Les communismes

POUR UN PREMIER BILAN DU XXe
Le court XXe siècle,1914-1989, pour citer Eric Hobsbawm, a été
souvent qualifié « siècle communiste ». L’effondrement de
l’URSS, le passage au capitalisme rapide des anciens pays de
l’Europe de l’Est comme de la Chine ont été très peu analysés. Le bilan et du stalinisme et du xxe siècle n’ont pas
encore été tirés. Georges Vidal dans cette Histoire des communismes au XXe siècle propose d’ouvrir ce chantier. Il
envisage la diversité de ce phénomène et découpe cette histoire en plusieurs périodes. Le débat pourrait s’engager sur
des bases sérieuses.
N. B.
Histoire des communismes au xxe siècle, G. Vidal, Ellipses

LES DROITS DE L’HOMME À LA QUESTION

La religion des droits des droits de l’homme.

Au commencement était la Révolution française, celle de 1789. Valentine Zuber, dans « Le Culte des droits de l’homme » explique, décrit la genèse de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Faisant œuvre d’historienne, elle poursuit sur cette lancée en rappelant les réactions suscitées lors du Bicentenaire, en 1989. Cette commémoration avait montré un très fort refus du fait révolutionnaire et un rejet de cette déclaration.
Elle en arrive à sa thèse centrale : la victoire sans appel
de la défense des droits de l’homme, avec toutes ses limites et ses ambiguïtés, se traduit par la sécularisation de la foi. La croyance dans les droits de l’homme est une des composantes actuelle de la laïcité. Ce « culte » est révélateur d’une société qui a épuisé ses idéologies. Ces droits sont le pendant d’un libéralisme effréné qui provoque une montée des
éclatements sociaux et des communautarismes reposant sur des dogmes religieux. La politique, au sens de projet de société, recule, s’évanouit et le futur n’existe plus.
Elle en conclut que « le culte des droits de l’homme »
est préférable à l’emprise des religions sectarisées, sans
être une manière de lutter contre les communautarismes qui marquent notre monde.
Cette conclusion ouvre grande la porte à d’autres réflexions sur des reculs idéologiques du mouvement ouvrier, comme l’idée même du socialisme permettant d’ouvrir une alternative de transformation sociale face au capitalisme.
Les droits de l’homme représentent un succédané à l’absence de valeurs communes. Les solidarités collectives ont tendance à disparaître, comme les services publics, laissant les individus isolés et sans perspective d’ensemble.
Le mouvement ouvrier devrait ouvrir le chantier d’une refondation idéologique.
Nicolas Béniès
Le Culte des droits de l’homme,Valentine Zuber, Gallimard/Bibliothèque des Sciences humaines.

Amos Gitaï, cinéaste de la mémoire

Réflexions sur la création.

Amos Gitai est sans conteste un des grands cinéastes de notre temps. Il a offert ses archives, plus de 80 films, à la cinémathèque française. L’exposition, « Amos Gitai, architecte de la mémoire », un titre qui pourrait servir d’exergue à la plupart des grandes œuvres artistiques, permet de cheminer en sa compagnie. C’est une grande partie de notre histoire, via celle d’Israël, qu’il nous fait visiter. Le livre qui porte le même titre n’est pas un catalogue. C’est une œuvre supplémentaire du cinéaste par les regards croisés des critiques et des rencontres qu’il a suscitées. Une manière d’inviter ses fantômes dont certains nous sont familiers.
N.B.

Le coin du polar

A propos de mémoire…

Il faut décerner, en ces temps de commémoration, la palme de la mémoire à Gérard Delteil. « Les années rouge et noir » sont une évocation des ambiguïtés de la Libération et des années qui suivirent, du chantage de l’extrême droite en possession de documents compromettants – des fiches perforées de chez Bull en l’occurrence –, du SAC gaulliste, des coups d’État ramenant le Général de Gaulle au pouvoir et surtout la perte de toutes les illusions dans tous les camps comme une recomposition de la mémoire pour faire oublier toutes les responsabilités dans la période trouble du régime fasciste de Vichy. A coups de « flashs mémoriels », Delteil réussi à faire œuvre de mémorialiste tout en suggérant des pistes latentes. Un polar, un vrai avec l’assassinat de tous les espoirs portés par la Libération. (voir aussi ma chronique sur le site) Continuer la lecture

Une réflexion nécessaire

Le précaire, un nouveau statut dans le salariat ?

