La religion des droits des droits de l’homme.
Au commencement était la Révolution française, celle de 1789. Valentine Zuber, dans « Le Culte des droits de l’homme » explique, décrit la genèse de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Faisant œuvre d’historienne, elle poursuit sur cette lancée en rappelant les réactions suscitées lors du Bicentenaire, en 1989. Cette commémoration avait montré un très fort refus du fait révolutionnaire et un rejet de cette déclaration.
Elle en arrive à sa thèse centrale : la victoire sans appel
de la défense des droits de l’homme, avec toutes ses limites et ses ambiguïtés, se traduit par la sécularisation de la foi. La croyance dans les droits de l’homme est une des composantes actuelle de la laïcité. Ce « culte » est révélateur d’une société qui a épuisé ses idéologies. Ces droits sont le pendant d’un libéralisme effréné qui provoque une montée des
éclatements sociaux et des communautarismes reposant sur des dogmes religieux. La politique, au sens de projet de société, recule, s’évanouit et le futur n’existe plus.
Elle en conclut que « le culte des droits de l’homme »
est préférable à l’emprise des religions sectarisées, sans
être une manière de lutter contre les communautarismes qui marquent notre monde.
Cette conclusion ouvre grande la porte à d’autres réflexions sur des reculs idéologiques du mouvement ouvrier, comme l’idée même du socialisme permettant d’ouvrir une alternative de transformation sociale face au capitalisme.
Les droits de l’homme représentent un succédané à l’absence de valeurs communes. Les solidarités collectives ont tendance à disparaître, comme les services publics, laissant les individus isolés et sans perspective d’ensemble.
Le mouvement ouvrier devrait ouvrir le chantier d’une refondation idéologique.
Nicolas Béniès
Le Culte des droits de l’homme,Valentine Zuber, Gallimard/Bibliothèque des Sciences humaines.