Junas, un festival qui s’éclate

Junas, un festival de jazz devenu éducateur.

Junas, une petite localité du Gard proche de l’Hérault, une carrière d’où viennent les pierres de Nîmes, un lieu d’une beauté étrange, chargé de plusieurs histoires. Il y a bien longtemps – 30 ans juste cette année – un groupe de jeunes gens et de jeunes filles décident de créer une association, « Les copains d’abord » pour faire connaître leur village laissé à l’abandon. Ce sera un festival de jazz. Avec une originalité : inviter un pays. Ce sera l’Espagne d’abord, Tete Montoliu, pianiste catalan, y dialoguera avec la scène de pierre.
Le succès viendra couronner les efforts de l’association qui se transformera en développant des actions pédagogiques, en lien avec les établissements scolaires, pour éduquer les jeunes oreilles. De mars à juin, les actions sont multiples. Des ateliers – de création vocale, de percussion… – et stages, intitulé « Minot Jazz Gang », seront proposés du 19 au 22/07 à l’école de Junas Pour terminer par trois festivals, « Jazz au Pic St Loup », du 7 au 10/06, « Jazz à Vauvert », du 30/06 au 2/07, les deux avec Eric Truffaz notamment et le clou « Jazz à Junas » du 18 au 22/07 avec l’ami Sarde, le trompettiste Paolo Fresu, la battrice Anne Paceo, Daniel Humair, autre habitué, « Le sacre du tympan », dirigé par le bassiste Fred Pallem, le guitariste Gérard Pansanel qui, comme le batteur Patrice Héral, participe à un collectif sis à Montpellier, sans oublier la vocaliste Sandra Nkaké… Les pierres sont gorgées de sons du jazz. Elles racontent une sorte de mémoire du jazz.
Nicolas Béniès.

La difficulté d’être un festival

Printemps es-tu là ?
Il fut un temps que les moins de ­60 ans ( ?) ne peuvent pas connaître où le printemps développait paresseusement ses effluves, ses émotions, sa sève pour offrir au jazz un nouvel écrin, une nouvelle saveur. Ce temps s’accroche seulement au calendrier. Il n’empêche, le jazz lui est là. Dans l’Ouest.
Particulièrement à « Jazz Sous les Pommiers » (JSP) à Coutances dans la Manche. Pour sa 42e édition, le programme est fourni pour apprécier les musicien.ne.s dans leur diversité. Steve Coleman en sera l’une des étoiles (le concert sera vraisemblablement complet) comme le bassiste Marcus Miller sans compter Julian Lage, guitariste intrigant et remarquable. Birelli Lagrene sera aussi de cette fête avec une « carte blanche », Youn Sun Nah, vocaliste qui avait fait ses premières armes dans ce festival avec la trompettiste Airelle Besson, le violoniste toujours plein d’idées Dominique Pifarély, Robert Cray pour la soirée blues traditionnelle en concurrence avec le retour de « Sixun », Pierrick Pedron avec Gonzalo Rubalcaba, le dimanche des fanfares mais aussi des animations gratuites, de l’afro beat et le reste pour construire un vrai festival international. Visitez la région en même temps que les concerts pour passer la semaine de l’Ascension.
Nicolas Béniès
www.jazzsouslespommiers.com
Pour entendre une présentation et plus si affinités, il est possible de m’entendre sur radio-toucaen.fr en faisant défiler les programmes. Si affinités toujours trois autres émissions que je propose : les nouvelles nouveautés, jazz Kesako et les anniversaires.

V’la le printemps !

