De la lecture à la musique.
Comment faire du jazz lorsque la malchance d’être un fil de prof de philo s’abat sur vous ? Vous n’êtes pas responsable. Et pourtant… Vous vous sentez sans doute redevable de ces morceaux de culture ingurgités tout au long de votre jeune vie ? Comment faire cohabiter cette référence mémorielle avec le jazz ? Entretemps, vous êtes devenu pianiste de jazz. Il vous faut vous libérer de tout ce fatras. Par la musique ? Une bonne idée qui permet de justifier des compositions au climat différent. Errer dans le château de Kafka où les portes mystérieuses s’ouvrent pour des labyrinthes de vies possibles, croiser Erri de Luca, Marguerite Yourcenar – un curieux rêve d’Hadrien pour approcher une forme musicale dont il ne reste pas grand chose, comme un fantôme qui viendrait envahir des nuits trop froides, trop dénuées d’humanité -, James Baldwin et son Harlem qu’il dessinait de paris et terminer par une évocation de Jimi Hendrix qui sut marquer d’une empreinte indélébile la musique tout entière pour s’en aller, seul, sans cette fraternité appelée de ses vœux. Pour cette boîte à musique, « Music Boox, volume 2 », Sébastien Lovato, pianiste et compositeur, s’est inspiré de tous ces créateurs de sons, utilisant les mots pour faire surgir d’autres significations – Marguerite Yourcenar a voulu rendre hommage au gospel dans un essai insensé de traduction – pour créer un environnement musical épars, éclaté comme toutes les disciplines artistiques de ce 21e siècle qui ne sait pas (encore ?) définir son style, son identité. Il est à la fois très prés du jazz – ses influences s’entendent à commencer par celle de Herbie Hancock et de McCoy Tyner et par-là même celle de Coltrane – et très éloigné pour aller vers la musique contemporaine. Une mention à « Ritournelle » sans doute inspirée par la fille du compositeur qui pourrait servir de berceuse aux enfants du temps. Continuer la lecture