Jazz : Kendra Morris, chanteuse et Daniel Erdmann/Christophe Maguet. Nine lives pronto

Faut-il avoir 9 vies ?

Kendra Morris est une chanteuse qui a déjà un passé. « Nine Lives » – 9 vies – marque un nouveau départ. Seule, elle se livre à un exercice, permis sans doute par la pandémie, à la fois intimiste et commun à beaucoup de celles qui ont pris du champ lors des confinements. Sa voix profondément ancrée dans le gospel et la musique soul parle de nous. Les titres mêmes pourraient construire un poème. Une voix qui pénètre dans nos passages secrets pour parler de résistance, de dignité, de force collective. Seule pour faire penser à New York, la ville de Kendra, désertée par les touristes et le travail à domicile. La ville qui ne dort jamais se trouvait dépourvue des bruits traditionnels.
Il faut l’entendre, découvrir ses mondes pour aussi y puiser de nouvelles manières de vivre.
Un petit reproche : partager les musiques avec d’autres musicien.ne.s enrichit les compositions. Le virus a sans doute obligé Kendra à tout faire elle-même.
Tel que, la voix sait se faire suffisamment habile pour ne pas l’oublier.
Nicolas Béniès
« Nine Lives », Kendra Morris, Karma Chief Records/Modulor music

Quand un saxophoniste rencontre un batteur…
Daniel Erdmann, saxophoniste ténor, et Christophe Maguet, batteur, se sont trouvés. Un miracle assez rare qu’il faut souligner. Le couple dans le jazz est une nécessité pour faire éclore le talent de l’un et de l’autre. Tous deux compositeurs, ils se partagent les thèmes de cet album, « Pronto », une indication de la musique entendue. En compagnie de Hélène Labarrière, contrebassiste au son rond, chaud et sauvage et de Bruno Angelini, pianiste capable de comprendre toutes les nuances, toutes les audaces, le quartet sait s’étendre dans les paysages conçus par Ornette Coleman et surtout Dewey Redman, un musiciens qui sert de référence à beaucoup d’instrumentistes d’aujourd’hui ne voulant pas fouler les mêmes territoires que les tenants d’un post modernisme de bon aloi par les temps qui courent. Des mélodies simples aux rythmes entrecroisés pour dérouter en permettant d’entrer dans d’autres univers. Réminiscences, mémoires parlent, se répondent sans craindre d’évoquer Coltrane ou Albert Ayler.
Une musique qui sait aussi jouer avec nos souvenirs pour continuer l’aventure du jazz sous toutes ses formes et toutes ses existences. « Pronto », entrer dans ces mondes.
Nicolas Béniès
« Pronto », Mélodie en sous-sol/L’Autre Distribution