Lorsque les espoirs disparaissent, il reste l’espérance

Pour alimenter notre réflexion sur notre passé, notre présent et, peut-être notre futur. De la fête d’indépendance en Algérie – 1962 – aux printemps arabes aux déceptions politiques et philosophiques. Continuer la lecture

Financiarisation, quand tu nous tiens

Le choix de la déréglementation financière, effectué dans les années 1980, montre aujourd’hui toute sa nocivité. Il a permis aux marchés financiers d’étendre leur domination, au détriment du bien-être des populations.

Pendant que les cours boursiers des pays développés oscillent au gré des évolutions de la guerre de Poutine en Ukraine, les prix du pétrole et plus généralement ceux de l’énergie comme des matières premières sont orientés à la hausse. Il est question du retour de l’inflation. En France, les prix à la consommation ont augmenté de 4,5% entre mars 2021 et mars 2022, soit la hausse la plus forte depuis 1985. La baisse des cours, fin avril 2022, n’y change rien. seule, une fois encore, l’action change, un peu le prix à la pompe pour le carburant. Continuer la lecture

V’la le printemps !

Il était attendu. Deux printemps de raté pour la plupart des festivals. Le réchauffement climatique n’explique pas tout même s’il nous fait passer sans transition de l’été brûlant à l’hiver glacé. Le jazz notamment était orphelin. Les différents variant du COVID19 avaient séparé toutes les fratries, fermé les frontières. Pour la mémoire de ce mois de mai, festivaliers comme invité.e.s feront comme si la mise en garde de l’OMS restait…mise en garde.
Prenons le festival de jazz de Coutances (50), « Jazz Sous les Pommiers » qui tente de retrouver ses habitudes avec son dimanche en fanfares et ses à côtés dont la scène aux amateurs et ses animations gratuites. Il aura lieu, comme avant 2020, autour du jeudi de l’Ascension soit du 20 au 28 mai, sans quasiment de non européens. A deux exceptions prés mais quelles exceptions : un groupe d’Américains : Dave Liebman/Randy Brecker/Marc Copland/ Drew Gress/Joey Baron (mardi 24 mai) pour un moment, assuré, de pur délice et le trio de Brad Mehldau le 27.
Cette nouvelle donne permet de découvrir l’éventail des musiques de jazz en France et un peu au-delà avec notamment la saxophoniste originale Tineke Postma et un « Focus Portugal ». Michel Portal, Théo Ceccaldi, artiste en résidence, Émile Parisien, Thomas de Pourquery, Daniel Zimmermann, un « battle » Médéric Collignon/Pierrick Pédron et j’en passe pour ne pas oublier Marion Rampal qui ouvrira les festivités le vendredi.
Dans cette même période le festival du Mans rouvrira ses portes comme quelques autres.
Nicolas Béniès
« Jazz Sous Les Pommiers, 20 au 28/05, www.jazzsouslespommiers.com

Startijenn (plein d’énergie)

Un folklore breton ouvert sur le monde.

Comment faire vivre la tradition ? Le groupe Startijenn revendique haut et fort ses racines bretonnes en reprenant les musiques populaires et collectives des danses de fêtes, de réunions pour faire exploser le joug quotidien et retrouver la liberté du corps, des corps qui s’entremêlent heureux. Pour que cette musique vive, il est nécessaire de la bousculer, de lui faire goûter à d’autres folklores, à d’autres cultures par glissements successifs vers d’autres rencontres, des nouvelles générations.
Une musique pour danser que ce « Talmur galon – le battement du cœur, une sorte de définition du rythme de notre commune humanité – et une manière de construire une nouvelle culture.
N.B.
« Talm ur galon », Startijenn, production Paker Prod/Coop Breiz Diffusion. Voir pour la tournée www.startijenn.bzh concert de sortie le 20 mai à Plœmeur (56)

PS Si, comme moi, vous n’êtes pas bretonnant, il faut lire les traductions, notamment su poème qui sert de titre à l’album. Résonances avec le son du monde en guerre.

Pandémie, guerre et marchés financiers

Financiarisation quand tu nous tiens !

Inflation ou marchés financiers déboussolés ?

Depuis plus de 30 ans, les marchés financiers ont étendu leur domination au détriment des États et du bien être des populations. Les décisions prises dans les années 1980 par les gouvernements de déréglementation, notamment dans le domaine financier, montrent toute leur nocivité.

