Jazz. Un trio in-classique

Un trio en apesanteur

« Orbit » le titre de l’album, indique immédiatement l’ambiance. Voir la terre de loin, sans se laisser encombrer par les usages, musicaux comme les autres. Créer des espaces de liberté pour soulever des corps encombrés de pesanteur, faire rêver, ouvrir des portes. Le trio émerge comme un vaisseau spatial en route pour une destination inconnue. Les années lumières défilent pour construire un monde en devenir.
Le sous titre, « in-visibility », joue aussi sur les mots pour souligner les mémoires du jazz, invisibles tellement elles sont présentes. Toutes les mémoires pour façonner celles des futurs inscrites dans le champ infini des possibles.
Stephan Oliva, piano et compositions, Sébastien Boisseau, contrebasse et Tom Rainey, batterie se connaissent bien et jouent ensemble depuis 2016. Leur dialogue est constant pour permettre à chacun de n’être pas à sa place. Le piano peut se faire percussion tandis que la batterie se fait instrument mélodique et la contrebasse soliste et gardienne du rythme s’évade aussi vers des espaces sans frontière.
Une musique qui ne se refuse rien, mélange étrange de traditions, celle du « free jazz » notamment – sans le crier sur les toits – et de modernité pour ouvrir les yeux et les oreilles, pour imaginer un autre monde qui bruisse de bruits venus d’ailleurs.
Nicolas Béniès
« Orbit, in-visibility », Oliva/Boisseau/Rainey, Yolk Music

Musiques, Pierre Schaeffer et une fantaisie de toutes les musiques

Passages du sonore au musical

Musique concrète ou musique acousmatique – emprunté à Pythagore pour perception auditive – a été marquée par le travail de Pierre Schaeffer au sein de la Radiodiffusion française qui invente cette nouvelle forme d’expression artistique. Un travail sur l’enregistrement puis sur toutes les techniques comme sur les bruits « naturels », une porte qui grince par exemple. Il sera rejoint par Pierre Henry et s’ouvrira à d’autres compositeurs comme Xenakis. Un double CD pour rendre compte de ces recherches qui ont permis de faire surgir d’autres manières de jouer avec les bruits et l’électronique.
NB
« Pierre Schaeffer & Pierre Henry Musique concrète 1956-1962 », livret de Olivier Julien, Frémeaux et associés

Fantaisie jules vernienne
Un groupe qui manie l’oxymore, « Free Human Zoo » – soit le Zoo des humains libres -, a quelque chose à dire de notre monde qui a tendance à délaisser la liberté tout comme l’égalité et la fraternité. Inspirée de Jules Verne et de « Vendredi » de Michel Fournier se déploie une nouvelle île mystérieuse – « The Mysterious Island. Gilles Le Rest, batterie, percu, compositeur et parolier associe musique et contes, références et hommages, toutes les cultures, tous les sons pour construire un récit d’un monde qui naît, vit et s’écroule. Une fable sur la crise climatique, sur un monde en train de disparaître.
NB
« The Mysterious Island », Free Human Zoo, ODUSSEIA/ L’Autre Distribution

Polar, quand le polar se fait Histoire, du 16e siècle à 1962, de la Provence à Marseille

Plongée dans les guerres de religion en Provence

Le prétexte de cette plongée : le trésor que Charles-Quint aurait laissé dans l’Église d’Aix, enterré sous les dalles. Pour le découvrir, il faut décrypter deux quatrains – dont un en français en forme de rébus – objet de toutes les recherches et des rivalités. Catherine de Médicis fera appel à Nostradamus pour trouver les clés de compréhension. Jean d’Aillon mettra en scène son personnage principal, Yohan de Vernègues, fil conducteur de l’enquête, qui louvoiera entre moines assassins envoyés par l’Inquisition, les croyants catholiques et reformés rivalisant de violences pour imposer leur loi et leur pouvoir au-delà même de leur religion. Richelieu, en bon centralisateur, y mettra un terme. Sans compter les intrigues internes à la Cour du Royaume de France et la cohorte de jeunes et jolies demoiselles au service de la Reine Catherine. Un mélange explosif et meurtrier. Continuer la lecture

De la Corée à l’Afrique du Sud morceaux d’histoire

Polar coréen

Mettre en scène dans un costume de Sherlock Holmes – le fameux trench-coat – quatre femmes d’âge divers, mères de famille, dont une fille mère, dans un quartier de Séoul, avec, comme quartier général la supérette Gwangseon tenue par l’une d’elles est une gageure. Ce n’est pas la seule. Faire rire, sourire des références des romans policiers britanniques – Conan Doyle, Agatha Christie en particulier – tout en menant une enquête policière sur un tueur de femmes est l’autre pari tenu par Jeon Gunwoo. « La section des enquêtrices mères au foyer » comme elles se nomment fait preuve d’un sens de l’observation et de déduction tout en accumulant les gaffes et les erreurs. Continuer la lecture

A la recherche de Viktor Paskov

Comment peut-on être écrivain et musicien bulgare ?

Viktor Paskov est un des représentants de la littérature bulgare, qui a fait beaucoup d’émules, littérature qui reste à découvrir. « Allemagne conte obscène » baigne dans la désillusion combattue par une ironie grinçante et un humour triste et combatif, celui des exilés déçus par un pays d’accueil vu comme un Eden au départ. Continuer la lecture