Autour du 70e anniversaire du débarquement, côté jazz.

Commémorer ou rendre vivante l’époque passée. Comprendre et non pas célébrer.

Le Conseil régional de Basse-Normandie et d’autres institutions veulent fêter ce 70e anniversaire du débarquement. Les commémorations ont un côté factice et contraire à la méthode des sciences sociales. Valoriser n’a aucun sens. Comme faire passer l’idée que c’était mieux avant…
Il faut se servir de cet éclairage pour rendre vivantes les révolutions de ce temps passé. Elles sont nombreuses sur le terrain social, économique et… culturel. Le Jazz, une fois encore donne le ton, le rythme de l’époque, le son de toutes ces transformations en cours.
Le festival de Jazz de Coutances en parlera comme il est logique. Dans ces années de guerre, le jazz s’est outrepassé, devenant bebop – une onomatopée provenant, d’après le poète Langston Hughes qui publiait des chroniques de Mr Simple, du bruit de la matraque du policier irlandais sur la tête du Noir. Il débarque, fin février 1946 salle Pleyel pour une série de concerts de l’orchestre de « Dizzy » Gillespie. L’enregistrement pirate – donc de mauvaise qualité technique – date du 26 février. Une bataille d’Hernani, comme seule la France en a le secret, s’ensuivit. Pour les contemporains le choc changea leur vie. Daniel Filippachi, à la suite de beaucoup d’autres, s’en souvient encore. Le Bird, quant à lui, attendra 1949…
C’était la deuxième fois que le jazz débarquait. la première ce fut les 31 décembre 1917 et le 1er janvier 1918…
Nicolas Béniès.

Ci-après le texte de présentation pour les médiathèques autour du 70e anniversaire du débarquement.

je serai à Argentan, Granville, Coutances… Les dates suivront…

Pour la première conférence autour du 6 juin 1944.

6 juin 1944, la mer est rouge du sang de tous ces jeunes gens venus s’échouer sur les plages de Normandie pour libérer un pays qui n’est pas le leur. Cette année 1944 est aussi une grande année pour le jazz, l’année d’une révolution esthétique qui commence à étendre ses ailes. Charlie Parker met en place la nouvelle grammaire, le nouveau vocabulaire du jazz qui prendra comme nom le bebop. Un débarquement qui provoquera, en France (à Paris) une bataille d’Hernani….

Pour la deuxième conférence, les deux débarquements du jazz, une histoire d’amour en deux temps.

La Première Grande Boucherie Mondiale a chamboulé le monde. Le 20e siècle commence là. La révolution russe de 1917 commence avec le 8 mars, la journée internationale des femmes. Coïncidence révélatrice de cet air du temps, outre atlantique sort le premier disque avec le mot « jass » – orthographié de cette manière pour éviter le scandale. Le jazz, avec Jim Europe – ça ne s’invente pas – Reese débarquera les 31 décembre 1917 et 1er janvier 1018 à Brest et Saint-Nazaire. Une histoire d’amour entre la culture française et le jazz naissait et allait prospérer.
Après le 6 juin 1944 et le « In The Mood » joué par l’orchestre de Glenn Miller, c’est le bebop qui allait représenter l’étendard de la révolte de la jeune génération. Il faudra attendre le deuxième festival international de jazz de mai 1949 pour voir arriver le Bird, Charlie Parker himself. La bataille d’Hernani aurait déjà eu lieu lors du concert du grand orchestre de « Dizzy Gillespie le 20 février 1946… (L’enregistrement publié par Vogue a été réalisé le 26 février mais les concerts avaient commencé le 20 si j’en crois les différents écrits). Le grand amour se poursuivait…

Vous trouverez ci-après une émission que j’avais réalisée en compagnie de Joël Le Tensorer pour le 50e anniversaire en compagnie de Sim Copans, un acteur important pour le jazz, créateur des émissions de jazz sur les antennes de la radio nationale. Sa voix mélodieuse a bercé des générations d’amateur(e)s de jazz. Daniel Nevers était aussi de la partie, de la fête aux jazz. Un des grands introducteurs au jazz, auteur de livrets – surtout pour Frémeaux et associés – où il fait preuve d’un sens de l’humour et de l’ironie comme d’une culture ouverte et complète, il est historien par passion.

Nicolas BENIES.