Il était attendu. Deux printemps de raté pour la plupart des festivals. Le réchauffement climatique n’explique pas tout même s’il nous fait passer sans transition de l’été brûlant à l’hiver glacé. Le jazz notamment était orphelin. Les différents variant du COVID19 avaient séparé toutes les fratries, fermé les frontières. Pour la mémoire de ce mois de mai, festivaliers comme invité.e.s feront comme si la mise en garde de l’OMS restait…mise en garde.
Prenons le festival de jazz de Coutances (50), « Jazz Sous les Pommiers » qui tente de retrouver ses habitudes avec son dimanche en fanfares et ses à côtés dont la scène aux amateurs et ses animations gratuites. Il aura lieu, comme avant 2020, autour du jeudi de l’Ascension soit du 20 au 28 mai, sans quasiment de non européens. A deux exceptions prés mais quelles exceptions : un groupe d’Américains : Dave Liebman/Randy Brecker/Marc Copland/ Drew Gress/Joey Baron (mardi 24 mai) pour un moment, assuré, de pur délice et le trio de Brad Mehldau le 27.
Cette nouvelle donne permet de découvrir l’éventail des musiques de jazz en France et un peu au-delà avec notamment la saxophoniste originale Tineke Postma et un « Focus Portugal ». Michel Portal, Théo Ceccaldi, artiste en résidence, Émile Parisien, Thomas de Pourquery, Daniel Zimmermann, un « battle » Médéric Collignon/Pierrick Pédron et j’en passe pour ne pas oublier Marion Rampal qui ouvrira les festivités le vendredi.
Dans cette même période le festival du Mans rouvrira ses portes comme quelques autres.
Nicolas Béniès
« Jazz Sous Les Pommiers, 20 au 28/05, www.jazzsouslespommiers.com

Festival, festival te tiendra-tu ?


« Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera »

Le monologue d’ouverture « Des plaideurs » convient bien aux festivals, grands et petits. Le rire, la joie s’écrasent contre les décisions gouvernementales ubuesques souvent – même si Laurent Bayle, le directeur de la Philharmonie, les défend – enfonçant les lieux culturels dans la crise et les obligeant à se tourner vers les mécènes privés pour essayer de continuer à vivre. Les hors normes, les marginaux risquent la disparition et les intermittent.e.s voient leur avenir s’embrouiller. Pour l’heure le gouvernement a prorogé les mesures prises pour les intermittents mais la contre réforme de l’assurance-chômage provoquera des dégâts sociaux sur l’ensemble des usagers de Pôle emploi. Quels types d’emploi existeront à la fin de la pandémie ?
Comment préparer un festival dans l’incertitude de plus en plus incertaine ? « Le SOS des grands festivals en détresse » titrait Les Échos du 26 mars 2021 faisant état du surcoût que représente les mesures sanitaires et des réactions du public qui, depuis un an, a pris de nouvelles habitudes et s’angoisse de la crise sanitaire interminable. Le public sera-t-il au rendez vous ? Les bars, les restaurants rouvriront-ils leurs portes ? Un festival, c’est un tout. Continuer la lecture

Les festivals de jazz s’éclairent en bleus

Comment vivre au temps de la pandémie

Continuer encore et encore, résister, en mettant en place les mesures sanitaires nécessaires, c’est le lot de toutes les rencontres qu’elles soient grandes ou petites. Pour les festivals de jazz, la difficulté vient de la musique. Elle fait osciller les corps, fait danser, taper des pieds et des mains, suscite la fraternité et la sororité devenues contradictoires avec la solidarité. Il faut quand même tenir.
Deux festivals, l’un au « fil de l’Oise », l’autre à Nevers fêtent respectivement leur 25e et 34e édition pour une programmation qui fait la part belle aux groupes francophones. Pandémie oblige, les anglo-saxons, par la grâce de Trump et de Johnson, ne peuvent guère sortir de chez eux. Continuer la lecture

De retour de festival,

les pommiers du jazz en fleurs

Une bonne semaine de jazz et tout est différent. Le monde s’habille des couleurs de l’arc-en-ciel avec des dominantes de bleus et de noirs, comme si la société oubliait ses blessures pour communier dans une même musique, une même ferveur. La réalité ne se fait pas oublier pour autant. Dommage que le jazz ne soit pas autant écouté que cette semaine là, dommage que le jazz ne soit plus la musique qui réunit les générations. Pourtant, les jeunes musicien-ne-s partagent aussi l’attrait de cette musique sans que le public perde un peu de ces cheveux blancs – ou pas de cheveux – et rabaisse son âge moyen. Continuer la lecture

