Roman, récit et travail de mémoire


« Seulement, la mémoire, il faut la faire vivre, ne pas la figer, elle doit surtout aider à comprendre »

Le titre est une citation de « Dessous la dure écorce », de Louise Pommeret, qui pourrait aussi servir, et peut être plus encore, pour « L’étoile manquante » de Laurence Lacroix-Arnebourg. Que ce soit en relation avec un père victime d’un travail empoisonnant, un cancer, et de paysages menacés du pays des sucs volcaniques pour balayer histoire et mémoire ou de vies oubliées dans le contexte de la chasse aux Juifs mis en place par le Régime de Vichy, il est question de notre héritage commun, de notre passé jamais dépassé pour construire un avenir. Les deux autrices savent faire vivre des personnages qui incarnent les nécessités du travail de mémoire. Les femmes, oubliées des histoires comme de l’Histoire, font montre de leur capacité de résistance souvent silencieuse pour organiser la survie. La lutte est nécessaire contre toutes les tentatives de falsification, contre tous ces projets dont le but ultime est de faire du profit sans tenir compte de notre environnement, de notre construction mémorielle.
Deux récits – plus juste que roman – qui viennent illustrer la nécessité de conserver vivants notre patrimoine et matrimoine. Il faut se plonger dans la saga d’une famille avant et après l’Occupation comme dans le combat contre la maladie et les promoteurs pour comprendre le passé et en faire une arme pour construire un futur.
N.B.
« L’étoile manquante », Laurence Lacroix-Arnebourg, Atlande ; « Dessous la dure écorce, Louise Pommeret, L’Aube éditions.

La difficulté d’être un festival

Printemps es-tu là ?
Il fut un temps que les moins de ­60 ans ( ?) ne peuvent pas connaître où le printemps développait paresseusement ses effluves, ses émotions, sa sève pour offrir au jazz un nouvel écrin, une nouvelle saveur. Ce temps s’accroche seulement au calendrier. Il n’empêche, le jazz lui est là. Dans l’Ouest.
Particulièrement à « Jazz Sous les Pommiers » (JSP) à Coutances dans la Manche. Pour sa 42e édition, le programme est fourni pour apprécier les musicien.ne.s dans leur diversité. Steve Coleman en sera l’une des étoiles (le concert sera vraisemblablement complet) comme le bassiste Marcus Miller sans compter Julian Lage, guitariste intrigant et remarquable. Birelli Lagrene sera aussi de cette fête avec une « carte blanche », Youn Sun Nah, vocaliste qui avait fait ses premières armes dans ce festival avec la trompettiste Airelle Besson, le violoniste toujours plein d’idées Dominique Pifarély, Robert Cray pour la soirée blues traditionnelle en concurrence avec le retour de « Sixun », Pierrick Pedron avec Gonzalo Rubalcaba, le dimanche des fanfares mais aussi des animations gratuites, de l’afro beat et le reste pour construire un vrai festival international. Visitez la région en même temps que les concerts pour passer la semaine de l’Ascension.
Nicolas Béniès
www.jazzsouslespommiers.com
Pour entendre une présentation et plus si affinités, il est possible de m’entendre sur radio-toucaen.fr en faisant défiler les programmes. Si affinités toujours trois autres émissions que je propose : les nouvelles nouveautés, jazz Kesako et les anniversaires.

