UN DRAME QUI SE JOUE EN FARCE

Crise, Acte 3, scène 2

La mémoire sélective du Président.

Le dernier sommet européen n’en a pas fini de durer. A 4 heures du matin, ce mercredi 26 octobre, un accord non finalisé dans ses moyens a été annoncé. Le débat, suivant tous les journaux, a été rude. Ce fut un vrai débat. Dont Nicolas Sarkozy, dans son intervention télévisée jeudi soir – mise en image par un opérateur privé, avec deux faire valoir incapables de mise au point face aux contre vérités présidentielles1 -, n’a pas vraiment parlé tout à son souci de faire oublier ses 5 ans de présidence, la montée de l’endettement, sa politique en faveur des plus riches2 et des capitalistes, le creusement des inégalités, la montée de la pauvreté et de la précarité sous les coups de butoir d’une politique d’austérité qui ne se trouve justifiée que la volonté de conserver les trois A.3 Du coup, il a lié son sort à cette notation des agences du même nom dont les critères sont aussi insondables que leur appartenance à l’idéologie libérale et à leur incapacité de comprendre le monde, le tout se résumant dans le manque de personnel et l’absence d’enquête réelle.

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Les Israéliens et le jazz de New York.

Échanges…

Le jazz trouve sur son chemin les musicien(ne)s venant d’Israël et occupant la Ville de New York pour signifier, peut-être, un renouvellement du jazz. Deux d’entre eux viennent de publier sur des labels européenne.

Un guitariste tout d’abord, Gilad Hekselman pour cet « Hearts Wide Open », des cœurs grands ouverts, qui fait penser au film de Kubrick « Eyes Wide Shut », des yeux grands fermés pour signifier l’irruption du rêve dans notre réalité quotidienne quelque fois un peu grise. Loin des yeux, loin du cœur, les yeux fermés pour ouvrir son cœur, ce pourrait être la nouvelle devise. Il nous la propose et s’essaie à l’illustrer. Le tout se présente comme une suite en 12 tableaux prologue et épilogue compris. Il n’hésite pas à aller puiser dans le fonds des standards, comme pour cette partie 7, « The Bucket Kicker » qui est une réflexion sur « Never let me go », une chanson appréciée des musiciens d’aujourd’hui à commencer par Roy Hargrove. Le trompettiste la chante – mal – à chacun de ses concerts. Ici, c’est une sorte d’antienne combattue par le commentaire du compositeur-guitariste. Il a su aussi choisir ses complices. Le saxophoniste ténor Mark Turner fait la preuve de sa maîtrise technique – ce n’est pas un scoop – mais aussi d’une capacité à faire passer des émotions. Son jeu a pris de la maturité. Il n’a plus ce besoin, que l’on trouve dans certains de ses enregistrements, de la virtuosité pour la virtuosité. Un créateur est en train de naître. Il faudra suivre Mark Turner… Joe Martin, à la basse, et Marcus Gilmore à la batterie montrent qu’ils connaissent bien les mondes du guitariste. Ils forment un vrai trio de ceux qui arriveraient à nous faire oublier que 1+1+1 = 3 et = 1

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Pour voyager léger…

Cultiver les différences.

Jozef Dumoulin est né en Belgique, travaille en France, a étudié en Allemagne et a eu comme professeur de piano le Britannique John Taylor – qui a lui-même beaucoup entendu Bill Evans. Comme beaucoup de musiciens de sa génération, le rock et la pop ont servi de portes d’entrée dans la découverte du jazz. Cet héritage multiple se retrouve dans ses compositions. Cet album, « Rainbow Body » – Un corps arc-en-ciel -, met en pratique cet art du collage symptomatique de notre temps. Il a troqué le piano pour cet instrument électronique, le « Fender Rhodes », qui peut permettre un bavardage sans conséquence, les notes prenant le pas sur la composition. Il ne tombe pas dans ce piège. Il fait ici la démonstration que cet instrument peut être expressif capable du meilleur lorsqu’il est dressé, orienté vers un objectif. En compagnie de Trevor Dunn, bassiste électrique, capable de faire référence à la mémoire du jazz comme à celle du rock sous toutes ses formes et de Eric Thielemans – le fils, le petit-fils de Toots ? -, batteur plein d’allant, il propose une sorte de voyage dans les musiques d’aujourd’hui qui se souviennent d’hier et voudraient aller vers celles de demain. Dans cet arc-en-ciel, les bleus se détachent, les rouges se combattent et toutes les autres couleurs affichent leurs spécificités. Pourtant, ces compositions – malgré leur apparence – sont sans concession à l’air du temps. Elles essaient de trouver leur place, tout en ne refusant aucune influence, des musiques du monde comme de la musique contemporaine. Une sorte de définition du jazz… Une musique sans nom faut-il le rappeler, à entrées multiples. Jozef – origine polonaise ? Il semble construire l’Europe à lui seul – Dumoulin en propose une…

Nicolas BENIES.

« Rainbow Body », Jozef Dumoulin trio, BEEJAZZ, Abeille Musique distribution.

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POLARS

 

Un amour fou…sans passion !

Le début fait penser à un autre polar qui mêle le fantastique. Un homme se retrouve empoisonné et il a quelques heures pour trouver l’antidote… Ici, Will Christophe Baer dans « Embrasse-moi, Judas », part d’un homme retrouvé dans une baignoire baignant dans son sens et à qui on a enlevé un rein… Le trafic d’organes est à la mode. Mais ce n’est pas cette voie que suivra l’auteur. Phineas Poe – avec un nom pareil, le voyage était inscrit en 80 jours comme la référence au créateur du roman policier, Edgar Allan Poe – est un ancien flic. Là encore, des pistes s’ouvraient. De quoi les mêler pour dérouter le lecteur en construisant une sorte de labyrinthe autour de tous les thèmes du polar. Au lieu de cet enchevêtrement, une construction lisse autour d’un amour fou de quelqu’un qui ne l’est pas moins… L’autre protagoniste lui rendant quelques points. On s’ennuie dans un roman qui ne tient pas les promesses d’un début superbe.