Rendez-vous de la semaine 28 janvier et 1er février 2014

Le 28, université populaire Économie au Panta Théâtre; de 17h30 à 19h30 pour poursuivre le récit des aventures d’une crise qui ne semble pas se terminer malgré ce qu’en dit le forum de Davis dont nous parlerons…

Le 1er février, au Café Mancel, un voyage dans les nouveautés jazz dans le cadre d’une journée bien chargée. une aire de repos pour entendre une musique du présent.

A vous voir…

Nicolas Béniès.

Une mise en perspective nécessaire sur les peintres mexicains

Les restes d’une exposition.

Les peintres muralistes mexicainsQue reste-t-il d’une exposition lorsqu’elle ferme ses portes ? Le catalogue. Lorsqu’il est signé Serge Fauchereau et qu’il porte sur « Les peintres mexicains 1910-1960 », il devient indispensable. Des muralistes, seuls Diego Rivera et Frida Kahlo sont connus et ont fait l’objet de l’exposition. La biographie de Frida – tout le monde l’appelait par son prénom -, de Hayden Herrera, historienne de l’art vient compléter le catalogue. Les autres peintres, les autres styles ? Leur interdépendance, leur place ? Ce livre vient combler un vide. Serge Fauchereau fait ici un travail de synthèse qui nous ouvre des portes.
« Les peintres mexicains, 1910-1960 », S. Fauchereau, Flammarion ; « Frida, biographie de Frida Kahlo », H. Herrera, Flammarion.

Allez aux concerts

Le jazz se marie avec le bonhomme hiver.

« Sons d’hiver », festival de jazz du Val de Marne s’est installé dans le paysage. Il fête sa 23e année. Un bel âge. Pour son ouverture, le 23 janvier, il propose un duo, Marial Solal, virtuose du piano, né le 23 août 1927 à Alger/Bernard Lubat, piano mais aussi accordéon, batterie, percussions né le 12 juillet 1945 à Uzeste. Ces deux là se connaissent, ils se sont déjà rencontrés. Deux caractères opposés. L’un joue du piano d’abord en lisant puis maintenant en regardant la télé presque 24h sur 24, l’autre se veut plus trublion, plus dérangeant tout en servant la musique. Lubat est souvent imprévisible, une force et une faiblesse. Déstabiliser le compagnon est souvent nécessaire pour lui fait jouer ce qu’il pensait ne pas savoir jouer. Pour dire qu’il ne faudra pas rater cette ouverture. La fermeture, le 16 février, se fera avec un compagnon de toujours de Lubat, le vocaliste/percussionniste André Minvielle pour un « Bal à la java », une musique populaire française que le jazz ne peut oublier. Entretemps il ne faudra pas rater le retour du pianiste Anthony Davis qui avait suscité beaucoup d’espoirs de renouveau dans les années 1990, François Couturier, pianiste secret, l’ONJ, Emile Parisien, Wadada Léo Smith… Soit un mélange qu’il faut saluer de tous les jazz. Le choix sera difficile. Sans compter, comme c’est souvent le cas désormais, les conférences, les concerts gratuits et tout le reste.
Nicolas Béniès.
« Sons d’hiver », du 23 janvier au 16 février, rens. 01 46 87 31 31, www.sonsdhiver.org

Il ne faut pas oublier Nantes…

Pannonica est une scène nantaise de jazz et de musiques improvisées, avec une programmation époustouflante. Pour ce mois de février, « The Boxettes » groupe qui se qualifie de hip obsession et un projet de Alexandre Pierrepont – créateur du label RogueArt pour enregistrer la musique actuelle de Chicago – réunissant deux contrebasses, deux batteries, dont celle de Hamid Drake un des batteurs importants d’aujourd’hui et celle de Ramon Lopez, un autre percussionniste superbe et un saxophoniste alto, Stéphane Payen. « The Bridge », le pont est un titre évident.
Rens. 02 51 72 10 10, billeterie@pannonica.com

La dignité, un mot oublié ?

Une marche de 30 ans.

