Crise financière, Acte II

La crise systémique du capitalisme déploie ses ailes.

La Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande (Eire), l’Italie… sont en crise. La spéculation bat son plein sur la dette des États. Elle signe l’acte 2 de la crise financière, commencée en août 2007 et longtemps niée par les gouvernements. Ses causes se trouvent dans les modalités de solution mise en œuvre par les États pour « sauver » le système financier.

L’entrée dans la crise systémique en août 2007.
Rappelons que la crise d’août 20071 s’était traduite par la baisse brutale des cours des titres sur toutes les places financières, avec comme facteur déclencheur, les « subprimes », les dettes des ménages américains titrisées et « structurées » dans des produits financiers spécifiques dont l’innovation revenait aux banques. Ces produits structurés dits SIV – pour Structured Investment Vehicle – avait comme objectif de diffuser le risque pour le rendre impossible. Ces modèles mathématiques ont fonctionné dans un premier temps. Mais la diffusion du risque a des effets non prévus. Elle organise une sorte de solidarité entre tous les acteurs financiers qui subissent les contre coups de cet effondrement.
Les banques avaient, dans le contexte de la déréglementation financière des années 1980, changé de métier. Elles n’étaient plus l’intermédiaire financier obligé, toutes les opérations financières ne passaient plus par elles mais par les marchés financiers. Du coup, elles sont devenues les conseillers des grandes entreprises pour introduire leurs titres sur les marchés financiers, cautionnant l’émission de ces titres.
Lorsque les ménages américains ont été dans l’incapacité de payer les intérêts de leur dette, toute cette construction financière s’est écroulée et les banques se sont retrouvées en première ligne. L’obligation légale leur était faite de mettre dans leur bilan – alors que toutes les opérations de conseil sont « hors bilan » – les titres en question au prix du marché soit dévalorisés. Certains de ces titres ont été considérés comme « illiquide », autrement dit d’une valeur égale ou proche de zéro. Incapable d’absorber tous ces titres, elles ont affiché des pertes gigantesques.
Devant cette situation, le « chacun pour soi » sonnait. Chaque banque, pensant que sa voisine pouvait faire faillite et ne sachant pas à quel niveau chaque banque était engagée sur le marché des « subprimes », refusait de lui prêter. Or, le système bancaire fonctionne au jour le jour suivant un système de compensation : la banque qui a des liquidités prête à celle qui en a besoin pour faire face à ses échéances. Le « gel » de la compensation devait entraîner les faillites des banques, faute de pouvoir honorer leurs dettes au jour le jour. Les Banques Centrales – la Fed comme la BCE – sont venues, dans un premier temps, au secours des banquiers en prenant la place du système de compensation défaillant. Elles ont dégagé des « lignes de crédit » pour éviter la vague de faillites qui s’annonçait. Continuer la lecture