Le coin du polar

Un nouveau – nouvelle – Détective.

Annelie Wendeberg, née es Allemagne de l’Est, est microbiologiste. Elle se sert de sa matière pour construire des romans policiers qui pourraient s’intituler « scientifiques », comme il en est historique. Elle réunit les deux caractéristiques situant son environnement dans les années de règne de la Reine Victoria, fin du 19e siècle.
Elle décrit la manière de construire des vaccins, ceux du choléra et du tétanos en l’occurrence dans cette Grande-Bretagne victorienne. La structure de cette société ne reconnaît pas aux femmes le droit d’être médecin. Anna Kronberg, notre détective, est obligée de se transformer en Anton Kronberg, le prénom de son père, pour pouvoir exercer son art. Continuer la lecture

Le coin du polar


Visite du nouveau 36 quai des orfèvres…

Le siège de la Police Judiciaire à Paris est un lieu mythique, rempli de toutes ces histoires de policiers et de truands, plus ou moins légendaires à commencer par Vidocq créateur de cette police après avoir été un truand, un lieu aussi agréable avec vue sur la Seine, le Tribunal et le quartier latin. Cette année 2017 verra la fin du « 36 » pour un transfert dans la ZAC de Batignolles, dans le 17e arrondissement. Un changement difficile pour tous les personnels. A voir les photos, le bâtiment est fait d’un grand rectangle en forme d’un Titanic et d’une structure ressemblant à trois voiles allant de la plus petite en haut à la plus grande en bas. Il ne donne pas l’impression de respecter les lois de l’équilibre ou, plus exactement, d’un équilibre flottant comme dans un tableau de la peinture abstraite. Sous un autre angle il prend les traits d’une forteresse qui se veut imprenable, un petit air de château fort stylisé. Continuer la lecture

Le Jazz quand même….


Frontières, je vous hais !

Hubert Dupont, bassiste et contrebassiste, est en train de construire une musique d’un temps qui fait des explosions une manière de survivre en détruisant. Le chamboule tout est devenu le sport à la mode.
Est-il possible de créer dans cet environnement mortifère ? Comment vivre et résister tout en appelant à un monde fraternel de rencontres de cultures pour forger une modernité ? Il a voulu relever le gant en se servant des cultures des opprimés, des cultures qui restent populaires tout en étant savantes. Il a forgé un groupe et des compositions pour répondre aussi à un projet politique, la lutte des Palestiniens pour faire reconnaître leurs droits. « Golan » – dont c’est le volume 2 – en est résulté. Golan est une question de frontières et de définition aussi du possible État palestinien. Un symbole. Continuer la lecture

U.P Jazz du 10 mai 2017 (suite)

Bonjour,

J’ai commencé la présentation de ces deux dernières séance de cette année – nous poursuivrons l’année prochaine pour un voyage de côte à côte, cote à cote – avec l’article intitulé UP du 3 et du 10.
Pour éviter l’encombrement, j’ouvre ce nouvel opus. Pour la suite de ce spécial saxophone.
Pour faire le lien, je vous propose, en ouverture, un enregistrement de 1975 (octobre) réunissant Al Cohn et… Dexter Gordon. Dex, « Long Tall », a une place spécifique dans le jazz des années d’après seconde guerre mondiale. il est l’un des introducteurs du bebop sur la côte ouest. Il est né à LA, son père était dentiste (pour rappel). Al Cohn, né à Brooklyn, est un des représentants des « frères »… Continuer la lecture

Musiques Noires

Une somme.