Le point de départ des analyses de la précarité se trouvent en deux ouvrages fondateurs qui tous deux voulaient lutter contre le concept caoutchouteux d’exclusion, très à la mode dans les années 1970-80, qui ne permettaient pas de situer la question. Robert Castel dans « Les métamorphoses de la question sociale » (Fayard, 1995 réédité en Folio) créait le concept de « désaffiliation » pour indiquer les salariés sans statut, de ces statuts construits dans la période 1955-1975 par les droits du travail et de la Sécurité sociale et Serge Paugam celui de « disqualification sociale », dans le livre qui porte ce titre (PUF, 1991). Continuer la lecture

Sur les politiques économiques

Quand la déflation est là…

Le discours politique baigne dans l’idéologie la plus rétrograde. Le libéralisme, en crise depuis l’entrée dans la crise systémique en août 2007, continue de générer ses effets sur les politiques mises en œuvre. Politique de l’offre et politique d’austérité sont les seules références des gouvernements des pays de l’Union Européenne, sans chercher à comprendre qu’elles correspondent à une période dépassée.
Le maître mot, compétitivité, cache des réalités plus triviales : la baisse du coût du travail via une régression sociale de grande profondeur. Politiques d’entreprise et étatiques se conjuguent pour déstructurer la forme sociale de l’Etat. Le seul noyau rationnel de ces politiques n’appartient pas au domaine de l’économie mais à celui de la lutte des classes, les capitalistes veulent infliger une défaite totale à ce qui reste de la classe ouvrière. Ce n’est pas une stratégie, le capitalisme se contentant de suivre sa pente en la descendant, aucun avenir n’est dessiné, aucun récit ne se structure. Continuer la lecture

Les femmes du JAZZ, Mary-Lou Williams

A Mary Lou, en mémoire de toutes les femmes ignorées

Il a fallu attendre. Consacrer un coffret de trois CD pour faire vivre l’art magnifique et original d’une des musiciennes, Mary Lou Williams, qui ont marqué l’histoire du jazz, avait l’air d’une entreprise périlleuse. Enfin, il est là. Jean-Paul Ricard signe un livret d’une grande justesse pour rendre sa place à la pianiste/compositeure – que je préfère à compositrice.
Notre présent est fait de commémorations du passé. Tout est bon pour faire oublier les causes des événements pour se contenter uniquement d’émotions, de ressentis. Il est, pourtant, des anniversaires qui s’oublient. Celui de Mary Lou en fait partie. Continuer la lecture

Des émissions autour du 6 juin

Bonjour,

Zone d’ondes émet du château de Creuilly les 6, 7 et juin pour évoquer la radio du débarquement. Vous pouvez m’y retrouver pour des émissions autour de mon livre « Le souffle de la liberté ». Et beaucoup d’autres choses…

Le lien à copier

zonesdondes.org

Nicolas.

Le coin du polar (3)

Un premier roman…gris

Michael Kardos est professeur de littérature et a décidé de se lancer dans le roman noir. Dans « Une affaire de trois jours », il met en scène trois amis qui se retrouvent chez Will, un ancien musicien devenu ingénieur du son, Nolan, un homme politique Démocrate qui brigue un poste de sénateur et Jeffrey, ancien musicien lui aussi, devenu informaticien à la tête d’une start up en passe de faire une faillite retentissante. Continuer la lecture

Le coin du polar (2)

Entre polar et science fiction.

« Silo », le premier opus de cette trilogie signée Hugh Howey, avait réussi à nous transporter dans un avenir indéterminé où les êtres humains vivaient sous terre. Les luttes de classe avaient quand même lieu entre le haut et le bas, les dirigeants et les travailleurs. A la fin de ce premier tome, le haut ne semblait plus savoir gouverner. Juliette, une marginale, avait découvert que son silo n’était pas seul, qu’il en existait d’autres. Ils étaient numérotés.
Pour « Silo, origines », le retour en arrière permet de comprendre l’histoire, le contexte et les formes du pouvoir créées par un démiurge qui s’est voulu Dieu lui-même, Thurman. Est-il possible d’usurper le nom de Dieu ? A l’évidence. Il suffit de se faire appeler Dieu… Continuer la lecture