La poésie saisie par l’indicible

Poésie noire et lumineuse
Nelly Sachs, en compagnie de sa mère, sortira in extremis de l’Allemagne nazie le 16 mai 1940, alors qu’elle a reçu l’ordre de rejoindre un camp d’extermination, pour se réfugier à Stockholm. Se pose alors pour elle la question qui agite les rescapé.e.s, comment écrire ? Que devient la poésie face à cet effondrement de toutes les valeurs humaines ? La poésie est-elle possible pour dire l’indicible ? Elle répondra de deux façons. D’abord en se plongeant dans la tradition juive, particulièrement le Talmud, un recueil d’interrogations, qui fournit des bribes de réponses – le rire en est une – qui suscitent de nouvelles questions et le rythme – à l’instar du jazz qui transforme un thème par l’accélération ou le ralentissement du tempo – pour provoquer un tremblement de la pensée en le transformant en une force de vivre inaltérable.
« Exode et métamorphose », titre de ce recueil, outre une présentation nécessaire de Jean-Yves Masson de l’autrice contient « Dans les demeures de la mort », écrits de 1943 à 1947, « Eclipse d’étoile » de 1947-48 et « Personne n’en sait davantage » de 1952-57 qui donne la vision du monde de Nelly Sachs, d’un monde habité par des fantômes côtoyant les vivants, une cohabitation dansante souvent, soulevant les questions de la mémoire et du travail nécessaire pour la sauvegarder. « Exode et métamorphose », daté de 1958-59, brasse tous les thèmes y compris philosophiques – elle évoque Spinoza -, en synthétisant la situation des rescapé.e.s ni dans le monde ni en dehors, toujours l’exode, toujours la nécessité d’une métamorphose, toujours sur la brèche entre la vie et la mort, toujours le même et toujours différent.
Les notes permettent de comprendre quelques références bibliques ou théâtrales – elle écrit aussi pour le théâtre –, entre autres, pour éclairer le texte qui bénéficie d’une traduction, de Mireille Gansel qui respecte le rythme de cette poésie déséquilibrée par le génocide.
Nicolas Béniès
« Exode et métamorphose », Nelly Sachs traduit par Mireille Gansel, Poésie/Gallimard

Colères ouvrières face au mépris de classe

Colères ouvrières et lutte pour la dignité
Pascal Dessaint, auteur de romans « noirs », a voulu comprendre une image récente de deux cadres d’Air France qui, lors d’une occupation des salarié.e.s du siège de l’entreprise avait perdu leur chemise restée dans les bureaux. Image commentée forcément défavorablement, fustigeant comme il se doit la violence sauvage de ces contestataires. Etait-ce, se demanda l’auteur, la première fois que ces débordements de colère désespérée contre la morgue patronale de droit divin avaient lieu ?
Remontée de la mémoire conservée dans des journaux comme l’Illustration une image – encore une mais un dessin cette fois – d’une défenestration d’un cadre des « Houillères & Fonderies de l’Aveyron » – dont le siège est à Paris -, Jules Watrin dans le contexte d’une grève des puits pour exiger à la fois une augmentation des salaires et du respect. La colère gronde devant l’intransigeance de la Compagnie qui ne veut pas céder, ce 26 janvier – il fait froid – 1886. La foule des grévistes veut la démission de Watrin, jugé responsable de toutes les misères. La direction réelle est hors d’atteinte des grévistes et sait envoyer au front ses pions pour se faire massacrer et, ensuite, s’en servir comme d’une arme contre les grévistes.
Zola vient de publier « Germinal ». Il est immédiatement accusé d’avoir fourni de « grain à moudre » intellectuel aux hordes anarchistes ouvrières. Comme le fera remarquer un journaliste du « Cri du peuple », les mineurs – femmes et hommes – n’ont guère le temps de lire… Continuer la lecture

