JAZZ, LITTÉRATURE ET SOCIÉTÉ AMÉRICAINE
Le jazz, musique de notre temps, et un temps musique de notre futur rêvé, aujourd’hui devenu musique de notre présent, de ce présent encombré du passé, comme s’il pesait de tout son poids pour empêcher l’apparition d’un futur non désiré, trop neuf aux yeux de ce passé trop vieux. L’ensemble de ce qu’on a coutume d’appeler, faute d’un terme plus évocateur, l’art, semble faire du surplace, essayant de régler les comptes avec tous les passés, comme si cette étape était forcément nécessaire pour aller de l’avant. L’architecture est, comme à l’habitude, le révélateur de ce sur place. Le faux concept à la mode vient d’ailleurs de cette discipline. On parle d’une ère « postmoderne »,1 pour qualifier l’architecture de notre présent, manière de dire qu’elle n’existe pas. Actuellement tout est « postmoderne », autrement dit encore, le cri, partie essentielle de la création artistique, a disparu. Tout est lisse. Surtout ne pas faire de vagues. Ressembler à son voisin, plus qu’à soi-même, tel semble être le nouvel impératif catégorique. Le jazz, bien sur, n’échappe à cette folie fin de millénaire, pas plus que le cinéma, qui, un peu plus tard que le jazz, fêtera son centenaire, en 1995.2 Continuer la lecture