Deux «dictionnaires » (publié dans la revue de l’Ecole Emancipée)

Une ou deux histoires de la culture…

Deux «dictionnaires » viennent illustrer notre histoire et nos histoires. Comme le rappelle Gilles Verlant dans Je me souviens du rock (Actes Sud collection Variétés) – sur le modèle de « Je me souviens » de Perec – le rock a quelque chose à voir avec notre vie. Et L’auteur réussit à parler à chacun d’entre nous. Et chacun d’entre nous, et là l’âge importe peu, pourrait se souvenir d’événements en relation avec cette musique, qu’André Francis dans un petit opuscule sur le Jazz (« Jazz » au Seuil) qualifiait de musique de voyous. C’est le moindre de ses mérites… Si « on » m’en laissait l’occasion, je me souviendrai de 1963, de ce concert gigantesque où j’avais découvert le sens du mot « masse », sans parler des « mouvements de masse », de la révolte de cette jeunesse et de son désir de changer le monde. Verlant n’hésite pas à dire qu’il n’a rien vérifié, montrant par là la différence entre mémoire – un travail, une recherche – et le souvenir qui suppose une part d’oubli comme le notait justement Blanchot. Continuer la lecture

Article paru dans la revue de l’EE, 10 janvier 2000

Une noire collection.

Aux éditions de l’Olivier, la collection Soul Fiction sous la direction de Samuel Blumenfeld, met à la disposition du public français des livres oubliés ou laissés pour compte. La littérature des hommes invisibles. C’est une forme de littérature proche du jazz et du blues. Malheureusement le français a du mal à rendre compte de ce style proche de la syncope musicale, avec des références sous-jacentes et le « double entendre » comme disent les Américains.Cette collection enrichit notre perception des univers anglo-saxons, et pas seulement américains. Continuer la lecture

Tout autour des polars

De quelques auteurs et de leurs phobies

Le roman policier et le roman noir – ce n’est pas tout à fait la même chose – sont reconnus comme faisant partie de la littérature. Ils se sont même imposés comme une des références incontournables, comme un des moyens d’intéresser le lecteur. En même temps, ils sont porteurs d’une contestation de l’ordre social, d’une révolte soit ouverte soit silencieuse, soit consciente soit inconsciente. Si la révolte s’éloigne, le roman noir – plus que le policier – devient glauque et vulgaire. Par contre, il est forcément grossier, parce que nous le sommes…
Prenons le cas d’un auteur qui «truste » tous les prix, Michael Connelly, américain comme il se doit, habitant Los Angeles, ville étrange que tous les auteurs n’ont jamais fini de décrire1 et donnant lieu à des interprétations diverses. Il fût chroniqueur judiciaire et eût le prix Pulitzer pour avoir décrit les émeutes de L.A. – c’est une ville qui s’épelle par ses initiales – en 1992, émeutes de la pauvreté et de l’apartheid comme de l’affaire Rodney Jones qui a révélé le racisme de cette police de Los Angeles, le LAPD. Il illustre les mystères et les énigmes de cette société américaine durablement ébranlée par la guerre du Vietnam.
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Travail de mémoire

Pour une mémoire vivante...

Le travail de mémoire est difficile.i Il suppose la recherche historique, l’écoute des témoins, une éthique qui vise à rappeler le contexte pour faire partager l’expérience, à éviter les prises de position par trop catégorique, tout en situant son propos sur le terrain de la lutte des classes. Comprendre l’histoire du mouvement ouvrier est vital pour appréhender notre présent et construire des possibles pour le futur. Sans passé, nous sommes sans futur. C’est une des façons de répondre aux tentations millénaristes qui pense la fin du monde au lieu de penser la fin d’un monde… Ces sectes qui prolifèrent dont le carburant se trouve dans les peurs et les angoisses provoquées par la crise culturelle profonde qui marque cette fin de millénaire. Nous sommes entrés dans le 21e siècle depuis novembre 1989, date qui voit le monde basculer dans d’autres règles, une autre structuration. Le monde ancien est en train de mourir, un autre monde se profile avec comme seul horizon celui des lois de fonctionnement du mode de production capitaliste. Toute alternative a disparu. Les États-Unis restent la seule superpuissance qui s’essaie à imposer son ordre, en l’occurrence celui des marchés pour le plus grand bénéfice des firmes transnationales. La guerre du Golfe en 1991 avait indiqué les voies et les moyens de ce nouvel ordre, comme les bombardements sur la Serbie. Les dirigeants russes ont compris la leçon en pratiquant la même sorte de guerre contre la Tchétchénie, s’abritant derrière la lutte contre le terrorisme islamique, comme le gouvernement américain s’était lui réfugié derrière le « droit d’ingérence » pour justifier les bombardements, en défense des droits de l’homme.
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Travail de mémoire (article publié dans Critique communiste)

Pour une mémoire vivante…

Le travail de mémoire est difficile.i Il suppose la recherche historique, l’écoute des témoins, une éthique qui vise à rappeler le contexte pour faire partager l’expérience, à éviter les prises de position par trop catégorique, tout en situant son propos sur le terrain de la lutte des classes. Comprendre l’histoire du mouvement ouvrier est vital pour appréhender notre présent et construire des possibles pour le futur. Sans passé, nous sommes sans futur. C’est une des façons de répondre aux tentations millénaristes qui pense la fin du monde au lieu de penser la fin d’un monde… Ces sectes qui prolifèrent dont le carburant se trouve dans les peurs et les angoisses provoquées par la crise culturelle profonde qui marque cette fin de millénaire. Nous sommes entrés dans le 21e siècle depuis novembre 1989, date qui voit le monde basculer dans d’autres règles, une autre structuration. Le monde ancien est en train de mourir, un autre monde se profile avec comme seul horizon celui des lois de fonctionnement du mode de production capitaliste. Toute alternative a disparu. Les Etats-Unis restent la seule superpuissance qui s’essaie à imposer son ordre, en l’occurrence celui des marchés pour le plus grand bénéfice des firmes transnationales. La guerre du Golfe en 1991 avait indiqué les voies et les moyens de ce nouvel ordre, comme les bombardements sur la Serbie. Les dirigeants russes ont compris la leçon en pratiquant la même sorte de guerre contre la Tchétchénie, s’abritant derrière la lutte contre le terrorisme islamique, comme le gouvernement américain s’était lui réfugié derrière le « droit d’ingérence » pour justifier les bombardements, en défense des droits de l’homme. Continuer la lecture