Le coin du polar

Au cœur de New York

La cathédrale Saint-Patrick est un curieux monument, réplique d’une Eglise de la vieille Irlande du côté du Rockefeller Center, en plein Manhattan au milieu des gratte-ciel qui la surplombent. A Noël, elle fait le plein de curieux et de croyants. C’est dans ce cadre et à cette période que Stéphanie Pintoff situe son « Preneur d’otages » pour un thriller étrange fait de secrets qui relient Eve Rossi, l’agent profileuse du FBI et le preneur d’otages sur fond des effets de la guerre en Afghanistan ou en Irak. En bonne raconteuse d’histoire, elle égrène les révélations et les personnages qui s’agglutinent autour d’elle. Un retournement final à la fois attendu et retors avec ce qu’il faut de « bavures » nécessaires. Une sorte de description des Etats-Unis d’aujourd’hui, de cette folie paranoïaque, de cette colère qui ne trouve pas de débouchés qui se sont vues à l’œuvre avec l’élection de Trump.

Jeux de la vie et jeux d’échecs

Ingrid Astier s’est décidée à se pencher, sans tomber, sur la « Haute Voltige », titre de son dernier roman où passe une pléiade de personnages – elle les présente à la fin – pour répondre à une interrogation centrale qui agite autant le flic, Suarez, que le personnage principal, Ranko, « Qu’est ce que vivre ? » qui passe par comment se sentir vivant. Par le jeu d’échecs jusqu’au mat final ou le pat ? Les noms des personnages sont à clé. Passe un Mesplède – spécialiste du polar – ou d’autres, un petit jeu supplémentaire pour ce gros volume qui est aussi une sorte de « road movie » européen. Elle s’est laissée porter par son imagination. Une manière de se sortir de la poussière qui envahit notre monde. En plus un bonheur d’écriture pour une histoire d’amour impossible qui se termine mal…

« Être ou ne pas Être »

Le Barde, William Shakespeare, est au cœur de cette intrigue se situant dans les derniers moments de vie de la reine Elisabeth, première du nom. Nous sommes à Londres en 1603 et deux comédiens interprétant des ambassadeurs danois dans « Hamlet », sont assassinés. Pourquoi ? Qui est visé ? Les comédiens ou les ambassadeurs aussi présent lors de cette représentation ? « La conspiration du Globe » est la deuxième aventure du capitaine Kassov, Hongrois, ici accompagné de son neveu Mattheus. Le complot n’est pas la partie la plus intéressante. Il faut prêter attention aux descriptions des sortilèges commandés par Shakespeare pour faire apparaître les spectres dont il a besoin pour rendre crédibles les délires de Hamlet. Comme de son théâtre, celui du Globe. Une leçon d’histoire de cet art étrange…
Nicolas Béniès
« Preneur d’otages », Stéphanie Pintoff, traduit par Maxime Shelledy, Mercure Noir ; « Haute Voltige », Ingrid Astier, Série Noire/Gallimard ; « La conspiration du Globe », Thierry Bourcy et François-Henri Soulié, 10/18/Grands détectives.