Polar historique

Londres 1381.

Paul Doherty, avec comme détective frère Athelstan, poursuit sa chronique de Londres qui a vu la révolte prendre possession de ses rues. Les séquelles sont encore présentes, les braises peuvent redonner naissance aux feux de l’émeute face à la pauvreté et à la misère augmentée d’un hiver rigoureux. Dans ce contexte, une double affaire occupe le moine, responsable de la paroisse de St Erconwald, une série de meurtres de prostituées dépouillées de leur peau qui donne son titre à ces enquêtes, « L’Écorcheur de Londres », référence à Jack l’éventreur, et des assassinats de moines à l’Abbaye de Westminster liés à des questions de géopolitiques comme on dirait aujourd’hui. Là ce sont les promesses du roi d’Angleterre vis-à-vis de l’Écosse qui sont en jeu. Continuer la lecture

Le coin du polar historique

Intrigues et complots à la cour d’Edouard IV (1471)

Paul Doherty, une usine à lui seul, a commencé la saga de Margaret Beaufort dans « La reine de l’ombre », une qualification qui la pose comme une prétendante au trône d’Angleterre pour son fils, Henri Tudor, exilé. Pour l’heure, en 1471, ce sont les York qui gouvernent. Ils ont vaincu les Lancastre à la bataille de Tewkesbury qui fut, suivant les chroniqueurs, un bain de sang.
Edouard IV gouverne, se méfiant de ses frères, de Margaret pour conserver son pouvoir. Chaque protagoniste essaie d’étendre son champ d’influence à la fois pour consolider ses revenus et affirmer son autorité, sa place. Les complots pullulent. Pourtant, et Doherty, historien spécialiste de cette période, rend justice à Edouard IV qui a réussi à rendre les rues de Londres plus sures. Il n’empêche, « Le complot des ombres », la suite de cette série, décrit abondamment ce Londres envahi par les malfrats de toute sorte – comme à Paris. Une visite guidée, décrite avec acuité tout autant qu’avec amour pour les populations résidentes. Une leçon d’histoire conduite sous la houlette d’une intrigue qui fait la part belle à la constitution d’une police secrète et d’espions au service du pouvoir.
L’intrigue, intéressante dans ce qu’elle contient de la construction d’un État, sert de fil conducteur. Les mêmes « détectives » se retrouvent pour trouver les clés de mystères qui supposent rationalité et déductions holmesiennes. Pour appréhender la place de l’Église catholique dans cette curieuse période.
Une réussite dans ce mélange de références, du roman policier à la Conan Doyle ou Agatha Christie, reprenant ici le thème du meurtre en « portes fermées », à la mise en perspective historique.
Nicolas Béniès.
« Le complot des ombres », Paul Doherty, traduit par Elisabeth Kern, 10/18

Le coin du polar.

Histoires napolitaines

Naples, sale et attirante, pleine de nostalgie, d’histoires étranges inscrites dans un passé jamais dépassé, ville qui ne se rassasie pas de son passé fasciste. Les traces architecturales – le bâtiment de La Poste notamment – présentes et niées tout à la fois ne se voient pas comme lieux de mémoire. Le nom même de Mussolini n’est jamais prononcé mais il reste comme une ombre, celle de ses réalisations et des références inscrites dans le sol.
« Le Noël du commissaire Ricciardi » est celui de l’année 1931. Neuf ans que le fascisme exerce sa loi tout en respectant les traditions surtout religieuses. La Crèche de Noël en fait partie. A quoi correspond-elle ? Quelles sont les légendes autour de chacun des personnages ? Le rôle de Joseph, figure paternelle sans avoir lui-même procréé ? Maurizio de Giovanni raconte ces mythes pour comprendre le meurtre d’un douanier fasciste qui fait son beurre sur la population de pêcheurs et de sa femme, tous les deux égorgés chez eux, dans leur bel appartement. Une plongée dans la psychologie collective et une leçon d’histoire religieuse pour comprendre les ressorts des assassinats. Sans oublier Naples, Noël, « une émotion » écrira l’auteur qui ne dédaigne pas les apartés poétiques ni le contexte politique.
Nicolas Béniès.
« Le Noël du commissaire Ricciardi », Maurizio de Giovanni traduit par Odile Rousseau, Rivages/Noir

