Deux premiers polars.

Le polar, chronique de notre temps.

Deux premiers romans qui font date. Attica1 Locke, dans « Marée noire », raconte le racisme ordinaire de Houston (Texas) et les désillusions de toute une génération qui s’était battue pour le « Black Power », terme qui faisait peur à Martin Luther King – lire la biographie que lui consacre Alain Foix, Folio biographies, même s’il rajoute un peu trop de pathos pour une biographie – comme pour les droits civiques. Noirs et Blancs ensemble pour une même cause. La révolution pouvait venir de là. Un nouveau monde pouvait naître. Continuer la lecture

Redécouverte.

 

2013, année Michel Warlop.

Michel qui ?

En 2011, une biographie documentée, « Michel Warlop, génie du violon swing », l’Harmattan, par Pierre Guingamp, voulait redonner sa place à ce musicien curieux, tourmenté qui créait difficilement, de tout son corps, de tout son esprit, Body and Soul – thème emblématique du jazz.1 Première tentative pour rendre compte de manière exhaustive de son parcours. Daniel Nevers, dans plusieurs notes de pochette avait lancé quelques pistes proposant même le qualificatif de « génie » pour ce violoniste. A juste titre même si les « puristes » font profession de détester les cordes sauf, peut-être, Stéphane Grappelli. Ils ne savent pas que, avant la trompette, le violon était l’instrument maître des premiers orchestres de jazz… Continuer la lecture

CONTRIBUTION AUX RENCONTRES « Actualités de Marx et nouvelles pensées critiques : Horizons de civilisation », à Bordeaux, du 4 au 7 décembre 2013

 Dans quel monde voulons-nous vivre ?

Le basculement du monde1

La crise systémique qui s’est ouverte en août 2007 exige la naissance d’un nouvel ordre productif (ou régime d’accumulation).

La forme du capitalisme née dans les années 1980-90 est morte même si elle continue d’exister faute de perspective de transformation. Ce régime d’accumulation à dominante financière – pour signifier le poids nouveau pris par la finance et l’hégémonie de ses critères – était une réponse à l’entrée dans une nouvelle période du capitalisme en 1974-75. Le régime d’accumulation des « 30 glorieuses » était à l’agonie. Il fallait que le capitalisme se régénère en inventant de nouvelles modalités de création de richesses. Pour justifier cette nouvelle donne, un néo-libéralisme s’est imposé comme la seule idéologie possible. Néo-libéralisme parce qu’il se contentait de reprendre trois dogmes d’un côté et de l’autre de leur donner un aspect scientifique par le biais des modèles économétriques. Ce coup d’État des mathématiques sur la pensée économique a permis de faire triompher la représentation de la réalité sur la réalité.2 Une des explications de l’incompréhension des experts autoproclamés de la profondeur de la crise et leurs déclarations sur « la fin de la crise » juste avant la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008. Continuer la lecture

Un état du monde

Tour d’horizon.

Le CEPII – centre d’études prospectives et d’informations internationales – propose, comme chaque année son bilan de l’année 2013. Il est révélateur au moins à deux titres. D’abord parce qu’il propose un résumé de ce « monde en mutation » et une réflexion de Michel Aglietta sur la politique monétaire, « nouveaux territoires, nouveaux horizons » mais aussi des traces de l’idéologie libérale dans ce chapitre sur les relations croissance/endettement dont les conclusions sont loin d’être démontrées dans le cours du texte. Plus encore, l’analyse du futur traité transatlantique entre l’Union Européenne et les États-Unis (voir article ci-contre) n’est vu que par le prisme de la défense des vieilles nations contre la Chine et d’autres émergents. Un peu court. Tel que, il donne le pouls de certains économistes plus que de l’économie. A lire pour se faire une opinion.

Nicolas Béniès.

« L’économie mondiale 2014 », CEPII, Repères/La Découverte.

Un témoignage

Sur les rapports parti/syndicat.

Un des débats récurrents dans le monde syndical depuis la Charte d’Amiens de 1906 et le stalinisme porte sur les rapports entre parti de gauche et syndicats. L’affirmation de l’indépendance syndicale de la FEN – ou de FO – souffrent de quelques arrangements. De ce point de vue, le témoignage de Jean Battut est inestimable. Le titre dit le projet « Quand le syndicalisme enseignant rencontre le socialisme ». Secrétaire du SNI de la Nièvre (1963-69) et, de 1969 à 1971, secrétaire de la F.D.G.S de la Nièvre, il a œuvré pour que le projet du PS s’inspire de celui porté par la majorité UID de la FEN, appelé l’École Fondamentale. A partir des notes qu’il a envoyées à F. Mitterrand de 1975 à 1979 se trouve une partie de cette histoire tumultueuse sans qu’il soit possible d’en déduire une inféodation du PS à la FEN ou de la FEN au PS. Une conclusions étrange mais fondée. Jean Battut ne cache rien de l’essentiel. Une contribution à l’histoire du mouvement ouvrier.

