Évoquer la musique de Bill Evans, est un pari risqué
Diego Imbert et Alain Jean-Marie ne cachent rien de l’enjeu : « The Music of Bill Evans » affiche fièrement le titre de cet album. La faire vivre, se l’approprier sans la copier en lui laissant toutes les notes qui lui conviennent ne tenait pas de l’évidence. Le contrebassiste voulait se confronter à cette musique pour évoquer – une forme d’hommage – l’une de ses influences, Eddie Gomez qui avait enregistré avec Bill Evans deux albums de duo dans les années 1970. Il a fallu convaincre Alain Jean-Marie, le pianiste guadeloupéenne ne se sentait pas de taille à endosser les habits d’une de ses idoles. Continuer la lecture
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JAZZ, Diego Imbert
Couleurs du temps.
Diego Imbert fait partie de ces compositeurs tentés par d’autres cieux, d’autres métriques. Contrebassiste, il multiplie les pièges pour le batteur, en l’occurrence Franck Agulhon qui sait les entourer pour qu’ils ne se referment pas sur lui. Les références au blues des premiers titres sont à relier avec l’héritage de Ornette Coleman et sa manière de dire au revoir au blues pour mieux y faire référence et lui donner une nouvelle vie. Il ne craint pas, sur « Purple drive » une métrique à 7 temps. Pour en saisir la difficulté, il faut aller voir le film « Whiplash ». Par un filmage superbe, Damien Chazelle montre ce jeune batteur aux prises avec la mise en place des métriques singulières. Rien d’évident.
Pour son quartet, sans piano décidément à la mode ces temps-ci, il a associé les sonorités du saxophone ténor de David El-Malek et du bugle de Alex Tassel pour construire des couleurs musicales qui passent pour l’arc-en-ciel des métriques. Du 7 au 2 en passant par le 4 qui tient en trois tout en sauvegardant le rythme de la valse sous forme d’ombre chinoise.
Un album réussi qui tient son titre « Colors », des musiques qui savent construire des univers. J’ai juste un regret. L’absence de mordant, de colère, de révolte pour obliger notre monde à avouer son impuissance à susciter de la fraternité. Malgré tout, il faut reconnaître qu’on s’y trouve bien dans ces compositions mais l’appel aux maîtres du free jazz devrait aussi se traduire par un peu de « sale », de dirty.
Nicolas Béniès.
« Colors », Diego Imbert quartet, Such distribué par Harmonia Mundi.
Le quartet sera en concert au New Morning pour le lacement de l’album le 21 mai à 20h30
Dans les nouveautés en jazz
Un duo contrebasse, Diego Imbert, guitare, Michel Pérez, deux musiciens importants de la scène du jazz en France. Ils ont participé aux stages donnés à Lisieux (14) et savent construire des machines à géométrie variable. Le duo est un exercice difficile. Surtout guitare/contrebasse. « Double entente » – une référence peut-être au « double entendre » des bluesmen pour signifier une traduction de l’anglais « blanc » en anglais « noir, pour entendre derrière des problèmes de femmes, les relations toujours difficiles des Noirs avec les Blancs – proposent une musique en demi-teinte qui préfère souvent la joliesse à la violence. Dans ce monde de brutes, c’est difficile de leur en vouloir. On aimerait une musique plus brute, moins apprêtée. Continuer la lecture