Nicolas BENIES.

« Embrasse-moi, Judas », Will Christopher Baer, Folio/Policier.

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Les trois premiers actes de la crise

La crise systémique du capitalisme en actes…

Les discours sur l’austérité nécessaire pour conserver les trois « A » des agences de notation envahissent notre quotidien. Ils ont comme objectif de faire croire à l’existence d’une seule politique et à construire une chape de plomb sur les alternatives. Or, ces politiques d’inspiration libérale non seulement ne sont pas légitimes parce qu’elles s’attaquent au plus grand nombre en déstructurant les solidarités collectives mais, de plus, elles échouent à combattre et la crise financière et la crise économique sans parler de la crise écologique et climatique. Le monde bascule et les dirigeants ne pensent qu’avec des outils du passé proche, incapables qu’ils sont d’imaginer un autre avenir. La faillite de ce capitalisme est pourtant éclatante. Une société incapable de donner un emploi à tous ses jeunes et une société qui crache sur le futur.

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Nouveautés jazz novembre 2011

Voyages…

Une chanteuse, Wendy Lee Taylor. Il me souvenait d’un album de cette vocaliste – plus juste que chanteuse, c’est une musicienne à part entière, on l’oublie un peu trop souvent – intitulé brutalement « Wendy Lee Taylor », orné d’une belle couverture du label indépendant Cristal Records et qui m’avait séduit. Il faut dire que le pianiste était Chris Cody, un de ceux qui s’était découvert dans ce début du 21e siècle – l’album en question date de 2004. Depuis, presque rien ou plutôt rien qui soit venu à mes oreilles, je parle de Wendy, Chris lui a continué une carrière que je lui souhaite grande.

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TOUT AUTOUR DU PIANO.

Périples du piano

ECM a quitté pour un temps – mais pas pour longtemps – Keith Jarrett pour se tourner vers un duo de piano, le duo peut-être une démonstration la plus égocentrique qui soit, chaque pianiste pouvant ou voulant prendre toute la place. Lorsqu’il s’agit de deux virtuoses, on peut craindre le pire. Souvent, dans ce cas, le risque est limité. Il ouvre néanmoins la possibilité d’une démonstration de piano. 176 touches = plusieurs orchestres potentiels.

Chick Corea est un pianiste et un compositeur digne d’éloges. Il faut dire que je l’avais entendu avec Miles Davis lors d’un concert mémorable salle Pleyel, en première partie de Cecil Taylor en piano solo. Les spectateurs/auditeurs, venus pour Miles, n’ont pas vraiment résisté au tsunami de notes du pianiste/compositeur alors au faîte de son art. Mes voisins jugeaient qu’ils pouvaient faire au piano ce que faisait Cecil. Ils n’avaient pas conscience de l’énergie qu’il faut – qu’il fallait – pour tenir 90 minutes à ce rythme d’enfer. Miles avait été présenté par André Francis comme notre « contemporain » contrairement à Cecil qui faisait partie de l’avant-garde. Chick Corea faisait partie de cette cohorte de jeunes musiciens capables de tenir la dragée haute au déjà vieux maître, Miles Davis. C’est à ce concert que Miles a jeté une serviette éponge à Jack DeJohnette après son solo de batterie. Un geste de mépris. Suivi par un échange d’instruments entre Chick et Jack, du piano à la batterie. DeJohnette avait été pianiste…

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DICTIONNAIRE

D comme Déficit et Dette.

Lutter contre les déficits est-il ne nec plus ultra de toute politique ? Est-ce une obligation ? Quel lien avec l’endettement de l’Etat ? Avec les réactions des marchés financiers ? Le déficit public provient à la fois du budget – les recettes sont inférieures aux dépenses – et des comptes sociaux. C’est un résultat comptable. Il n’est pas directement lié à l’endettement. Tout trésorier sait que les rentrées d’argent n’ont pas les mêmes échéances que les sorties, que, pour faire face à un besoin de financement, il est nécessaire de s’endetter. Ou de « monétiser » ce besoin. Autrement dit, de s’adresser à l’Institut d’émission, la banque centrale pour qu’elle crée de la monnaie. Ce pouvoir de « battre monnaie » fait partie des droits régaliens. Il a été utilisé pendant toute la durée des « 30 glorieuses », de 1945 à 1975. A de rares exceptions près, le déficit des finances publiques a toujours existé.

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Le coin du polar

Polars de tous les pays…

Juan Pablo Villalobos publie son premier roman, « Dans le terrier du lapin blanc ». Ce n’est pas un polar au sens strict, plutôt une fable à connotation « noire » pour faire connaissance avec son pays, le Mexique. Il fait parler le fils d’un narcotrafiquant avec l’incompréhension supposée des enfants. Le procédé avait déjà utilisé dans ce chef d’œuvre, « Fantasia chez les ploucs ». Ici, c’est un peu laborieux. L’environnement, une sorte de palais fou, avec animaux sauvages qui sent le renfermement, un père qui cède tout à son fils – celui qui dit « je » – sans parvenir à lui donner de l’amour et…une mère. On l’entend pleurer. Tout, du coup est suggéré. La corruption des élites, la nécessité de fuir soit la guerre des gangs, soit la police fait la trame d’une vie en dehors du monde. On peut même y trouver une explication de l’affaire Florence Cassez… Bref, en quelques pages une vision du monde. Continuer la lecture