Les curiosités du système judiciaire américain.

Polar et revendications des Africains-Américains

Attica Locke a choisi le roman pour exprimer la réalité de la société américaine d’aujourd’hui qui a permis à Donald Trump de remporter l’élection présidentielle en 2016 alors que lui-même se donnait perdant. Les déchirements, les éclatements, le racisme via des groupes fascistes qui reprennent vie comme les « suprématistes » de la race blanche. Les « bavures » assassines des policiers dans les villes américaines ont donné naissance à des nouveaux mouvements profonds de révolte nourris des « tweets » de Trump qui blessent toutes les sensibilités et légitiment toutes les violences des extrêmes droites. Continuer la lecture

Deux chanteuses qui arrivent et prennent leur place

De nos jours – comme pour, sans doute les jours passés – les chanteuses, dans le jazz comme ailleurs, suivent le même parcours et leurs voix ont tendance à se ressembler. Faire preuve d’originalité est difficile dans ce monde qui n’aime pas être dérangé dans son existence. Rompre les amarres risque fort de se traduire par un naufrage commercial. Or, il faut vendre pour continuer à produire. La résistance est grande à l’inhabitude.
Deux chanteuse sortent du lot, en ce moment, pour fêter le début de cette nouvelle année, Yaël Angel et Sarah Lancman. Continuer la lecture

Le coin du polar


Vrai-faux polar.

« La légende de Bruno et d’Adèle », titre mystérieux, se situe à Tel-Aviv. Le commissaire Yona Merlin – une référence au roi Arthur ? – enquête sur une série de meurtres signés par des graffitis qui sont, apprend-on via une jeune fille de 17 ans, Zoé, extraits de l’œuvre de Bruno Schulz, un des grands auteurs sous estimés, assassiné en 1942. Les victimes expiatoires d’une même famille payent les turpitudes d’un ancêtre. Les meurtriers sont à la fois décalés et attachants dans la grande ville administrative d’Israël. Amir Gutfreund (1963-2015), auteur de « Les gens indispensables ne meurt jamais » (Folio), décrit la ville ignorée, celle des quartiers défavorisés comme on dit, qui recèlent des trésors d’intelligence pour interroger les politiques gouvernementales. Continuer la lecture

Rencontre de cultures

Aux origines de la contre-culture aux Etats-Unis dans les sixties.

2017 a fêté un cinquantenaire un peu passé inaperçu sauf sur les lieux du crime. San Francisco, sur la Côte Ouest des Etats-Unis, a vu déferler tout ce que la Californie et au-delà comptaient de Hippies et autres survivants des années dites psychédéliques. 1967 est la date retenue pour la naissance de cette contre culture qui semble née de rien, sinon d’une réaction à la guerre du Viêt-Nam. Fred Turner, directeur du département des sciences de la communication à l’Université de Stanford et ancien journaliste a voulu comprendre les racines un peu cachées de cette émergence d’une culture de la jeunesse de ces sixties. Continuer la lecture

« Sons d’hiver »

Un festival de jazz

« Sons d’hiver » fête sa 27e année et veut réchauffer notre corps et notre esprit non pas au coin de l’âtre mais en nous faisant bouger aux sons du jazz. Il nous fera aussi visiter plusieurs villes autour de Paris, Arcueil, Vincennes, Villejuif… et même Paris 14e. Un itinéraire jalonné de découvertes et de musiciens confirmés à commencer par le bassiste William Parker. On notera le retour de David Murray, Jacques Schwarz-Bart saxophonistes-ténor, le trio Portal/Humair/Chevillon, le pianiste superbe Stephan Oliva, la Compagnie Lubat, Ursus Minor et, pour finir, le blues de Big Daddy Wilson, Eric Bibb et Bad Fat. De quoi alimenter la vitesse de notre sang par de nouvelles particules invisibles mais tellement nécessaires.
NB
Du 26/01 au 17/02, rens 01 46 87 31 31 www.sonsdhiver.org

Sur Charlie Chaplin

Études de gestes, d’attitudes et de mise en scène.

Guillaume Debrulle, dans « Clefs-bac », propose une analyse de la vie, de l’œuvre et des techniques de Chaplin. « Les lumières de la ville », titre qui fait référence à plusieurs films de Chaplin, s’adresse d’abord aux élèves de terminale en option Cinéma-audiovisuel tout en dépassant cette première cible. Tout amateur du 7e art trouvera dans ce livre de quoi satisfaire sa curiosité sur l’art spécifique de ce créateur. Un ouvrage à mettre entre toutes les mains.
NB
« Charlie Chaplin, Les lumières de la ville », Guillaume Debrulle, Atlande

Les monnaies virtuelles font la une

Bitcoin, une monnaie ?