Pendant que les Bourses des pays développés oscillent au gré des annonces de la guerre de Poutine en Ukraine, descente le 24 février, puis remontées en réponse aux possibles pourparlers de paix fin mars, les prix du pétrole et plus généralement de l’énergie comme les matières premières sont orientés à la hausse déterminant une montée des prix jamais vue depuis 1985, de l’ordre de 4,5% en France. Pourquoi cette envolée ? Est-ce de l’inflation ? Continuer la lecture

Voix du 20e siècle


Mickey Baker, l’inconnu célèbre

Mickey Baker ? Le nom ne vous dit peut-être rien ? Et le film « Dirty Dancing » (danse lascive) sorti en 1987 – et un remake en 2004 non plus, pour le thème « Love is strange » chanté par Mickey and Sylvia – Vanderpool pour son nom complet – au milieu des années 50 et qui servait au lancement de la mode disco ? L’auteur d’une méthode de guitare jazz d’une simplicité pour la technique et laisse la porte ouverte au feeling et à l’écoute pour appréhender cette musique ? L’arrangeur de tous les enregistrements réalisés dans les années 60 par tous les « yéyé » ? Pour cette dernière question, vous avez des excuses, son nom ne figure sur aucune pochette et pourtant son travail est immense. C’est lui, comme tous ses collègues, qui arrive à faire sonner la musique, à habiller une mélodie pour qu’elle prenne de la consistance et vienne à nos oreille en parlant à notre cerveau. Une voix de l’au-delà qui se raconte en composant un blues qui tisse les composantes de son existence mais aussi des États-Unis, de la France et de l’industrie phonographique.
« Alone » – seul – est le titre qu’il a choisi. Une vie se déroule et s’enroule à l’Histoire, aux formes de résistance des Africains-Américains – lui est métis – face au racisme, composante de cette société. Il décrit aussi la drogue, l’alcool pour s’accommoder de cette existence. Continuer la lecture

Polar historique et sanglot d’amour

1951, la guerre n’est pas finie

François Médéline est un amoureux des paysages de la Drôme. Il a raison. Il les décrit avec une plume habile qui leur rend tous leurs mystères et leurs profondeurs. « Les larmes du Reich », titre de roman, sonnent comme un, avertissement. Les apparences, des premières pages, sont trompeuses. L’inspecteur Michel est-il vraiment celui qu’il dit être ? Pourquoi recherche-t-il activement une petite fille et sa mère ? D’où lui vient l’argent qu’il dépense à flot continu ? Pourquoi supprime-t-il les témoins potentiels ?
Des questions multiples qui trouvent leur origine dans la déportation des Juifs, de ces Juifs, Juives français.e.s qui se sont découverts juifs au moment des rafles, notamment celle dite du Vel’ d’Hiv. Ielles n’avaient pas cru aux avertissements. Comme en Allemagne. Ce polar est aussi une grande histoire d’amour, contre tout ce monde nazifié de la guerre et des camps de concentration, une histoire qui ne peut que mal se terminer.
Un roman qui plonge dans le contexte du début des années 1950 dans lequel les traces de la guerre restent encore présentes. L’auteur se sert aussi des chansons de l’époque pour les titres de ses chapitres. Une réussite.
Nicolas Béniès
« Les larmes du Reich », François Médéline, 10/18

Polar biomédical

Trésor des Appalaches.

Une contrée étrange, un monde replié sur lui-même, un environnement abrupte dans lequel la solidarité est vitale. Au sein du parc national des Great Smoky Mountains – des montagnes brumeuses – un laboratoire de recherches réside chargé d’étudier insectes et plantes. Une jeune chercheuse aime grimper aux arbres qui défient le ciel et se trouve un bon jour, au sein des White Oak (Tennessee), « suspendue » – titre du roman -, blessée et dans l’incapacité de redescendre. Quel est son agresseur et pour quelle raison lui a-t-il tiré dessus ? Les détectives, une infirmière et un ranger chargé de surveiller les animaux, les ours, les sangliers et la propriétaire du restaurant aidé d’un marginal. En arrière fond les truands du coin contents d’aider le vieux docteur à la retraite. Un microcosme étrange et vivant.
L’intrigue autour des myxomycètes qui se trouvent en relativement grand nombre dans cette région à condition de les découvrir, et de leurs propriétés curatives. A la clé des sommes fabuleuses et une grande notoriété.
Carolyn Jourdan, l’autrice, diplômée en génie biomédical et en droit explique à la fois les vertus de ces myxomycètes et les questions juridiques autour de cette découverte mais aussi les structures privées – qui veulent faire du profit – et associatives qui veulent diffuser ces remèdes pour le plus grand nombre.
Une expédition dans ces contrées ignorées et touristiques, une description de la vie d’un laboratoire en pleine nature, la vie d’un ranger en butte aux restrictions budgétaires de son administration et d’une infirmière fuyant les grandes villes pour retrouver ses racines, thèmes qui se bousculent quelque fois mais l’intérêt est toujours sollicité.
Nicolas Béniès
« Suspendue », Carolyn Jourdan, traduit par Valérie Révolu, Éditions Diagonale, Belgique

