Les facteurs de crise financière et économique sont à l’œuvre

La crise diluée dans le vide de la pensée dominante

L’analyse objective de la conjoncture conduit à conclure que les facteurs de crise n’ont jamais été aussi actuels. Sur le terrain économique, le ralentissement de la croissance est visible dans la zone euro, particulièrement en Allemagne plus dépendante du marché mondial que la France. L’économie française amortit le choc de la récession qui vient avec une croissance de 0,2% à 0,4% par trimestre en 2018 et 0,3% pour le premier trimestre 2019 suivant les chiffres publiés par l’INSEE. Le ralentissement est plus prononcé pour l’économie allemande et pour l’ensemble de la zone euro.
La guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis de Trump ralentit plus encore le commerce mondial. Une forme de démondialisation se met en place, alourdie par les discours protectionnistes qui fleurissent partout dans le monde. Le danger des dictatures, fascistes ou non, pointe son nez pour combattre la crise politique profonde qui touche toute la structuration institutionnelle, forme de l’État, partis et syndicats. Continuer la lecture

La politique d’austérité des gouvernements de la zone euro rapproche le risque de récession.


En attendant « Godot la croissance »

La conjoncture économique dans la zone euro est marquée par la récession et la déflation. La baisse des prix constatée sortie usine pour les biens industriels est en lui-même l’indicateur de la surproduction. La politique d’austérité accentue la contraction du marché final et conduit à une baisse des investissements, à la montée du chômage et à une nouvelle crise financière et économique.

La politique budgétaire oriente l’action sur les dépenses publiques dans le sens d’une énorme baisse de 21 milliards d’euros. Du jamais vu. Elle se décompose en :

–7,7 milliards pour l’Etat sous la forme d’une baisse du pouvoir d’achat des fonctionnaires et la réduction de leur nombre sauf pour l’Éducation nationale (+ 9400 postes) et, dans une moindre mesure, pour la Justice et l’Intérieur ; et une diminution du service de la dette (amortissement + intérêts) permise par la faiblesse des taux de l’intérêt. Les marchés financiers prêtent à des taux d’intérêt « réels » – grosso modo la différence entre le taux nominal et le taux d’inflation – négatifs.

-3,7 milliards pour les collectivités territoriales, baisse qui aura un impact récessif sur les investissements publics et se traduira par la dégradation des conditions de vie des populations qui alimentera leur colère sourde. Les jacqueries sont probables. Dans le même temps, le Bâtiment-Travaux Public s’installe dans la récession.

-9,6 milliards pour la Sécurité Sociale dont 3,2 milliards pour la branche maladie. Il est prévu d’économiser 890 millions sur les dépenses hospitalières alors que les hôpitaux sont déjà dans une situation difficile. Des fermetures, des regroupements sont envisagés au détriment du droit fondamental à la santé. Là encore le gouvernement alimente le ressentiment. Comme s’il avait décidé de jouer le vote Front National. Le vote des députés sur la modulation des allocations familiales devrait permettre de rapporter 700 millions. Il est vrai que cette branche de la Sécurité sociale est une branche rapportée. Elle fait plutôt partie de la politique familiale. Mais remettre en cause son caractère universel peut permettre – on entend déjà le Medef – d’élargir cette décision aux autres allocations. Continuer la lecture

Crise du rouble, chute des matières premières

Une crise oubliée, la crise de l’économie russe.

