Jazz, Bousculer la tradition pour la faire vivre : de la Suisse à Chet Baker

La musique de la Suisse dans l »œil du jazz

Florian Favre, pianiste et Suisse de Fribourg, veut, dans cet album au titre plein de passé qui pourrait le faire passer pour un nostalgique, « Idantitâ », rendre actuelle la tradition musicale de son pays tout en proposant, aussi au piano préparé comme à la voix, des portraits. Dans le nom du label – Traumton – figure le rêve d’un avenir fraternel qui retrouverait ses racines pour dialoguer avec l’autre échanger et créer. Continuer la lecture

Jazz. Coffret Helen Merrill

Pour la gloire de Helen Merrill
Née Jelena Ana Miltecic en 1930 à New York (et toujours vivante), Helen a été l’une des grandes vocalistes du jazz dans le milieu des années 1950. Elle a été redécouverte grâce à Jean-Jacques Pussiau pour son label OWL dans les années 1980. Ce coffret de 4 CD, intitulé « Anything Goes » (tout est permis), permet de l’entendre à ses débuts et ses débuts sont remarquables notamment par la collaboration avec Quincy Jones et la présence de Clifford Brown, trompettiste prodigieux, mort un juin 1956.
Les autres albums réunis dans ce premier coffret montrent qu’elle hésite sur la voie à suivre. Vraisemblablement son agent ne lui propose pas que des projets « jazz » mais aussi de la « variété ». Il faut bien essayer de vivre. Elle fait montre de sa volonté à dépasser le matériau proposé,pour l’enrober de sa voix étrange teinté d’un halo brumeux.
Elle endossera le rôle de la blonde pour l’abandonner dans son dernier album publié reprenant son nom de naissance. A (re)découvrir.
N.B.
« Anything Goes », « The Complete 1952-60 », Helen Merrill, livret de Olivier Julien, Frémeaux et associés

Jazz : Kendra Morris, chanteuse et Daniel Erdmann/Christophe Maguet. Nine lives pronto

Faut-il avoir 9 vies ?

Kendra Morris est une chanteuse qui a déjà un passé. « Nine Lives » – 9 vies – marque un nouveau départ. Seule, elle se livre à un exercice, permis sans doute par la pandémie, à la fois intimiste et commun à beaucoup de celles qui ont pris du champ lors des confinements. Sa voix profondément ancrée dans le gospel et la musique soul parle de nous. Les titres mêmes pourraient construire un poème. Une voix qui pénètre dans nos passages secrets pour parler de résistance, de dignité, de force collective. Seule pour faire penser à New York, la ville de Kendra, désertée par les touristes et le travail à domicile. La ville qui ne dort jamais se trouvait dépourvue des bruits traditionnels. Continuer la lecture

Deux liens pour écouter mes émissions

Le premier lien ci-après pour écouter une série d’émissions intitulée le jazz késako, qui inclut un programme autour du 100e anniversaire de la radio, les liens entre la radio et le jazz, une émission sur Brassens et ses liens toujours avec le jazz, et l’histoire du jazz à travers l’histoire de la batterie

https://radio-toucaen.fr/programme/jazz-kesako/

Le deuxième lien permet d’écouter les nouveautés en jazz.

https://radio-toucaen.fr/programme/les-nouvelles-nouveautes/

Jazz. Le monde de Sylvain Cathala

Musiques de notre présent étrange

Les tempêtes dessinent-elles la poésie de notre environnement soumis aux mutations climatiques provoquées par les activités humaines ? Les tempêtes nécessaires redessinent le monde soumis à l’épreuve de ses changements. La poésie de la musique se doit d’exprimer cette entrée dans un temps troublé étrange dans lequel le passé semble le seul avenir. Comme en réponse, Sylvain Cathala, compositeur, découpe le temps, déplace la mesure pour dégager de nouveaux tempos et joue sur les dissonances. Ralentir l’écoulement du temps, étirer la durée pour lutter contre la fatigue des crises, pour trouver de nouvelles raisons de créer. Continuer la lecture

Est-ce vraiment du jazz ? Du Free ?