Il est beaucoup question, ces derniers temps du bitcoin. Mais ce n’est pas la seule « cryptomonnaie », une production monétaire par les techniques de cryptographie qui suppose des ordinateurs très puissants pour créer ce type de monnaie. Un marché opaque et fortement spéculatif géré par des inconnus et dont les transactions sont anonymes. Continuer la lecture

Université populaire Économie du 23 janvier

Revenu de base ? Revenu universel ?

Les points d’interrogation viennent signifier l’incertitude de la dénomination. D »autres termes ont existé comme revenu de citoyenneté.
Sur le fond plusieurs théories s’opposent.

Revenu de base, un RSA généralisé ?
Le revenu de base est une politique qui se trouve justifiée par les théories de Milton Friedman et des « Chicago Boys ». L’idée est simple. La protection sociale – le « Welfare » aux Etats-Unis, des budgets votés tous les ans – se traduit par une intervention de l’État qui perturbe le bon fonctionnement des marchés. Il faut donc laisser faire la concurrence. Il propose d’instituer un revenu de base – au niveau du RSA par exemple pour la France – versé à toute la population en âge de travailler, sans critère. Ensuite, via – une hypothèse non démontrée – l’égalité des chances, chaque individu peut décider des moyens qu’il veut mettre en œuvre pour gagner plus ou s’en contenter. Chaque individu est libre en fonction de ses compétences.
La conséquence de ce revenu de base est de supprimer purement et simplement toute la protection sociale, y compris les allocations chômage – j’allais écrire surtout les allocations chômage, ceux et celles qui veulent travailler trouvent un emploi.
Les défenseurs de ce revenu de base aujourd’hui s’appuient – comme souvent – sur une réalité. Les démarches pour « toucher » le RSA sont humiliantes. Il faut se déclarer « pauvre » et pas seulement. Il faut apporter la preuve de sa pauvreté. C’est une des raisons qui expliquent que beaucoup d’allocataires potentiels refusent de remplir un questionnaire pour y avoir droit. Ensuite les « effets de seuil » jouent à plein. Votre revenu est légèrement supérieur à la barre fixée et vous êtes redevables du soi disant trop perçu.

Comment le financer ?
Ils ajoutent, ces partisans du revenu de base, la paperasserie et la bureaucratie inhérente aux critères qui permettent d’accéder au RSA – après le RMI, une idée de Rocard. Aujourd’hui ce versement, comme la plupart des dépenses sociales, sont des compétences départementales.
Ils prétendent – voir le débat Denis Clerc et Marc de Bastiat dans la revue « L’Économie politique » n°71 de’ juillet 2016 – que le versement automatique de ce revenu de base permettrait de telles réductions de dépense, moins de paperasse et moins d’emplois, que son élargissement serait autofinancé.
Derrière cette proposition, c’est toute la théorie néo-classique qui s’exprime, la confiance dans les mécanismes du marché et dans une perspective différente de la place de l’État.
Question subsidiaire et fondamentale : le revenu de base peut-il faire reculer la pauvreté ? Réduire les inégalités ? Si la disparition de la protection sociale est le prix à payer pour cet élargissement, il est intuitivement évident que les moins riches y perdront. S’il faut payer l’hôpital, les soins de manière générale sans sécurité sociale qui pourra se soigner ? Le droit à la santé sera fortement remis en cause.

Revenu universel comme résultat de la révolution numérique ?
Le revenu universel, tel que l’a proposé dans le premier temps – au moment des Primaires – de sa campagne, Benoît Hamon tenait d’une autre vision. La révolution numérique sera telle qu’il faut se dégager de la relation emploi/travail – les deux notions ne sont pas équivalentes – et revenu. Comme, dans cet avenir, l’emploi n’est pas assuré, le revenu doit s’autonomiser. Chacun-e doit pouvoir vivre. Le travail, du coup, supporterait une autre définition. Cette idée d’une part est loin d’être partagée, d’autre part pour pouvoir répartir de s richesses, il faut d’abord en créer.