A Crest pour le festival et une série de conférences sur deux villes, Kansas City et Detroit

Bonjour,

Comme chaque année – depuis trop longtemps qui fait que je ne compte plus et quand on aime… – Crest Jazz Vocal organise son festival et son concours de jazz vocal – comme c’est curieux – dans un environnement superbe, celui de la Drôme. Un festival organisé par une association autonome de la Mairie.
Comme chaque année aussi, je donne une série de conférences du mardi au samedi.
Le mardi 31 juillet, tout commence par un film, comme d’hab. « Singin’ in the Rain », Chantons sous la pluie, de Stanley Donen et Gene Kelly, avec Gene Kelly – surprise – et Debbie Reynolds alors âgée de 17 ans, sans oublier Donald O’Connor qui fait le spectacle. Ce film de 1952 est un hommage aux comédies musicales et au cinéma muet. Il vient comme une conclusion du thème des conférences de l’an dernier autour des débuts du jazz, thème de mon dernier livre, « Le souffle de la révolte » qui vient juste de sortir chez C&F éditions. Finalement.
Les jours suivants verront la reprise de la saga inaugurée en 2015 sur « Les villes du jazz ». Après Chicago, Philadelphie et Pittsburgh, ce sera la visite de Kay-Ci (Kansas City, Missouri) qui fait partie de l’histoire du jazz, celle des années 30, après la dépression dite « crise de 1929 ». K.C fut une sorte de chaudron où tous les jazz se donnaient rendez-vous, tous les jazzmen et jazzwomen. La lave allait permettre au jazz de re-naître en cédant la place à Charlie Parker, né dans cette ville en 1920.
Nous poursuivrons notre chemin vers la Motor City, la ville de l’automobile, Detroit, ville française à l’origine, ville de naissance de tous les « hard » à commencer par le « hard bop » qui marquera le milieu des années cinquante. Une ville en train de se transformer actuellement.
L’auteur de polar, Elmore Leonard en sera le chantre. Il racontera les changements, les ruptures dus à la crise fondamentale qui frappera l’industrie automobile. Il décrira les musiques qui naîtront de ces métamorphoses et d’abord de la déstructuration totale, de la pauvreté, de la désertification et un quasi retour de la nature qui touchera la ville.
Une des familles clé de Detroit, la famille Jones : l’aîné, Hank sera pianiste, le cadet Thad, trompettiste puis tromboniste après un accident, chef d’orchestre du Thad Jones Mel Lewis orchestra, styliste accompli, sa place dans les mondes du jazz a été très sous estimée et le petit dernier, Elvin, batteur génial qui se découvrira avec John Coltrane.
N’hésitez pas si vous êtes par là, la médiathèque où a lieu toutes les conférences – demain ce sera exceptionnellement à 14h30 ensuite à 15h – possède la clim. Un argument imparable.
Nicolas.

JAZZ. FESTIVALS IMMOBILES (2)

Construire des ponts.

Dans quel esprit étrange, visité par quels dieux, a pu germer l’idée de construire des ponts imaginaires – Across the Bridges – entre la France et les Etats-Unis, Chicago en particulier ? La réponse tient en un nom, Alexandre Pierrepont défenseur du « Champ jazzistique » – titre de son premier livre – flou et sans frontières, sans école, sans style, en un mot ouvert aux mémoires pour permettre la création. Son deuxième livre, « La Nuée » – aux éditions Parenthèses comme le précédent – proposait déjà un programme autour de l’AACM, association de musicien-ne-s de Chicago tournée vers la créativité.
Offrir les conditions de rencontres tel est la volonté de « The Bridge ». Continuer la lecture

JAZZ. Festivals immobiles (1)

Départ vers des contrées ignorées

Si vous ne pouvez aller aux festivals de jazz, il faut s’organiser pour que les festivals viennent à vous. Installez-vous confortablement et prenez des disques parus cette année. Continuer la lecture