A Pierre Salama, mon ami

Pierre Salama nous a quitté en ce début du mois d’août, deux jours avant son 82éme anniversaire et laisse un grand vide. Ce n’est pas qu’il n’avait pas prévenu. Mais lorsque l’espoir disparaît, il reste l’espérance qui reposait sur une croyance : je le croyais éternel, en l’espèce plus éternel que moi.
Je lui dédie cet article qui porte sur le jazz (et non pas la musique brésilienne) qui veut insister sur la différence entre souvenir et mémoire tout en cherchant à comprendre pourquoi le souvenir peut s’inscrire dans la mémoire collective.
De Pierre, j’ai un tas de souvenirs qui naviguent dans mon cerveau mais pour faire le point sur ses apports il faudra un travail de mémoire…
Nicolas

Au-delà des commémorations du 80e anniversaire du débarquement, le souvenir et la mémoire.
L’exemple du jazz.

Les commémorations donnent lieu à un processus bien connu : se servir du passé pour le décomposer et le recomposer au service du présent pour justifier des politiques. Il faut éviter ces travers pour appréhender, dans l’histoire, la place du souvenir et de la mémoire. Le jazz, musique de la danse, de la libération est aussi musique de la Libération. Dans quasiment tous les pays d’Europe, le jazz est la musique de référence. Continuer la lecture

Intégrale Louis Armstrong, volume 12

Une histoire qui est aussi la notre…

Suivre Louis Armstrong par le biais de cette intégrale – elle en est à son volume 12 et couvre les années 1946-1947 – due aux bons soins de Daniel Nevers (auteur du livret qui en fait une partie du charme), c’est remonter le cours du temps en suivant l’histoire de ce curieux pays dont les habitant(e)s n’ont pas de nom, les États-Unis. Un pays dont l’apport à la culture mondiale s’appelle Jazz. Continuer la lecture

Travail de mémoire

Pour une mémoire vivante...

Le travail de mémoire est difficile.i Il suppose la recherche historique, l’écoute des témoins, une éthique qui vise à rappeler le contexte pour faire partager l’expérience, à éviter les prises de position par trop catégorique, tout en situant son propos sur le terrain de la lutte des classes. Comprendre l’histoire du mouvement ouvrier est vital pour appréhender notre présent et construire des possibles pour le futur. Sans passé, nous sommes sans futur. C’est une des façons de répondre aux tentations millénaristes qui pense la fin du monde au lieu de penser la fin d’un monde… Ces sectes qui prolifèrent dont le carburant se trouve dans les peurs et les angoisses provoquées par la crise culturelle profonde qui marque cette fin de millénaire. Nous sommes entrés dans le 21e siècle depuis novembre 1989, date qui voit le monde basculer dans d’autres règles, une autre structuration. Le monde ancien est en train de mourir, un autre monde se profile avec comme seul horizon celui des lois de fonctionnement du mode de production capitaliste. Toute alternative a disparu. Les États-Unis restent la seule superpuissance qui s’essaie à imposer son ordre, en l’occurrence celui des marchés pour le plus grand bénéfice des firmes transnationales. La guerre du Golfe en 1991 avait indiqué les voies et les moyens de ce nouvel ordre, comme les bombardements sur la Serbie. Les dirigeants russes ont compris la leçon en pratiquant la même sorte de guerre contre la Tchétchénie, s’abritant derrière la lutte contre le terrorisme islamique, comme le gouvernement américain s’était lui réfugié derrière le « droit d’ingérence » pour justifier les bombardements, en défense des droits de l’homme.
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