Polar portugais un brin chinois

Coïncidences ?
« Château de cartes » mettait en scène le journaliste portugais Marcelo Silva qui dressait un tableau de la corruption existante dans les élites de son pays. Exilé volontaire à Berlin, il a le mal du pays et revient à Lisbonne. Il n’est plus journaliste, il n’est plus rien et va se trouver au cœur de toutes les intrigues, aucun gangster, policier, politicien ne croît aux coïncidences. « La Grande Pagode », références évidentes aux luttes politiques et économiques que se livrent la mafia chinoise et le gouvernement chinois sur le sol portugais pour consolider leurs positions. Au moment où Marcelo débarque, la ministre chargée de la signature du traité avec le gouvernement chinois qui doit sauver les finances est mouillée dans un chantage du chef de la mafia chinoise et doit démissionner. Son chauffeur a été tué et on ne sait par qui.
Son amour, une journaliste a écrit un livre interdit de lecteur, le fils de la ministre est amoureux de la journaliste et dépend un peu trop de sa mère… toutes les intrigues se nouent au nez et à la barbe de Marcelo qui n’y comprend goutte. Nous non plus mais on le suit. D’autant qu’il nous fait visiter Lisbonne, qu’il nous régale des plats traditionnels et des sites importants pour faire aimer sa ville. Presque en dehors de lui, il dévoile des lambeaux d’un pays en train de se laisser dévorer par des appétits contradictoires. Les assassinats viennent ponctuer ces histoires, racontées avec la drôlerie et l’humour de quelqu’un qui ne se sent pas concerné, du moins pas totalement. Il se laisse envahir par ses souvenirs, ses émotions qui l’empêchent d’avoir une vision rationnelle du contexte.
Rafraîchissant par sa construction faite de rencontres aléatoires mais cohérentes, ce polar qui ne dit pas son nom décrit une société prise en étau par des forces extérieures liées à un système de corruption internes dans un Portugal réel et fictif tout à la fois. Le drame se noue dans les rencontres, le journaliste servant de réceptacle sans jouer véritablement un rôle actif. Miguel Szymanski fait preuve d’une grande perversité en livrant son héros aux forces obscures et mystérieuses du hasard et des coïncidences tout en permettant d’apercevoir le contexte. Du grand art, même si, parfois, il cède un peu trop à la tentation de s’arrêter dans cette ville qu’il aime.
Nicolas Béniès
« La Grande Pagode », Miguel Szymanski, traduit par Daniel Matias, Éditions Agullo.

Jazz, des rééditions ECM aux histoires d’un trio

Rééditions ECM
Dans notre temps marqué par la sobriété, les rééditions ECM prennent totalement leur place. Des digipacks reprennent l’essentiel sous un format réduit.
Présentation qui n’empêche pas les chefs d’œuvre. A commencer par l’album signé par Dave Holland, contrebassiste et compositeur, et son quartet qui comprend Anthony Braxton, Sam Rivers et Barry Altschul, superbe batteur un peu oublié, « Conference of The Birds », un album de free-jazz que la critique de l’époque – 1972 – dira « civilisé », « écoutable. Pourtant la structure des compositions avait de quoi déstabilisé mais les flûtes, de Braxton et de Rivers, évoquant les oiseaux – comme les œuvres de Messiaen ou les improvisations de Dolphy – pouvaient rassurer. A écouter 50 ans plus tard, la musique n’a rien perdu ni de sa force ni de son mystère. Il ne faut pas éviter de participer à la conférence des oiseaux, ceux du jardin de Dave Holland. Si, après cette écoute, vous ne pouvez plus être réfractaire au free jazz !
Anouar Brahem, joueur de oud et compositeur avait, pour cet album « Khomsa » publié en 1995, repris les musiques de films et de pièces de théâtre en Tunisie. Un panorama en forme d’escales allant de « Comme un départ » (signé Galliano) vers « Comme une absence » en passant par d’autres films, d’autres rêves. Richard Galliano, accordéon, François Couturier, piano et synthé, Jean-Marc Larché, saxophone soprano, Béchir Selmi, violon, Palle Danielson, basse et Jon Christensen, batterie, un assemblage européen et un peu tunisien. Accrochez vos ceintures…
Mark Feldman, violoniste, amateur de sons étranges et de sonorités dérangeantes en rapport avec le monde tel qu’il est proposait en 2006 « What Exit » et 17 ans plus tard, l’interrogation est toujours d’actualité. Il est en compagnie de John Taylor, pianiste qui nous a quitté depuis – il faut l’entendre pour le conserver dans nos mémoires – Anders Jormin, contrebasse qui vient de sortir un nouvel album toujours chez ECM, et Tom Rainey, qui fait partie du trio de Stéphane Oliva actuellement pour une musique hors cadre. Il poursuit ses recherches dans un album récent, « Sirocco » enregistré avec le duo Dave Rempis, saxophones et Tim Daisy, batterie, percussion sous le label Aerophonic.
Nicolas Béniès

