John Coltrane, génie de la musique.
Coltrane, un nom d’origine écossaise, résultat de ce brassage obligé entre maîtres et esclaves dans ces Etats-Unis pas encore unifiés, fut le dernier génie d’une musique sans nom, le jazz, qui en compta beaucoup. Le jazz, musique du 20e siècle, a accéléré brutalement toutes les mutations, toutes les transformations à force de révolutions avec comme objectif inavouable de distendre le temps, de le rendre élastique par la grâce du swing. Quelle forme artistique a connu autant de basculements ? Aucune vraisemblablement. L’accélération de l’Histoire n’est pas un vain mot. Ce « court 20e siècle » – pour reprendre notre historien préféré Eric Hobsbawm – a connu, parfois simultanément, des poussées d’espoirs de changement radical et la barbarie. Le jazz a synthétisé ses contradictions dans un changement permanent, au moins jusqu’aux années 1980s, enveloppé dans un rythme étourdissant.
Coltrane, à sa mort le 17 juillet 1967 – le 7 ne l’aimait pas pourrait-on croire -, était devenu, pour son malheur posthume et le nôtre, une icône. La religion, les dogmes, les images pieuses ne sont pas bonnes conseillères en matière de créations et d’imagination.
Il fallait bien lui redonner vie, le rendre à son itinéraire qui fut loin d’être simple et sûrement pas un long fleuve tranquille.
Il était né dans le ghetto de Philadelphie, 40 ans plus tôt, là où rien ne semble possible, où l’avenir est dans le flou, perdu dans des nuages industriels. La crise de 1929 n’allait rien arranger. Continuer la lecture