Nicolas Béniès.

« Quand le syndicalisme enseignant rencontre le socialisme, 1975-1979. Notes régulières transmises par la FEN et le SNI à François Mitterrand », Jean Battu (préfaces d’André Henry et de Guy Georges), L’Harmattan.

ANNIVERSAIRE(S)

Deux incorrigibles charmeurs : Camus et Cocteau

L’un aurait eu 100 ans le 7 novembre cette année sans cet accident mortel de voiture le 4 janvier 1960, l’autre a 50 ans. La mort, pour Cocteau, ce 11 octobre 1963 – juste après avoir rendu un hommage vibrant à Édith Piaf tout en faisant son autoportrait -, a été l’empêchement suprême. Il n’a pas pu (re)naître une nouvelle fois. Continuer la lecture

Pour Pier paolo Pasolini

Portrait d’une Italie révoltée.

Pier Paolo Pasolini fut cinéaste. Et la cinémathèque française lui rend hommage. Il ne faudrait pas oublier que, jusqu’à son assassinat en 1975, il a représenté une figure de l’intellectuel marginal exprimant le mal être de cette société italienne de l’après seconde guerre mondiale. Poète, philosophe, linguiste, romancier qui se perdait dans les bas fonds de Rome pour retrouver l’âme de cette ville qui fut la sienne et qu’il a su façonner. « Pasolini Roma » veut dévoiler – sans lever la part du mystère – son processus créatif, sans rien cacher de sa vie.

N.B.

« Pasolini Roma », ouvrage collectif, Skira/Flammarion/La cinémathèque française. Exposition jusqu’au 26 juin 2014.

Le coin du polar, novembre 2013

Passé et présent chez Boris Akounine

Les mondes de Boris Akounine semblent aux antipodes du polar moderne. Il se plait dans le passé, apparemment du moins. Il a pourtant lu Chandler, Hammett et les grands auteurs du polar américain. Il a su construire une nouvelle figure du détective privé qui traverse le temps et pas seulement le sien.

Son héros, Eraste Fandorine, est le révélateur – au sesn photographique du terme, mais c’était avant le numérique – de la Russie de la fin du 19e siècle pour des enquêtes étranges dans les méandres d’un pouvoir chancelant. Toute ressemblance avec la Russie d’aujourd’hui est conseillée.

Il sait aussi s’approprier toute la littérature mondiale – la russe évidemment mais pas seulement – pour construire une sorte de puzzle dessinant une nouvelle figure. Une sorte de dialectique de la citation. Les parties réunies constituent un tout différent de ses parties.

L’attrapeur de libellules – beau titre, énigmatique à souhait – distend le temps.  Le voyage se fait dans deux espaces-temps. 1905 et la révolution qui vient dans cette Russie en train de construire des partis révolutionnaire dont les SR bien décrits et le Japon de 1878.Il est question d’attentats et de Ninja ainsi que d’une grande histoire d’amour qui se terminera encore plus mal que supposée.

Le lien entre ces deux histoires apparaît seulement à la fin.

A ce jour, l’œuvre la plus aboutie de cet auteur étrange. Page 343, le lecteur apprendra que « akounine », en japonais, signifie un voleur étrange, voleur de concepts, de textes… Une sorte d’autoportrait. A ne manquer sous aucun prétexte pour fêter le 30e anniversaire de la collection « Grands détectives » même si l’auteur l’a désertée.

N.B.

« L’attrapeur de libellules », Boris Akounine, 10/18.

Rendez-vous le samedi 30 novembre 2013 au Café Mancel pour un voyage dans les nouveautés jazz, à 17 h

Bonjour,

Je reprends cette année la présentation des nouveautés jazz au Café Mancel pour faire découvrir quelques enregistrements. Tout ne vous plaira pas. Mais il faut accepter les déconvenues. Pour le savoir, il faut avoir écouter ces cds. Il est aussi possible de découvrir des musiques. Tel est mon objectif.

Les albums de jazz sont les parents pauvres. Ils ne représentent que 1,5% du marché total tous supports confondus. Les festivals de jazz, par contre – un paradoxe – font le plein…

Je vous invite, un samedi par mois (17h au Café Mancel) à faire ce voyage avec moi.

Vous pouvez passer… Ou rester… Samedi 30 novembre de 17 à 18h, plus si affinités…

Nicolas Béniès.