Un trio
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« New Stories » promettent-ils. « Ils », Hervé Sellin, piano, Jean-Paul Céléa, contrebasse et Daniel Humair, batterie. Ce n’est pas leur faire injure que de dire qu’ils en ont vécu des histoires et intégrer des changements, dans leur jeu, dans leur référence. Ont-ils encore de nouvelles histoires à nous raconter ? Ils en ont. Et des bizarres. Ils se sont amusée et nous aussi à parcourir une partie de l’histoire du jazz y compris dans ses débordements comme ceux de Cecil Taylor ou même Don Pullen. Céléa est toujours habité par le souvenir de Albert Ayler, de Coltrane, Sellin au départ plus sage sait aussi partir vers des endroits moins fréquentés aujourd’hui qu’hier et Humair a conservé la virtuosité qui lui de répondre et de concevoir des univers différents.
Des histoires qu’il faut entendre.
Nicolas Béniès
« New Stories », Trio, Hervé Sellin, Jean Paul Céléa, Daniel Humair, Frémeaux et associés distribué par Socadisc.

D’un tueur, cas de psychanalyste, à l’histoire sociale, deux formes du polar

La solitude du tueur de fond.
« L’agent seventeen », un titre qui ne laisse pas planer de doute sur le héros, ou plus exactement sur le personnage central qui ne nous laissera rien ignorer de ses doutes, de ses questionnements divers concernant tous les aspects de sa vie qu’elle soit professionnelle ou privée. A proprement parler, il envahit toutes les pages. Le thème est connu depuis Freud : tuer le père pour exister. Ici, 17 doit tuer 16 sur ordre de son supérieur à la CIA. Pourquoi ce meurtre ? Le tueur à gage s’interroge, nous pas tellement. On voit venir le coup. Pourtant là n’est pas l’intérêt de cette chronique violente. Il se trouve dans les glissements, dans les clins d’œil, dans les fausses références mais aussi dans les héros des films et romans d’espionnage, à commencer par Jason Bourne citée par l’auteur plus que James Bond. Continuer la lecture

Crise de légitimité

Crise de régime.

Une crise de régime, vue par toute la presse étrangère mais ignorée par le Président, qui devrait conduire à la mise en œuvre d’une VIe République pour répondre à l’épuisement des ressources de la Ve. Crise de régime qui intervient dans un contexte de crise politique profonde qui touche toutes les institutions. Macron, en 2017, en a été le révélateur. Son élection est due fondamentalement à l’écroulement et du Parti socialiste de Hollande et du PR de Sarkozy, lui-même poursuivi par les affaires et incapable de rejouer un rôle politique. L’écroulement des députés de droite n’en est que la dernière réplique en date. En résulte un fort taux d’abstention qui ne cesse de progresser laissant une énorme place à l’extrême droite ainsi que par la montée en puissance des théories complotistes alimentées par les « vérités alternatives » trumpistes mais aussi du ministre de l’intérieur français qui n’en est pas à une menace près. Les libertés publiques s’en trouvent menacées.
Le président de la République enfermé dans ses bunkers, l’un idéologique, l’autre formé par ses conseillers ne voit pas la réalité. Il est enfoncé dans l’idéologie libérale qui lui fait croire à la nécessité de diminuer les impôts, les cotisations sociales pour baisser le coût du travail et améliorer la compétitivité en baissant le prix de vente tout en augmentant les profits dans un monde hypermondialisé. La pandémie, la guerre de Poutine ont changé la donne. Les Etats sont intervenus massivement et en France plus que partout ailleurs en Europe pour éviter les faillites et une perte de pouvoir d’achat trop importante des salariés en finançant le chômage partiel tout en aggravant les inégalités en laissant les précaires, particulièrement immigrés, sans soutien. Le gouvernement de Biden a bien compris cette nouvelle donne qui passe par la remise en cause de l’hypermondialisation. Une politique protectionniste lui a succédé qui vise à réindustrialiser en tenant compte des nécessités des réponses à la crise climatique. Les subventions accordées à toutes les entreprises voulant investir aux Etats-Unis sont liées à des contreparties liées à la défense de l’environnement. Des entreprises européennes s’interrogent pour savoir si elles ne vont pas s’installer aux Etats-Unis. Macron, lui, n’a pas tiré le bilan de ces années, ne s’est pas interrogé sur le nouveau rôle de l’Etat qui détruisait les bases mêmes des constructions néo-classiques des économistes officiels. Continuer la lecture

