Le coin du polar

Vagabondages

Martyn Waites a été, comme beaucoup de ses contemporains, durement marqué par la défaite des mineurs en 1984. Thatcher, Premier ministre en 1979, a conduit la lutte des classes avec tous les moyens à sa disposition, policiers et idéologiques. Elle a mis en œuvre une véritable stratégie de combat que le syndicat des mineurs conduit par Scargill a mis du temps à comprendre. Il faut dire que le dirigeant du syndicat avait demandé en vain la décision d’une grève générale. Comme souvent, elle est tardive mais elle durera tout de même un an. L’âpreté du combat de classe est rendue à travers le parcours de personnages façonné par le conflit lui-même dont un journaliste qui enquête aussi sur son passé. « Né sous les coups » fait l’aller retour entre « avant » et « maintenant » pour dessiner le paysage issu de cette défaite. Un grand roman social.
Difficile, semblait-il, de faire mieux ou différemment. Waites réussit ce tour de force avec « La chambre blanche », l’antichambre de la mort. Même lieu, Newcastle et cette Angleterre – au sens strict – un peu mystérieuse, brumeuse secouée d’éclats de violence et de rire, d’explosions de fraternité et de corruption. Remontons le temps. 1946 pour suivre un leader travailliste qui donne l’impression de vouloir changer la vie en détruisant les taudis et en construisant de grandes cités. L’exclusion, la surexploitation des salariés, le gangstérisme, la corruption. Une fresque sociale de cette ville, des personnages qui incarnent ces concepts pour une intrigue qui même ingrédients du polar, du social pour une grande littérature. La révolte, la colère suinte quasiment à chaque page. Continuer la lecture

Le coin du polar

A propos de mémoire…

Il faut décerner, en ces temps de commémoration, la palme de la mémoire à Gérard Delteil. « Les années rouge et noir » sont une évocation des ambiguïtés de la Libération et des années qui suivirent, du chantage de l’extrême droite en possession de documents compromettants – des fiches perforées de chez Bull en l’occurrence –, du SAC gaulliste, des coups d’État ramenant le Général de Gaulle au pouvoir et surtout la perte de toutes les illusions dans tous les camps comme une recomposition de la mémoire pour faire oublier toutes les responsabilités dans la période trouble du régime fasciste de Vichy. A coups de « flashs mémoriels », Delteil réussi à faire œuvre de mémorialiste tout en suggérant des pistes latentes. Un polar, un vrai avec l’assassinat de tous les espoirs portés par la Libération. (voir aussi ma chronique sur le site) Continuer la lecture