Appel aux esprits tambours

Mystères du monde

Peut-on faire cohabiter mondes réels et mondes rêvés ? Le fantastique envahi la réalité de tous les jours. Approcher la musique via les chants de divination d’où qu’ils viennent, du vaudou haïtien à la Sibérie en passant par Bali et beaucoup d’autres cultures peut être un chemin de connaissances et une possibilité de guérir un monde hanté autant par les pandémies que par la guerre et qui semble, pour le moins, en sursis.
Anne Pacéo, battrice, compositrice et chanteuse répond par la positive dans « S.H.A.M.A.N.E.S » qui commence par une invite : « Wide Awake », complètement conscient, préambule nécessaire pour entrer dans des mondes parallèles. Elle sait nous entraîner en un ailleurs rempli de possibles. En compagnie de Isabel Sorling et Marion Rampal vocales, Christophe Panzani, saxophone, clarinette, Tony Paeleman aux claviers, Benjamin Flament, métallophone se dessine d’autres univers. La réalisation de cet album a bénéficié du soutien du festival Jazz sous les Pommiers lorsque Anne y était en résidence.
Le seul reproche, un trop plein qui nuit à la lisibilité de l’ensemble. Trop de Shamanes nuit au shamanisme. Le bouillonnement, malgré tout, est une composante nécessaire. Une nouvelle voie s’ouvre ici, les tambours parlent de nouveau. Il faut les entendre.
Nicolas Béniès
« S.H.A.M.A.N.E.S », Anne Pacéo, Jusqu’à la nuit/L’Autre Distribution

Jazz et ailleurs, Marjolaine Reymond se ballade entre les frontières

Se poser dans le temps

L’album « Splendour of Blood » de la vocaliste Marjolaine Reymond ouvre plusieurs pistes et posent des questions sur notre place dans le monde, notre aller-retour perpétuel entre passé et futur pour construire notre identité. Les mémoires du passé sont présentes, ici le judaïsme dans toutes ses incomplétudes musicales et les musiques dites contemporaines du groupe des Six – à commencer par Germaine Taillefer que l’ordre alphabétique rejette à la fin, mais aussi Darius Milhaud dont les accointances avec le jazz sont connues – à Luciano Berio, lui aussi influencé par le jazz, le free cette fois toutes ces traces sont utilisées pour construire une voie inédite, une sorte de synthèse pour construire la bande son du présent, un présent tourmenté, bousculé. Christophe Monniot, saxophoniste – sopranino pour cet opus – est responsable des arrangements pour composer un écrin à la voix. Un septet, un sextet, deux quintettes et un quatuor à vent pour les interludes partagent l’environnement de la chanteuse.
L’amour fou, forcément fou – hors l’amour passion, pas d’amour – peut-il offrir une utopie pour ce monde engoncé dans la marchandise ? C’est le thème partagé des poésies reprises en un ensemble qui projette d’autres significations comme les références bibliques, « Sang Passion » pour le bouillonnement, « Sang Genèse » pour introduire les débats enflammés, « Sang Sacrifice » pour les renoncements liés à la passion et « Sang Éternité », pour un amour qui ne saurait finir.
Un chant étrange qui semble à la fois surgir du passé et s’engage dans l’avenir. Comme si toutes les mémoires, du passé et du futur, faisaient corps pour secouer une torpeur de mauvais aloi. Il faut écouter Marjolaine Reymond, une voix capable de marier toutes les voix.
Nicolas Béniès
« Splendour of Blood », Marjolaine Reymond, Label Kapitaine Phœnix/L’Autre Distribution