Du coup, le revenu universel renvoie à la théorie. Dans le capitalisme, la valeur créée résulte de la dépense de travail humain via le travailleur-salarié. C’est la grande révolution du capitalisme par rapport aux modes de production qui l’ont précédés – esclavage, servage -, le travailleur libre de vendre sa force de travail. Si la dépense de travail humain disparaît, la valeur disparaît avec elle. C’est la grande leçon de Marx. La déconnexion du revenu et de l’emploi – beaucoup de théoriciens comme André Gorz parlent du « travail » – pose des problèmes d’abord théoriques.
Dans la pratique, mis à part le montant des richesses à distribuer – la société d’opulence est combattue par les inégalités profondes résultat des politiques libérales – se pose la question des possibilités de réalisation. Quelles forces sociales porteraient ce projet ? La revendication du revenu universel peut-elle favoriser les mobilisations sociales ?
Ne faudrait-il pas mieux axer sur la réduction du temps de travail d’abord pour vaincre le chômage de masse actuel qui pèse sur les capacités de mobilisation ? Pour combattre aussi l’intensification du travail ?
Comment intégrer toutes ces revendications dans un programme global qui inclut les réponses à la crise écologique et les mutations climatiques ?
Dans la crise systémique actuelle et le recul des utopies de transformation
sociale comment résister et construire un mode de production en rupture avec le capitalisme ?

On comprend que le thème de la semaine prochaine soit « La révolution numérique »…

Nicolas.

A lire pour poursuivre le débat
La revue « L’Économie politique » n° 67, juillet 2015, « Faut-il défendre le revenu de base ? »; n°71 : « Peut-on faire l’économie du bonheur ? » et le n° 73 : « La social-démocratie a-t-elle un avenir ? »
Erik Olin Wright, « Utopies réelles » qui défend le revenu universel (mais pas le revenu de base) comme « moyen d’éroder le capitalisme », en refusant le « grand soir » ou même l’idée de construire un autre système que le caîtalisme même s’il parle de « postcapitalisme », une expression – il ne le dit pas – qui a eu son heure de gloire aux débuts des années 1960, moment où il est question d’une nouvelle classe ouvrière soi-disant enfermée dans le capitalisme via la société de consommation.
Cette thèse fait partie des débats stratégiques nécessaires même si – surtout – elle est contestable.

Une histoire de l’art

Bonne année 2018 : encore des cadeaux à (se) faire

L’art a-t-il une histoire ? On sait que le progrès en art est une invention calamiteuse de certains théoriciens en mal d’idéologie, mais la succession des Écoles a-t-elle encore un sens ? Et l’art lui-même quel « sens » prend-il dans notre époque de remise en cause profonde de toutes les idéologies ? Florence de Mèredieu, qui ne craint pas de porter un prénom plutôt féminin et un nom qui fleure son origine chrétienne, répond à toutes ces questions par la négative. Dans cette somme dont la première édition remonte à 1994, « Histoire matérielle et immatérielle de l’art moderne et contemporain » – une édition revue, corrigée, augmentée pour cette parution de 2017-, il passe en revue 150 ans de créations artistiques. Moderne ? L’époque commence en 1874 par les Impressionnistes, premières réflexions sur la matière – nom générique, le matériau n’étant qu’une de ses manifestations -, la lumière, la photographie et se continue par le « contemporain » soit, pour lui, tout ce qui se fait aujourd’hui sans échelle de valeurs a priori, sans idéologie dit-il. Tout au long de ses descriptions, de ses analyses, on se demandera si cette absence est possible. Continuer la lecture

Université populaire jazz du 10 janvier 2018

Bonjour,

Bonne année dans un monde moderne et a tendance barbare. Que cette vous soit profitable, entourée de découvertes et de surprises.

Pour la commencer, nous restons dans les alentours de San Francisco et de Los Angeles pour terminer les bagages et explorer d’autres contrées.

Nous allons revenir sur les musiciens et musiciennes qui ont fait partie de ce monde. En parlant guitares. Ici nous parlerons d’École West Coast, création des critiques plus que des musiciens. Encore que, pour limiter cette création, les musicien-ne-s y seront un peu sensibles. les oppositions ouest/Est, comme la ligne Mason-Dixon à des interférences sur la manière dont les habitant-e-s des deux Côtes se définissent contre les habitants de l’autre côte. On le voit dans les réactions à Trump.

