. John Tchicai est sans doute le moins connu de ce « club des cinq » – dont Archie Shepp et Leroy Jones – réuni au début des années 60 pour un album ESP d’avant garde. Sa leçon doit être;pourtant retenue, rester soi-même tout en intégrant les bruits du monde. Michel Fernandez à participé à ces recherches.
Il vient à la fois de sortir un nouvel album, « Passages » entre l’avant et l’après, entre hier et demain, entre lui et lui peut-être – et de constituer un nouveau quartet : Linda Gallix au piano, François Gallix à la contrebasse et Jack Pirastru à la batterie. Ils font la preuve que l’énergie, le plaisir de jouer, de créer ne font pas partie du passé. Ils et elle partagent cette intensité de cette musique qui ne supporte pas la tiédeur. Des compostions qui intègrent allègrement le free jazz, les rocks et les musiques du monde. Il faut insister sur l’allégresse qui fait la preuve que ce quartet fonctionne. Ces quatre là sont des passagers clandestins d’un bateau qui n’est pas fait pour eux.
Un album réussi. Cerise sur le gâteau, cet enregistrement est réalisé pour un nouveau label, « Jazz in situ Records ». Un petit nouveau qu’il faut saluer comme il se doit et lui souhaiter une longue vie au service de ces musiques trop souvent laissées dans l’ombre.
Nicolas Béniès.
« Passages », Michel Fernandez quartet, Jazz in situ records, contactjazzinsitu@gmail.com

Le coin du polar.

En direct des États-Unis.

Violences du Sud…

James Lee Burke, on ne le dira jamais assez, est l’écrivain le plus important du Sud des États-Unis. Malgré son âge avancé – son expérience de la guerre en est restée au Viêt-Nam, depuis les États-Unis se sont engagés dans des multitudes de guerre -, il sait toujours raconter des histoires tristes et curieuses comme celles des Blues qui marquent profondément cet environnement. Comme le « Old man River », le Mississippi qui structure tous ces territoires
Pour cette nouvelle aventure Dave Robicheaux, son double qu’il n’arrive pas à faire mourir, policier de cette Louisiane remplie de fantômes et de racismes comme d’assassins en série qui ont pourtant pignon sur le Mississippi. Continuer la lecture

Jazz. Une nouvelle école ?

Liberté

trio bisUn trio qui prend comme nom « BIS » ne peut pas être fondamentalement mauvais. Ils en redemandent de la musique. Eux d’abord avant même la conquête du public. Cet album enregistré « live » – en direct si vous préférez, mais c’est le titre – fait la preuve que le « BIS » est redemandé. « BIS » ? Un trio comme on pourrait s’en douter, composé d’un batteur, Cédrick Bec, d’un saxophoniste – il faudrait employer le pluriel, alto, ténor, soprano –, Raphaël Imbert et d’un guitariste fou, Alain Soler et vous avez l’acronyme qui fait le groupe. Manière d’affirmer que 1+1+1 = 1 = 3 pour dire que le trio fonctionne, devient une entité propre tout en laissant à chaque composante la possibilité de s’exprimer. Un mot résume le credo de ce trio : liberté. Liberté de jouer avec toute la mémoire du jazz, liberté de partir en vrille vers des terres peu connues pour dérouter les deux autres et le public, pour tester si tout le monde est sur la même longueur d’onde, si personne n’est laissé sur une des rives.
Tout passe ici sans rien casser ni lasser. Du standard le plus éculé à John Coltrane et Monk – difficile à éviter ces deux références – en passant par les Beattles et deux compositions personnelles, tout prend une nouvelle consistance, une sorte de coup de jeune.
Cette musique entraînante laisse de la place au rêve et aux échos dans nos souvenirs, échos d’autres temps pour entrer dans celui d’aujourd’hui, un monde quoi aurait besoin d’un violent coup de fraternité. Le jazz reste porteur de ces valeurs, ces trois là, avec leurs décalages, leur manière bizarre de se servir de leurs instruments savent aussi les faire suivre. Disons pour terminer que ce n’est pas une musique facile. Elle veut combattre toutes les habitudes et, pour ce faire, dérange. C’est l’occasion de revoir toutes vos certitudes. Et c’est une bonne chose.
Nicolas Béniès
« Trio BIS, Live », Cédrick Bec, Raphaël Imbert, Alain Soler, Label Durance distribué par Orkhêstra International, www.label-durance.org

Jazz. Compositeure, vous avez dit compositeure ?

Une identité multiple

Myriam Alter crosswayMyriam Alter se situe à la confluence – au carrefour ? – de cultures diverses qu’elle a, sans doute, mis du temps à accepter et à digérer. Séfarade, elle a baigné dans cette musique judéo-espagnole qui possède une grande histoire et une énorme mémoire. Elle est souvent oubliée mais elle a alimenté des musiques, des cultures diverses. Ran Blake autrefois lui a fait une place. Pour autant, elle n’ignore rien du piano classique qu’elle a commencé à étudier ni du jazz découvert sur le tard.
Pour son sixième album – et son troisième pour Enja -, elle a fait appel de nouveau à John Ruocco, clarinettiste original et capable de transmettre toutes les émotions avec un son qui conserve son sang froid, Luciano Biondini accordéoniste remarquable, Michel Massot au trombone et surtout au tuba, Michel Bisceglia pianiste et arrangeur, Nick Thys à la contrebasse et Landers Gyselinck batteur. Elle veut, par ces intermédiaires, faire vivre ses compositions. Le titre de cet album, « Cross Ways », indique bien sa volonté de faire vivre toutes les identités, des identités en évolution. Rien n’est jamais figé. La musique moins que tout autre art. Elle est rencontre. Le titre pourrait signifier carrefour de manière de faire, d’être. Cross, en slang, signifie « se faire avoir » un objectif de tous les artistes pour mettre le public dans sa poche.
Elle n’y réussit pas tout à fait. Par manque d’énergie des participants. Ils ne se livrent pas suffisamment, n’arrivent pas à enfoncer les portes. La cause est, sans doute, dans le manque de répétitions. Sur scène il ne faudra pas manquer Myriam Alter.
Elle livre, à la fin, comme une cerise sur un gâteau de fête un peu ratée, « No Room To Laugh », composition et solo de piano de Myriam dédiée à Mal Waldron. Visiblement, Mal par delà sa disparition, reste un grand inspirateur. On attend la suite…
Nicolas Béniès.
« Cross Ways », Myriam Alter, Enja distribué par Harmonia Mundi.