Débarquement, 75e ! Un travail de mémoire

Intro musicale
Dans « Le souffle de la liberté » (C&F éditions),

j’ai voulu rendre compte de la place du jazz dans le débarquement des G.I., jeunes gens venus mourir sur les plages de Normandie. Le mer, rouge de leur sang et de sa honte devant l’hécatombe.
La Libération fut aussi celle du corps. Les occupants, en bons nazis, avaient interdits la danse sous les lampions, collective, les bals sans toutefois interdire les concerts de jazz. Charles Delaunay en organisa et ils furent très vite complets.
La danse a été associée aux grands orchestres è aux Big Bands – dont celui de Glenn Miller – le chef d’orchestre tromboniste mourut au-dessus de la Manche en décembre 1944 – et le fameux « In The Mood » qui marqua de son sceau le débarquement lui-même.
Pour le 50e, j’avais rencontré Henri Renaud, pianiste et, en 1994, producteur pour Columbia. Il m’avait fait rencontrer Sim Copans.
Simon avait débarqué après le 6 juin, à pied comme il le dit, pour rejoindre son camion sonorisé et annoncer les avancées de la libération de la Normandie. Comme il le dira, parfois rien à annoncer alors il passait des disques de jazz. Les G.I n’avaient rien à faire et ils buvaient. les rapports avec la population locale furent souvent difficiles, pour utiliser un euphémisme. Dans « L’interprète », Nelly Kaplan raconte à la fois Louis Guilloux et son rôle d’interprète devant la Cour Martiale militaire américaine qui jugeait les viols commis par les soldats avec une très forte inégalité entre Noirs – souvent condamnés à mort – et les Blancs.
Sim, dans le cadre de la « Chasse aux sorcières » aux Etats-Unis, le maccarthysme, fut accusé d’être un communiste, comme beaucoup d’autres. Une des raisons, l’autre est sa compagne, qui le poussèrent à rester en France et devenir le créateur des émissions de jazz sur la RTF.
Pour ce 75e, sans que ce cadeau ne coûte des millions, je vous propose de retrouver Sim pour quasi une heure d’entretien.

Ci-après, Sim raconte son débarquement. Il faut, comme d’habitude, prendre son témoignage pour ce qu’il est. Le souvenir est passé par là traçant sa voie, mettant en exergue des faits qui n’avaient pas la même importance à l’époque. Sans parler du ressenti. Le témoignage fait partie des sources de la mémoire. Il faut rajouter l’Histoire, le contexte. En tant que tel, il nous fait réfléchir.
Jon Hendricks, chanteur et poète mort l’an dernier, m’avait aussi raconté son débarquement, le 12 juin semble-t-il, sa panique, sa fuite vers les champs. Il m’avait aussi dit sa formation en tant que militaire dans le sud où les Noirs n’avaient pas le droit de marcher sur le même trottoir que les Blancs ni les regarder dans les yeux. Les brimades étaient continuelles.
Plus encore, l’Histoire indique que les troupes noires n’avaient pas d’armes…
Sim :

Il raconte ensuite comment il est devenu homme de radio dans une succession de circonstances, le hasard de la nécessité ?

Il raconte encore, la radio sans doute lui manquait :

Son accent chantant fait merveille. Un film de son fils, Richard que j’avais vu à Souillac – festival « Sim Copans » – le montre avant la guerre à Paris rencontrant son épouse, française et proche du PCF, comme un grand américain naïf. Je ne sais pas si ce film, à la gloire de sa mère, est visible.

Il poursuit, en arrière fond ma question. A l’époque l’enregistrement se faisait sur K7, le son n’est pas toujours bon. Il peut arriver aussi qu’il y ait quelques blancs pour le changement de K7. Sur ce site, vous pouvez lire l’interview de Henri Renaud.

Encore

La fin

Conclusion musicale :

Nicolas Béniès

Compléments au « Souffle de la liberté »

Sur le site de l’éditeur c&féditions.com vous trouverez des vidéos pour illustrer les thèmes du livre, « Le souffle de la liberté, 19944 : le jazz débarque » que je viens de publier.

En DVD, il est possible de trouver quelques films sur lé période. pas immortels en l’occurrence.

« Pot O’Gold », « L’or du ciel » en français, avec James Stewart et Paulette Godard sorti aux Etats-Unis en 1941, tout à la gloire des grands orchestres et à cette musique de jazz, populaire en ces temps là. Pas d’intrigue, juste de la musique. C’est gentillet.

« Orchestra Wives » – traduit en français par « Ce que femme veut » – a comme vedette Anne Rutherford en jeune fille naïve qui apprend à se battre, George Montgomery en trompettiste et l’orchestre de Glenn Miller. A part le trompettiste, tous les autres membres de l’orchestre sont là. Quelques intrigues des femmes des musiciens – d’où le titre – sans conséquences, indiquant surtout l’épuisement des musiciens dans des tournées sans fin, en ces années 1939-40. l’orchestre de Miller est devenu célèbre (à partir de 1938) et les seules rentrées d’argent ce sont les tournées. les disques ne rapportent qu’aux majors compagnies.
Le clou, c’est la présence – à la fin – des Nicholas Brothers superbes danseurs, « sandmen » pour un numéro qu’ils reprendront dans le film « Stormy Weather » sorti aux États-Unis en 1943 et suer les écrans français en 1946.
Un petit film là encore sans véritablement de muse en scène pour voir l’orchestre de Glenn Miller en action, son groupe vocal, son chanteur saxophoniste ténor « Tex » Beneke (qui fait vraiment petit gars du Texas). Seuls le trompettiste donc et le pianiste sont des comédiens.