Un retour explosif

Il était considéré comme enterré sous les coups de pelle répétés du postmodernisme et ne devait pas resurgir. L’ambiance avait changé. La révolution s’en était allée et Trump était venu. Pourtant, non seulement il résiste mais affirme sa force sa puissance, ses revendications et, au-delà de tout, sa joie de créer collectivement. Le titre de l’album du Healing orchestra, sous la direction du pianiste percussionniste Paul Wagonnier, le dit ouvertement « Free Jazz for the people », clin d’œil à une publicité du saxophoniste Charlie Ventura dans les années 1946-47 : « Bop for the people », avec l’idée – une réussite – de rendre accessible au public le plus large la révolution parkérienne.
Le Healing montre la capacité du free jazz d’être de notre temps contrairement à une idée répandue qui fait de cette partie du jazz rien que du bruit. La musique, c’est sa définition, n’est rien de plus que des bruits organisés. Il est nécessaire de découvrir cette musique puissante qui fait la part belle au collectif tout, en laissant chaque individualité s’exprimer. Une dialectique au service de la création pour embarquer musiciens et auditeurs dans un autre monde qui propose d’inscrire le monde tel qu’il se présente à nous dans un mouvement nécessaire de révolte.
Un souffle libre qui redonne du sens au swing, au rythme du cœur, à la tradition à la fois d’Ornette Coleman et d’Albert Ayler. Entrée sans crainte dans cet univers. Il est fait pour vous.
Nicolas Béniès
« Free Jazz for the people », Healing Orchestra, LFDS Records

JAZZ : Rhoda Scott groove comme jamais


Girl Power

Rhoda Scott, organiste « aux pieds nus » faut-il le rappeler, 83 printemps, a construit un quartet de Lady toujours en devenir. Elle a décidé d’aller encore plus loin avec « Lady All Stars », un septet composé de la fine fleur du jazz en France. Sophie Alour, saxophone ténor, Céline Bonacina au saxophone baryton, Lisa Cat-Berro, Géraldine Laurent, les deux au saxophone alto dans des registres différents, Airelle Besson à la trompette et au bugle, Anne Paceo, Julie Saury aux batteries pour créer une musique joyeuse, revendicative, pleine de bruits de cette fureur contre un système capable de discréditer les femmes parce qu’elles sont femmes. En se regroupant, elles montrent aux yeux de tous qu’il est nécessaire de redécouvrir toutes les femmes oubliées enfouies sous le patriarcat ambiant. Des sensibilités différentes pour mettre en œuvre des compositions et arrangements de chacune pour jouer sur les questions réponses entre l’orgue et le petit grand orchestre comme un écrin pour les solistes. Continuer la lecture

Des cadeaux, encore pour soi, pour d’autres, pour le don et son plaisir

Noël, une histoire de dingues », Mark Forsyth (traduit par Thierry Beauchamp, aux éditions du Sonneur), donne le la des fêtes et des commémorations diverses. La naissance de l’enfant Jésus le 25 décembre est un long processus qui s’appuie plus sur les évangiles officieuses que les officielles. Il faut participer de cette élaboration des « fêtes » pour rire des présentations de ce qui est aujourd’hui considérées comme des dogmes qu’il est impossible de contester. L’auteur, érudit, fait partager sa contestation des réalités, résultat souvent d’un enchevêtrement de strates civilisationnelles occultées pour figer le temps. Une leçon d’histoire des mythes, de leur maturation mais aussi des erreurs d’interprétation qui fait de Coca Cola, par exemple, dans sa campagne de pub de 1929, le créateur du costume du Père Noël.
Des histoires à partager en famille et pour briller dans les diner de fêtes ou non. Pour rire et apprendre.
Une bonne introduction à cette époque de cadeaux à ne pas hésiter à (se) faire. Continuer la lecture

Le temps des coffrets.

Les festivals s’essaient à vivre. Le variant actuel devrait, de nouveau, provoquer des règles quelques fois mortelles pour des manifestations en reconquête d’un public. Les clubs de jazz parisiens, le Sunset, le Sunside, envisagent des initiatives mais pour l’instant c’est plutôt l’attente. Il nous faut donc puiser dans d’autres ressources, (re)découvrir notre passé à l’occasion des anniversaires par exemple. Continuer la lecture