Idées cadeaux Musique. Le Patrimoine revisité.

Qui se souvient de Christian Chevallier ?
Arrangeur, compositeur, chef d’orchestre. Salué par l’Académie du Jazz le coffret Frémeaux et Associés qui lui est consacré décoiffe. D’abord parce qu’il reprend la musique du film de Melville, « Deux hommes dans Manhattan » – mystique des films noirs, comme ont uniquement en Français -, avec Martial Solal au piano, ensuite parce qu’il présente les orchestres qu’il a dirigés, enfin parce qu’il donne à Christian la place qui est la sienne. Indispensable.
N.B.
« « Deux hommes dans Manhattan », suivi de l’intégrale Christian Chevallier, le prince du jazz français 1955-1962 », coffret de trois CD, livret de Olivier Julien, Frémeaux et associés

Tout le monde connaît Quincy Jones !
Il fallait bien à la fois se souvenir qu’il fut un chef d’orchestre de jazz, arrangeur, compositeur, qu’il étudia avec Nadia Boulanger et forma un orchestre avec Eddie Barclay. Frémeaux propose de reprendre ses premiers albums sous son nom de 1957 à 1962 en 4 CD – soit l’équivalent de 8 albums et quelques reprises de ses années suédoises en 1953 – pour s’alimenter de ce temps où tout semblait possible. Il faut découvrir aussi les musiciens, musiciennes – la tromboniste Melba Liston, la pianiste Patti Bown – qui forment une cohorte joyeuse et soudée.
N.B.
« Intégrale Quincy Jones, 1957-1962, Soul Bossa Nova », coffret de 4 CD, livret de Olivier Julien, Frémeaux et associés.

Jazz : Deux concerts, « Pour ceux qui aiment le jazz », Olympia, Paris 1961 et 1962

Le 14 mars 1961, Quincy Jones, – « Q » pour la suite, surnom que lui avait donné Frank Sinatra – est à Paris. Un lieu de prédilection et de renouveau pour le jeune chef d’orchestre de 28 ans. En 1960, il avait déjà suscité l’admiration de tous les partisans du Big Band. Il avait créé un grand orchestre dont l’album « Birth Of A Band » témoignait.
A l’Olympia, ce jour là – comme d’habitude à 18 heures et minuit pour laisser la place au programme habituel du lieu -, Quincy tentait d’oublier ses ennuis américains. Il était ruiné, devait beaucoup d’argent et, pour lui, tout allait mal. Il le racontera dans on autobiographie.
L’orchestre formé en 1960, le moment de la naissance de l’orchestre – « The Birth of A Band » était le titre de l’album – avait quelques vedettes déjà confirmées comme Clark Terry, trompettiste, Al Cohn et Zoot Sims aux saxophones. En 1961, les jeunes pousses sont remarquables. A commencer par Freddie Hubbard, 23 ans, trompettiste déjà renommé. Dés son arrivée à New York – il est né à Indianapolis – il fait sensation. Son premier album pour Blue Note, « Open Sesame » est un grand album. Freddie a été choisi par Oliver Nelson, saxophoniste et arrangeur, pour l’enregistrement de « The Blues and the Abstract Truth », un album Impulse, mélange de blues et de musique atonale proche de la dodécaphonie, aux côtés de Bill Evans, Eric Dolphy. Roy Haynes et Paul Chambers. Oliver Nelson sait réaliser ce type de synthèse sans brusquer l’auditeur, par glissements successifs, pour amener l’auditeur à douter de la structure du blues. Un des albums clés du début des années 1960, années révolutionnaires s’il en fût. Le thème d’ouverture de cet album illustre bravement l’orientation contenue dans le titre, le blues et la vérité abstraite, – traduction littérale -, « Stolen Moments », moments volés, superbe élucubration sur le blues mêlé à l’atonalité. Quincy en propose une version personnelle, pleine d’humour lorsqu’on connaît l’original, tout en laissant le champ libre à Hubbard qui n’hésite pas à se citer, un moyen de reconnaissance sans douter pour lui de manière à ne pas se perdre dans l’environnement créé par Quincy. L’improvisation de Eric Dixon – saxophoniste qui fait partie de l’orchestre de Count Basie, que « Q » connaît bien – laisse percer la préférence pour le blues, balancé par le souvenir des études de « Q » avec Nadia Boulanger. Alliance superbe qui permet d’entrevoir d’autres chemins, d’autres moments retrouvés. Continuer la lecture

Live in Paris, 1960

Un Roi à Paris, Olympia 1960

Entre deux « cassages » de l’Olympia – le premier en 1955 avec Sydney Bechet, les autres dans ces curieuses années 1960 où le « yé-yé » dominait – des concerts de jazz eurent lieu dans cette salle qui en garde encore des souvenirs aériens même si elle a été refaite. Bruno Coquatrix, directeur, la prêtait aux présentateurs de l’émission sur Europe 1, « Pour ceux qui aiment le jazz » à 18 heures et à minuit. Daniel Filipacchi et Franck Ténot se faisaient, pour l’occasion, organisateurs de concerts.
D’autres grands concerts de jazz eurent lieu dans cette salle. King Cole à Paris, avec le Quincy Jones B.B.Celui là se fit sous l’égide de Norman Granz qui, pour 3000 dollars – si les souvenirs de Michel Brillé, concepteur de cette collection « Live in Paris » avec Gilles Pétard, sont justes -, avait engagé Nat « King » Cole pour cette tournée européenne dans ces premiers mois de 1960. Souvenez-vous. Quincy Jones, après l’échec de « Free and Easy », une comédie musicale, était en rade, avec son orchestre à Paris – voir, dans cette même collection « Live in Paris », le double album consacré à Quincy et son orchestre – et en demandait qu’à trouver des engagements. Filipacchi en fournissait et… Norman Granz pour accompagner le « crooner » King Cole. Bien sur, l’orchestre eut droit à une première partie mais la vedette, le roi de cette fête c’était Cole. Continuer la lecture