Polar de Florence.

L’enquêteur humaniste.

Mario Vichi Commissaire BodelliMarco Vichi a construit sa figure de détective privé dans le contexte de la ville de Florence qu’il met en scène en même temps que son commissaire, Bordelli. Un célibataire de 53 ans qui attend la femme de sa vie. En 1963, les souvenirs de la guerre ne sont pas encore effacés. Ils structurent le présent. Une guerre qui a partagé l’Italie entre les partisans de Mussolini, les Résistants et tous les autres. L’auteur s’est servi des histoires que lui racontait son père pour les offrir à son commissaire. Le nom n’est sans doute pas choisi au hasard. Il faut dire que cet homme n’enferme pas les petits délinquants, ni les auteurs de petits délits. Il a une conscience sociale développée sans être, apparemment du moins, membre du P.C.I., parti communiste italien, bien qu’il puisse emprunter la via Gramsci. Continuer la lecture

Le coin du polar

Vagabondages

Martyn Waites a été, comme beaucoup de ses contemporains, durement marqué par la défaite des mineurs en 1984. Thatcher, Premier ministre en 1979, a conduit la lutte des classes avec tous les moyens à sa disposition, policiers et idéologiques. Elle a mis en œuvre une véritable stratégie de combat que le syndicat des mineurs conduit par Scargill a mis du temps à comprendre. Il faut dire que le dirigeant du syndicat avait demandé en vain la décision d’une grève générale. Comme souvent, elle est tardive mais elle durera tout de même un an. L’âpreté du combat de classe est rendue à travers le parcours de personnages façonné par le conflit lui-même dont un journaliste qui enquête aussi sur son passé. « Né sous les coups » fait l’aller retour entre « avant » et « maintenant » pour dessiner le paysage issu de cette défaite. Un grand roman social.
Difficile, semblait-il, de faire mieux ou différemment. Waites réussit ce tour de force avec « La chambre blanche », l’antichambre de la mort. Même lieu, Newcastle et cette Angleterre – au sens strict – un peu mystérieuse, brumeuse secouée d’éclats de violence et de rire, d’explosions de fraternité et de corruption. Remontons le temps. 1946 pour suivre un leader travailliste qui donne l’impression de vouloir changer la vie en détruisant les taudis et en construisant de grandes cités. L’exclusion, la surexploitation des salariés, le gangstérisme, la corruption. Une fresque sociale de cette ville, des personnages qui incarnent ces concepts pour une intrigue qui même ingrédients du polar, du social pour une grande littérature. La révolte, la colère suinte quasiment à chaque page. Continuer la lecture