La Russie chancelle malgré ses interventions répétées en Ukraine. Les perspectives de croissance tournent autour de zéro jusqu’en 2017. Le rouble a été attaqué sur les places financières depuis le début de l’année 2014. Malgré les interventions répétées de la BCR – Banque Centrale Russe -, la monnaie russe a perdu 40% par rapport au dollar. Plus encore, entre le 3 et le 7 novembre 2014, plus de 8%.
Jusque là, la BCR et le gouvernement de la Fédération de Russie pratiquaient à la manière de feu le serpent monétaire européen du temps de l’ECU, une marge de fluctuation dans laquelle le rouble pouvait fluctuer par rapport aux autres monnaies, dont le dollar. La spéculation a été trop forte, la méfiance généralisée des marchés financiers a eu raison de cette marge malgré une intervention massive de la BCR qui a utilisé les deux seuls instruments possibles : le rachat massif de sa devise en vendant des devises étrangères qu’elle conservait sous forme de réserves et la hausse du taux directeur de l’intérêt. Continuer la lecture

Lorsque l’économie se livre en livres

EconomieDe la critique du libéralisme à de nouvelles propositions.

1) La crise en questions

Philippe Askenazy et Daniel Cohen récidivent. Sous leur direction, Albin Michel avait publié, en 2008, « 27 questions d’économie contemporaine » – qui, soit dit en passant, parlait peu de la crise systémique qui s’était déclenché, sans les prévenir, le 9 août 2007 – pour brosser un tableau des manques de cette dite science sociale, suivi, en 2010, des « 16 nouvelles questions d’économie contemporaine » qui abordait les causes de la crise financière et celle de l’Etat providence tout en proposant des pistes nouvelles pour l’assurance vieillesse ou la fiscalité. Pistes contestables dont certaines se retrouvent dans la vulgate gouvernementale, séparées de leur environnement théorique. Elles deviennent des « tartes à la crème » – comme le partage de l’espérance de vie entre travail contraint et travail non contraint, expression d’un recul idéologique profond portant sur la réduction du temps de travail – qui ôtent toute saveur au débat théorique sur la nécessité de ces propositions. Le gouvernement actuel rend un bien mauvais service à la cause de la science économique et à la gauche toute entière. Continuer la lecture

Bonne année, article publié dans la revue de l’Ecole Emancipée

2012 est morte, vive 2013

Une accalmie ou la fin de la crise ?

Comme à chaque nouvelle année, les vœux se multiplient. Tout ira mieux en 2013. La preuve ? La crise de l’euro est derrière nous, les marchés financiers sont calmes, les Bourses, en 2012, ont connu une montée régulière même si ses sores sont encore inférieurs à ceux d’avant le troisième acte de la crise en août 20111, les taux d’intérêt pour les emprunts à court terme de la France et à moyen terme pour l’Allemagne sont négatifs, Obama a surmonté la falaise budgétaire… La crise est finie, comme l’a presque dit notre Président de moins en moins normal et de plus en plus sarkozien du moins dans sa communication. Poudre aux yeux ? Continuer la lecture

Aspects de la crise

Crise du travail ou crise du capitalisme ?

Le chômage de masse, son accroissement sans frein, la pauvreté qui en découle pose des questions de fond sur les modalités actuelles du fonctionnement du mode de production capitaliste.1 Les théorisations les plus étranges apparaissent dont la moindre n’est pas celle de la «fin du travail » qui fait florès, tout en déplaçant la problématique. Le problème principal ne serait plus la réalisation du plein emploi, la lutte contre le chômage, mais la définition d’un revenu pour tous, séparé du travail salarié. Cette thèse présente un autre intérêt, pour les tenants du libéralisme, elle fait du travail non-salarié, le travail «indépendant », la forme de travail de l’avenir. Dans le rapport du Plan, « Le travail dans 20 ans »,2 sous la direction de Jean Boissonnat, il était proposé de remplacer le contrat de travail à durée indéterminée – la base du droit du travail – par un contrat d’activité. Les auteurs du rapport ne cachaient pas qu’il faudrait mettre « à plat » tout le droit du travail pour le restructurer de fond en comble. Les libéraux ont applaudi. Dans leur optique le droit du travail représente des « rigidités », empêche l’élargissement de la flexibilité et donc, pour eux – mais ils ne l’ont jamais démontré – les créations d’emploi. Continuer la lecture