La marcheA l’automne 1983 des marcheurs se mettent en mouvement. Ils et elles vont traverser la France, faire 1500 kilomètres pour revendiquer rien de moins que les droits élémentaires de tout être humain, l’égalité, la fraternité, la liberté et surtout la dignité. Bouzid Kara fait partie de cette première cohorte, avant le succès retentissant mais éphémère. En 1984, il publie ce livre « La marche ». Actes Sud le republie avec des photos de Farid L’Haoua pour que le travail de mémoire reste à l’ordre du jour. Cette marche c’était un cri. A-t-il été entendu ? Notre société a-t-elle changé ? La revendication a-t-elle été prise en compte ? Ce témoignage repose toutes les questions concernant notre manière de vivre ensemble. Des interrogations nécessaires au moment où la recherche de boucs émissaires bat son plein. La marche c’est aussi une sorte de leçon philosophique pour aller à la rencontre de l’Autre. De faire le premier pas…
Nicolas Béniès.
« La marche. Les carnets d’un marcheur », Bouzid, Sindbad/Actes Sud.

Nouveautés polar, janvier 2014

Un drôle de jardin !

le jardin des puissantsBruno Jacquin, pour son entrée en littérature côté polar, n’a pas craint les embûches. Une enquête de deux journalises, l’un Anglais, l’autre français sur un massacre au Niger suivi d’un autre massacre pour cacher le premier. Les éléments s’assemblent un à un à partir pour former le puzzle d’intérêts enchevêtrés des deux vieilles puissances coloniales se protégeant l’une l’autre tout en défendant son pré carré. Le Niger c’est la source d’uranium pour Areva. Pas évident de mettre en scène tout ce petit monde qui se pense au-dessus des lois. L’actualité démontre tous les jours que la fiction est souvent en deçà d’une réalité où la barbarie est le lot quotidien. Un polar politique comme il se doit, inscrit dans le fonctionnement d’un monde qui a perdu le sens de toutes les valeurs. Les thèmes recoupent ceux du dernier John Le Carré, « Une vérité si délicate » (Le Seuil), dénonciation de la politique imbécile du New Labour. « Le jardin des puissants » – un titre bien trouvé pour situer ces élites autoproclamées qui prétendent diriger les affaires des pays – promet des lendemains qui chantent pour ce genre littéraire. Continuer la lecture

Un maître de l’écriture

Raymond Chandler habillé de neuf

ChandlerLe polar, une littérature de gare ? Les couvertures des pulp fictions, au mauvais papier l’ont longtemps laissées croire. Le classement était facile. En France, la Série noire créée et dirigée par Marcel Duhamel, a renforcé ce cliché. Fait aggravant, Duhamel a voulu mettre au goût du jour quelques grands auteurs du genre en demandant aux traducteur(e)s de réduire le texte pour le faire tenir dans les 124 pages et de le saupoudrer d’argot de l’après seconde guerre mondiale.
Il s’avère que la différenciation qu’il faut faire c’est, comme d’habitude, entre bonne et mauvaise littérature. Les grands auteurs créatifs du polar à commencer par Dashiell Hammett1 sont des romanciers au style classique et épuré. Il faut plutôt regarder du côté de Shakespeare ou de Walt Whitman pour trouver des références à leur manière d’écrire. Continuer la lecture

DICTIONNAIRE

D comme déflation

L’inflation, en novembre 2013, se monte d’après l’INSEE et suivant l’indice des prix à la consommation, à 0,7% soit un niveau très faible. Ce résultat peut sembler bizarre pour les ménages confrontés à la hausse des prix des achats contraints comme l’énergie, le loyer ou les biens de consommation courants qui ont tendance à s’envoler. En 2014, prévoit l’INSEE dans sa dernière note de conjoncture datée de décembre 2013 avec un titre qui a fait réagir notre humoriste national, François Hollande, « Une reprise poussive », l’inflation augmentera via la hausse des taux de la TVA notamment pour s’afficher à 1,1%, un taux faible mais qui se traduira par une baisse affichée du pouvoir d’achat des salariés, le niveau des salaires nominaux restant stable. Continuer la lecture

UP économie

Bonjour,

Le deuxième séminaire de l’UP Économie aura lieu, comme à l’habitude, au Panta Théâtre de 17h30 à 19h30, ce mardi 21. En guise d’introduction, voir « Dictionnaire, D comme déflation ».

Nous aurons 3 séminaires se suivant à une semaine d’intervalle, les 28 janvier, 4 février, 11 février, même heure, même endroit.

A vous voir.

Nicolas BENIES.