Un autre modèle, pour Blue Note

La pochette emblématique de Blue Note

Cette opposition, elle se manifeste aussi dans les choix esthétiques des pochettes. Celle de la Côte Est, de New York, sont bien représentés par l’esthétique Blue Note. La photo du musicien, le nom du label, parfois les noms des musicien-ne-s du groupe, le tout composé par un spécialiste et des notes de pochette plutôt informatives dues à la plume de critiques comme Leonard Feather.
Les pochettes de la West Coast sont un peu plus humoristiques sinon plus osées. Un avant goût des sixties psychédéliques sans doute. Contemporary essaiera de varier ses pochettes, d’y mettre de la couleur tout en proposant des notes aussi savantes que celles de Blue Note, parfois avec les mêmes signatures. Le soleil joue aussi son rôle pour égayer un jazz souvent considéré comme sérieux. La proximité de Hollywood accroît la nécessité de faire aimer la musique par un choix quelque fois marqué par les affiches du cinéma. Difficile de résister.

Les guitaristes classés dans la West Coast ne sont, bien entendu, pas tous nés de ce côté. La plupart d’entre eux ont subi deux influences principales, Charlie Christian, un météore considéré comme l’inventeur de la guitare électrique même si d’autres avant lui avaient déjà utilisés cet instrument notamment Eddie Durham, tromboniste et arrangeur dans les orchestres de Jimmie Lunceford et Count Basie par ailleurs ou Teddy Bunn, et… Django Reinhardt. Nous avons déjà parlé précédemment de cette filiation. Le « backlash » se trouve du côté de Joseph Reinhardt très sensible à la manière de jouer des guitaristes de cette Côte Ouest. Django à son tour sera influencé par tous ces guitaristes pour arriver, vers la fin de sa vie, à dominer totalement la guitare électrique laissant pantois et désarmés ses jeunes compagnons à commencer par Martial Solal.

Charlie Christian, Charlie’s choice

Count Basie, beaucoup plus tard, en compagnie de Joe Pass, rendra hommage à Christian, avec ce « Blues for Charlie Christian ».

Django en 1953, Deccaphonie

Barney Kessel fut le plus connu de ces guitaristes pour avoir participé au premier trio d’Oscar Peterson à son arrivée aux Etats-Unis, avec Ray Brown à la contrebasse. Norman Granz qui avait « découvert » Oscar au Canada, à Montréal pour être précis, avait engagé Barney qui avait dit y rester pendant deux ans. Il a tenu promesse malgré l’énorme succès remporté par le trio. Norman Granz fera jouer ce trio – Herb Ellis, un Texan, succédant à Barney – dans tous ces concerts intitulés Jazz At The Philharmonic, JATP pour les intimes. Ces concerts débutent dés juillet 1944 du côté de Los Angeles.

Barney Kessel et Herb Ellis ont enregistré ensemble pour Concord, un label défunt. Les voici sur « Early Autumn »

Herb Ellis, comme la plupart des Texans – nous avons remarqué de même phénomène à propos de T. Bone Walker et de beaucoup de musicien-ne-s de blues – il sera assimilé à la West Coast.
Les précurseurs du be-bop, mis à part Barney Kessel qui avouait avoir appris en jouant, ont nom Jimmy Raney, le plus important pour ses innovations reprises par la plupart des autres guitaristes et Tal Farlow, agoraphobe convaincu.

Jimmy Raney, Stella by Starlight

Sal Salvador (1925-1999), un peu oublié de nos jours, se fera remarquer chez Stan Kenton au début des années 50 et enregistrera avec son propre groupe, un trio souvent, où brille le pianiste/vibraphoniste Eddie Costa (qui avait l’admiration de André Hodeir qui l’engagera pour son album Savoy réalisé aux Etats-Unis en 1956, Michel Legrand à son tour le prendra dans son orchestre de studio pour « Legrand jazz » réalisé en 1958. Malheureusement il sera tué dans un accident de la route en 1962.) Sal est l’auteur de manuels pour guitaristes.

En 1952, il fait partie de l’orchestre de Stan Kenton. Dans « Invention for guitar and trumpet – celle de Maynard Ferguson en l’occurrence – il fait la preuve de sa capacité d’improvisateur et la création d’un son spécifique.

Tal Farlow, né en 1921 à Revolution, oui la ville existe, est un autre innovateur de la taille, de l’importance de Jimmy Raney.

Talmage , Just one of those things

Il en est qui ont été très connus en leur temps comme Johnny Smith ou Howard Roberts, d’autres encore qui ont résistés au temps qui passe comme Jim Hall qui nous a récemment quittés et d’autres encore qui ont voulu rester dans l’entre deux comme Billy Bauer, élève et compagnon de Lennie Tristano, Joe Puma, longtemps compagnon de Herbie Mann…

Howard Roberts, All The things you are

Joe Puma, How about you

Une histoire du jazz…
Nicolas Béniès.