Entre noir et désespoir
John Edgar Wideman est un des grands écrivains des Villes américaines qu’il sait investir via ses ghettos noirs. Philadelphie marquée par la présence de Benjamin Franklin, Pittsburgh par son aciérie envahissant toute la ville dans le passé -, ont ouvert leurs cœurs à la plume de John Edgar. Il a su rendre hommage à Frantz Fanon et à tous les Africains débarqués sur ce sol américain par les Négriers pour devenir leur terre… restée inhospitalière malgré l’ancienneté de leur enracinement.
Pour ce recueil de nouvelles, « Mémoires d’Amérique », il se déplace à New York, particulièrement sur le pont de Williamsburg qui relie Manhattan – une île bordée par l’Hudson River d’un côté et l’East River de l’autre – à Brooklyn. Le pont est connu de tous les amateurs de jazz par le biais de Sonny Rollins, un saxophoniste ténor qui a transcendé le 20e siècle. Il avait fait du pont au début des années 1960, son lieu de répétition. Au milieu du bruit des voitures, des sifflets des cyclistes et des conversations des piétons se rendant à Brooklyn ou en venant. Sans parler des suicidaires qui veulent enjamber la rambarde ou des joggers courant d’un sens puis dans l’autre dans une tornade de folie improductive comme pour lutter contre la profitabilité, marque de fabrique de la ville qui ne dort jamais comme dit la chanson « New York, New York » du film de Scorcese au titre éponyme. Continuer la lecture