Roman, David Joy analyste du mal de vivre

Roman vrai

David Joy trace les dessins de vies sans but autre que les paradis artificiels pour faire semblant de vivre. Errances dans un monde incompréhensible dans lequel les raisons de croire ont disparu. Comment survivre dans les Appalaches ? Le désespoir se niche dans les paysages, dans ces contrées étranges où le monde lui-même semble avoir disparu, englouti dans on ne sait quel puits dont la trace s’est perdue. La solidarité, l’amour surnagent, luttent pour conserver leurs droits mais ils restent dilués dans des silences serrés comme si les mots restaient collés à la terre, désespérés eux aussi.
Les réserves Cherokee ne sont pas loin tout en étant lointaines. Le Casino est la seule activité lucrative et renforce l’aspect factice de la réalité, laissant toute la place à l’appât du gain. Les drogues circulent librement. Les truands sont protégés par des policiers corrompus. Ils ont, bien sur, des excuses. Seuls les junkies sont les dindons d’une farce qu’ils alimentent sans cesse pour trouver des trésors dans la poudre blanche. Continuer la lecture

Jazz, musique en liberté, Didier Petit, Guillaume Roy

Musique libre en apesanteur
Quand un violoncelle discute avec un violon alto de liberté et de création.

Une rencontre d’abord qui se conjugue en retrouvaille, comme de vieux amis. Un violoncelle, un instrument qui a plusieurs tailles, celui-là est grand et un violon alto, avant le jazz il était alto tout court, un violon qui ne se met pas forcément en avant dans un quatuor mais se trouve obligé de prendre sa place en un duo. Didier Petit et Guillaume Roy ont connu bien des aventures et ont décidé de les partager pour nous entraîner d’abord « A l’est du soleil », manière de s’interroger sur des paysages que même les cosmonautes ont du mal à fréquenter. Des chemins de liberté, de création fusion de cultures pour construire une musique en apesanteur. Elle donne à entendre la pesanteur de nos préjugés dont il faut se séparer pour partir vers les seules destinations qui vaillent, les inconnues. Les titres sont là pour se diriger vers l’ailleurs. La lumière qui vient peut provenir du trou noir et le jeu de mots « Petit roy » pourrait induire du sang bleu se répandant sur le violoncelle et l’alto pour laisser place à la vie. Bêtement, sourdement. Les éclats servent à éclairer des mondes parallèles qui se construisent grâce à nos imaginations croisées.
« Programmes communs », titre qui engage d’autres protagonistes pour continuer le voyage aux confins de l’inter-sidéralisation – un néologisme qui vient à l’esprit. La voix de Kristof Hiriart illustre « les langues comme une », jeux de mots, jeux de chants, de musique pour aller vers une langue des espaces, Catherine Delaunay illustre à la manière de sa clarinette la construction de ces espaces curieux, Michel Rabbia apporte les tambours, percussion et batterie pour conserver le peu qui reste de la terre, Daunik Lazro se joue des saxophones – du baryton en particulier – et de ses histoires, de ses métamorphoses pour aller toujours au-delà, Yaping Wang apporte ses instruments – le yangqiniste – comme le coté est du monde, la Chine ( de Taïwan !) en l’occurrence et Christiane Bopp – elle le fréquence de temps en temps lorsqu’il perd pied -, tromboniste qui sait se servir de toutes les mémoires sans perdre son souffle.
Musiques plurielles, musiques du temps, musiques aussi de racines réelles et imaginaires pour des envolées nécessaires. Il faut aller voir, entendre ce qui se cache à l’est du soleil….
Nicolas Béniès
« A l’est du soleil », « Programmes communs », Didier Petit & Guillaume Roy, coffret de deux CD, une coproduction Cie Dire et Ouïr, Césaré et Basta sarl, In Situ distribué par Orkhêstra.