Jérémie Kroubo Dagnini, auteur d’une thèse sur les musiques jamaïcaines, a voulu interroger les musiques noires pour comprendre leur origine, leur place et leur devenir. Il a fait appel, à des sociologues, ethnologues, philosophes, musiciens… pour évoquer leur diversité. Toutes ont en commun la culture des esclaves déportés lors de ces criminelles « traites négrières », porteurs de ces tambours capables de parler. Le verbe est premier, associé au rythme. Les contributions parlent de jazz, de reggae, de la « dub poetry », du hip-hop, du rap, du gwoka, du zouk… tout en évoquant des questions clés comme le féminisme et la révolte. Révolte contre l’ordre établi, révolte contre l’oppression qui donnent à ces musiques la capacité d’être des musiques de la jeunesse. Continuer la lecture

Essais

La démocratie en faillite ?
Un monde disparaît. Les destructions sont massives. Pas seulement économique ou sociales mais aussi politiques. Un champ de ruines qui ouvre la voie à des interrogations sur les formes de la démocratie, de société à créer. « Nuit debout » a participé de cette interrogation. Matthieu Niango, dans « La démocratie sans maîtres » dresse l’acte d’accusation des « professionnels de la politique » de plus en plus séparés de l’intérêt général, commun. L’auteur se sert de son expérience dans les cabinets ministériels pour illustrer son propos. Stimulant.
« La démocratie sans maîtres », Matthieu Niango, Robert Laffont/Nouvelles mythologies.

Histoire versus identité.
L’insistance actuelle sur l’identité française portée par la droite et l’extrême droite conduit à la négation de l’Histoire. La réédition de la thèse de Suzanne Citron, « Le mythe national, l’histoire de France revisitée » apparaît comme une nécessité, malgré ses 30 ans d’âge. Dans sa préface de 2017, elle fait l’histoire de cette thèse. Elle rappelle qu’il faut distinguer État et Nation et que les « enchaînements de l’histoire nationale sont une mise en scène du 19e siècle » pour mettre en œuvre une démarche critique. Les ruptures sont une composante de l’Histoire. Le travail historique permet une lecture ouverte du présent riche de possibles.
« Le mythe national », Suzanne Citron, Les Éditions de l’Atelier

L’Union Européenne dans la tourmente


Des anniversaires qui interrogent l’avenir

L’UE a du mal à faire le bilan de sa construction. Les gouvernements résistent à la manie des anniversaires. Le Traité de Rome a 60 ans et celui de Maastricht 25 ans…

Le 25 mars 1957 le Traité de Rome est signé par 6 pays, la République Fédérale Allemande, la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Italie. Ils constituent la Communauté Économique Européenne (CEE) pour construire un Marché Commun, une notion qui veut allier à la fois des réalisations économiques et politiques. La grande réalisation de la mise en œuvre de ce Traité à partir des années 1960 : la PAC, la politique agricole commune qui se donnait pour objectif l’autosuffisance alimentaire de la CEE avec la définition d’un « prix vert » sans lien avec le prix du marché mondial. Les avancées supranationales se mettent en place petit à petit et de manière empirique. Continuer la lecture

Le coin du polar

Au cœur de New York

La cathédrale Saint-Patrick est un curieux monument, réplique d’une Eglise de la vieille Irlande du côté du Rockefeller Center, en plein Manhattan au milieu des gratte-ciel qui la surplombent. A Noël, elle fait le plein de curieux et de croyants. C’est dans ce cadre et à cette période que Stéphanie Pintoff situe son « Preneur d’otages » pour un thriller étrange fait de secrets qui relient Eve Rossi, l’agent profileuse du FBI et le preneur d’otages sur fond des effets de la guerre en Afghanistan ou en Irak. En bonne raconteuse d’histoire, elle égrène les révélations et les personnages qui s’agglutinent autour d’elle. Un retournement final à la fois attendu et retors avec ce qu’il faut de « bavures » nécessaires. Une sorte de description des Etats-Unis d’aujourd’hui, de cette folie paranoïaque, de cette colère qui ne trouve pas de débouchés qui se sont vues à l’œuvre avec l’élection de Trump.