Londres 1381
Paul Doherty poursuit les aventures et les enquêtes de Frère Athelstan dans « Pèlerinage mortel » qui se situe à l’été 1381 après la Grande Révolte qui a ensanglanté Londres. La révolte des Hommes Justes a été balayée et la paix armée du Roi est impitoyable pour les pauvres.
Frère Athelstan qui a protégé ses ouailles assiste à une multiplication de meurtres par étranglement sans que les victimes ne donnent de signes de résistance. Il faudra toute la sagacité du Frère pour faire la lumière sur ces mystères qui ont quelque chose à voir avec la politique, la guerre et la diplomatie. L’auteur s’appuie ici sur une réalité historique. Dans ces années une nouvelle donnée surgit : des tueurs professionnels affublés d’un statut de diplomates… A découvrir.
Nicolas Béniès.
« Pèlerinage mortel », Paul Doherty, traduit par Christiane Poussier et Nelly Markovic, 10/18

Portrait de femme
« La face cachée de Ruth Malone » est une quasi enquête sociologique des Etats-Unis du milieu des années 1960. Ruth, 26 ans, mère célibataire de deux enfants, voudrait être reconnue. Comme arme, elle possède son physique et l’art de se maquiller, pas seulement son corps mais aussi son esprit. Mal dans sa peau artificielle, elle est ivre tous les soirs en changeant de partenaire. Elle a quitté son mari qui reste souvent à l’épier. Elle habite un petit appartement dans le Queens, un quartier de New York.
Un mauvais jour ses enfants disparaissent. Ils ont été assassinés. Elle est soupçonnée et emprisonnée. Seul un journaliste amoureux d’elle croît encore à son innocence.
Emma Flint a saisi tous les clichés, tous les préjugés d’une époque qui ne voit les femmes que pute ou mère et refuse une mère célibataire incapable, de ce fait, d’élever ses enfants. La face cachée de Ruth c’est d’être une mère aimante malgré et contre le monde. Une plongée dans un univers pas si éloignée du nôtre. Une grande réussite.
Nicolas Béniès
« La face cachée de Ruth Malone », Emma Flint, traduit par Hélène Amalric, 10/18

Le coin du polar (3)


De Londres à Paris, une même histoire s’écrit.

Dans l’actualité éditoriale de 10/18, du côté des polars historiques et bien ancrés dans l’Histoire, un auteur britannique brosse le tableau de la Grande Révolte à Londres en 1381, première grande révolte de la Ville, une première par rapport aux jacqueries qui continuent de faire mugir les campagnes. Artisans divers, corporations se révoltent face au roi et aux nobles qui les pressure. Paul Doherty poursuit la description du climat qui précède l’éclatement de cette Grande Révolte dans les enquêtes précédentes de Frère Athelstan.
De sont côté le Français Jean d’Aillon décrit la situation de Paris et de ses environs, en 1424, dans cette guerre dite de 100 ans qui a fait une multitude de morts.
L’histoire de ces deux royaumes s’entremêle dans le combat pour l’élargissement du pouvoir de chaque souverain qui doit aussi compter avec sa noblesse.
Une manière agréable de se plonger dans le passé tout en puisant dans la littérature policière – Conan Doyle évidemment pour Jean d’Aillon », les intrigues policières classiques pour Doherty – des références, des enquêtes pour agrémenter l’Histoire d’histoires. Continuer la lecture

Polar historique

Londres février 1381

Paul Doherty la pierre de feuA force de parutions sous des pseudonymes divers, il est facile d’oublier le talent inimitable de conteur de Paul Doherty. Surtout lorsqu’il s’agit des enquêtes du frère Athelstan dans ce Londres de la fin du 14e siècle. Pour les deux dernières parues dans la collection Grands détectives chez 10/18, « Le livre des feux » et « La torche ardente », l’auteur a conservé la même date, le mois, glacial si l’on en croit sa description, de février 1381. C’est le règne du Régent Jean de Gand qui pressure le peuple d’impôt pour enrichir ses collecteurs et lui-même. La révolte gronde dans le Londres populaire. Elle est prête d’éclater. Les populations s’organisent à travers des sociétés secrètes et militaires. Le Frère essaie, par tous les moyens, de protéger sa communauté y compris contre le Régent, avec l’aide du Procureur du Roi, Sir John Cranston. La première tourne autour du « Livre des feux » attribué à Marcus le Grec, des formules permettant de fabriquer des explosifs ou des feux se propageant rapidement sur les habits des personnes visées. Une histoire compliquée d’amour, de haine et de lucre. Continuer la lecture