Est-ce vraiment du jazz ? Du Free ?

Un retour explosif

Il était considéré comme enterré sous les coups de pelle répétés du postmodernisme et ne devait pas resurgir. L’ambiance avait changé. La révolution s’en était allée et Trump était venu. Pourtant, non seulement il résiste mais affirme sa force sa puissance, ses revendications et, au-delà de tout, sa joie de créer collectivement. Le titre de l’album du Healing orchestra, sous la direction du pianiste percussionniste Paul Wagonnier, le dit ouvertement « Free Jazz for the people », clin d’œil à une publicité du saxophoniste Charlie Ventura dans les années 1946-47 : « Bop for the people », avec l’idée – une réussite – de rendre accessible au public le plus large la révolution parkérienne.
Le Healing montre la capacité du free jazz d’être de notre temps contrairement à une idée répandue qui fait de cette partie du jazz rien que du bruit. La musique, c’est sa définition, n’est rien de plus que des bruits organisés. Il est nécessaire de découvrir cette musique puissante qui fait la part belle au collectif tout, en laissant chaque individualité s’exprimer. Une dialectique au service de la création pour embarquer musiciens et auditeurs dans un autre monde qui propose d’inscrire le monde tel qu’il se présente à nous dans un mouvement nécessaire de révolte.
Un souffle libre qui redonne du sens au swing, au rythme du cœur, à la tradition à la fois d’Ornette Coleman et d’Albert Ayler. Entrée sans crainte dans cet univers. Il est fait pour vous.
Nicolas Béniès
« Free Jazz for the people », Healing Orchestra, LFDS Records