Jeux de la vie et jeux d’échecs

Ingrid Astier s’est décidée à se pencher, sans tomber, sur la « Haute Voltige », titre de son dernier roman où passe une pléiade de personnages – elle les présente à la fin – pour répondre à une interrogation centrale qui agite autant le flic, Suarez, que le personnage principal, Ranko, « Qu’est ce que vivre ? » qui passe par comment se sentir vivant. Par le jeu d’échecs jusqu’au mat final ou le pat ? Les noms des personnages sont à clé. Passe un Mesplède – spécialiste du polar – ou d’autres, un petit jeu supplémentaire pour ce gros volume qui est aussi une sorte de « road movie » européen. Elle s’est laissée porter par son imagination. Une manière de se sortir de la poussière qui envahit notre monde. En plus un bonheur d’écriture pour une histoire d’amour impossible qui se termine mal…

« Être ou ne pas Être »

Le Barde, William Shakespeare, est au cœur de cette intrigue se situant dans les derniers moments de vie de la reine Elisabeth, première du nom. Nous sommes à Londres en 1603 et deux comédiens interprétant des ambassadeurs danois dans « Hamlet », sont assassinés. Pourquoi ? Qui est visé ? Les comédiens ou les ambassadeurs aussi présent lors de cette représentation ? « La conspiration du Globe » est la deuxième aventure du capitaine Kassov, Hongrois, ici accompagné de son neveu Mattheus. Le complot n’est pas la partie la plus intéressante. Il faut prêter attention aux descriptions des sortilèges commandés par Shakespeare pour faire apparaître les spectres dont il a besoin pour rendre crédibles les délires de Hamlet. Comme de son théâtre, celui du Globe. Une leçon d’histoire de cet art étrange…
Nicolas Béniès
« Preneur d’otages », Stéphanie Pintoff, traduit par Maxime Shelledy, Mercure Noir ; « Haute Voltige », Ingrid Astier, Série Noire/Gallimard ; « La conspiration du Globe », Thierry Bourcy et François-Henri Soulié, 10/18/Grands détectives.

(Re)découvrir

Marxisme étatsunien

Les années 1960 sont celles des polémiques autour des conceptions du marxisme, du rapport de Marx a Hegel et de la nature de l’URSS, capitalisme d’Etat ou « État ouvrier bureaucratiquement dégénéré ». Polémiques qui, aujourd’hui, apparaissent « vieillottes » sinon obsolètes. La lecture de « Marxisme et liberté » de Raya Dunayevskaya (1910-1987 » montre qu’elles recèlent une forme d’actualité. Raya fut secrétaire de Trotski et s’installa aux Etats-Unis où elle rencontra C.L.R. James et Herbert Marcuse. Sa thèse qui se résume en une théorie de la libération, s’appuie sur l’histoire du mouvement ouvrier et mouvement d’émancipation des Africains-Américains, sorte de pont entre l’Europe et les Etats-Unis. Elle veut faire le lien entre théorie et pratique, pratique et théorie en redonnant une grande place à Hegel pour élaborer un « humanisme nouveau » pour réunifier tous les mouvements allant vers l’émancipation des individus. Le concept clé qu’elle utilise, l’aliénation, permet de comprendre son insistance sur la nécessaire libération. Elle gomme, de ce fait, l’importance de l’exploitation et, surtout, des conséquences du « fétichisme de la marchandise » qui va de pair avec la loi de la valeur. Une interprétation du marxisme très en vogue aux Etats-Unis de ces années 60. Continuer la lecture

Jazz sous les Pommiers, 36e éditions

L’Ascension du jazz

flyer_pageCette année se situe après l’élection présidentielle mais avant la fin des élections législatives. Un contexte que ne perturbera pas le festival, seulement les festivalières et festivaliers. Le soleil sera de cette fête des jazz et des musiques cousines, un peu de bossa, un peu de funk, un peu de Dub, sans parler du hi hop, du reggae ou du rap comme de l’électro. Il faudra ajouter à ces musiques noires, celle du Portugal – le fado -, de la Turquie – une pensée pour ce pays -, de la Syrie en proie à une répression violente. Les musiques permettent aussi de prendre conscience des drames d’un monde en train d’éclater. Naïssam Jalal, flûtiste franco-syrienne, évoquera les combattants de la liberté en Syrie et en Palestine.
Jazz sous les Pommiers, comme tous les autres festivals, n’oublie pas les scolaires, les jeunes pour les faire pénétrer dans cet univers particulier. Un effort nécessaire pour éviter que le festival ne se fasse à côté d’elles et eux, pour les intégrer et éviter tous les clichés autour du « jazz, musique d’intello ». Continuer la lecture