Pandémie, guerre et marchés financiers

Financiarisation quand tu nous tiens !

Inflation ou marchés financiers déboussolés ?

Depuis plus de 30 ans, les marchés financiers ont étendu leur domination au détriment des États et du bien être des populations. Les décisions prises dans les années 1980 par les gouvernements de déréglementation, notamment dans le domaine financier, montrent toute leur nocivité.

Pendant que les Bourses des pays développés oscillent au gré des annonces de la guerre de Poutine en Ukraine, descente le 24 février, puis remontées en réponse aux possibles pourparlers de paix fin mars, les prix du pétrole et plus généralement de l’énergie comme les matières premières sont orientés à la hausse déterminant une montée des prix jamais vue depuis 1985, de l’ordre de 4,5% en France. Pourquoi cette envolée ? Est-ce de l’inflation ? Continuer la lecture

Sciences sociales. Regards sur un passé dépassé et… présent.


Plusieurs livres analysent l’idéologie dénommée néolibérale.

Bruno Amable, dans « La résistible ascension du néolibéralisme », veut participer de l’économie politique, alliant les différentes branches des sciences sociales pour analyser la « modernisation capitaliste et crise politique en France (1980-2020) ». La référence unique aux modèles néo classiques liés aux préceptes de la « loi du marché » qui réalisent « l’équilibre général » a conduit à une hypermondialisation facteur de désindustrialisation, de privatisations des services publics provoquant des besoins non satisfaits des populations. Les réactions sociales ont, en partie, bloquées le processus prévu. La protection sociale est restée forte en France et les attaques se poursuivent en même temps que les mérites du « modèle français » sont soulignés. La pandémie a rendu visible tous ces mouvements, toutes ces remises en cause tout en actualisant des revendications un peu évanouies comme la réduction du temps de travail. Amable appelle les tenants des politiques néolibérales des « Modernes » mais le virus a mis en lumière qu’ils représentent le passé. Continuer la lecture

Derrière la reprise, le basculement du monde

La pandémie a révélé l’hypermondialisation qui s’est installée depuis les années 2000. Elle a structuré le monde. Les États se sont vus dépossédés de leur pouvoir appuyé sur la création de richesses sur le territoire national. Le processus de financiarisation/désindustrialisation s’est synthétisé dans la place nouvelle des multinationales. La richesse est devenue financière et dépendante des marchés financiers. Le constat a été fait avec Musk. En conséquence, la finance impose ses critères de maximisation du profit à court terme. Il est temps de changer d’orientation stratégique. Continuer la lecture

Polar écologiste en Australie

Découvrir l’absurdité du monde.
Pascal Vatinel dans « Le chant des galahs » fait pénétrer à la fois dans la région quasi désertique de Goldfields-Espérance, en Australie, dans les us et coutumes des Aborigènes et dans la prise de conscience d’un policier honnête qui découvre son pays et ses corruptions comme ses préjugés meurtriers. Continuer la lecture

L’Amérique latine dans la tourmente

Le Covid, révélateur de l’état du monde.

« Contagion virale, contagion économique, risques politiques en Amérique latine », titre à rallonge dont on avait perdu l’habitude, permet à Pierre Salama, spécialiste de l’Amérique latine, sa « seconde patrie », de situer les enjeux des crises actuelles pour l’ensemble des pays du monde en prenant en compte les spécificités de chacun des pays composant l’Amérique latine, Mexique, Brésil, Argentine en particulier. Au-delà des équations personnelles qu’il est nécessaire d’intégrer des traits communs apparaissent comme la montée du populisme ou la place des dogmes religieux. Jairo Bolsonaro, le président brésilien fait figure de caricature à l’instar de Trump tout en révélant des tendances lourdes, la crise politique fondamentalement qui oblige à trouver une idéologie différente qui repose sur le concept flou de « peuple ».
La pandémie a révélé une hyper-globalisation, une forme de la mondialisation qui s’est traduite par la perte de souveraineté des États au profit des firmes multinationales. La désindustrialisation, conséquence de cette structuration du monde, est sensible dans la grande majorité des pays du monde, à l’exception de la Chine devenu filiale d’atelier qui a fait sa force. Pour les grands pays centro et latino-américain, souligne l’auteur, c’est même souvent un processus de « reprimarisation » qui s’effectue, un retour vers les productions du secteur primaire, agricole, pêche, extraction de minerai… .
Le virus a dévoilé les failles béantes d’un processus de développement entravé, d’une stagnation de longue période. Les explications sont diverses et interrogent tous les modèles.
La nécessité de construire des théories du développement – un peu trop laissées de côté dans nos universités – à la fois pour envisager des sorties des crises, sanitaire, économique, financière via l’endettement, et lutter contre les risques politiques du populisme et de la montée dans les couches populaires des évangélistes.
Pierre Salama se propose d’analyser le contexte pour établir un diagnostic nécessaire, vital pour appréhender les racines de la situation actuelle. Cette connaissance du passé est fondamentale pour se projeter dans l’avenir et construire des propositions de réponse. Ainsi éviter le court-termisme pour participer à l’émergence d’un programme qui permette à tous les pays latino-américains, profondément touchés par la pandémie, de renouer avec l’espoir de sociétés moins corrompues et de politiques en faveur du plus grand nombre en luttant contre la marchandisation. Le développement des services publics, et pas seulement celui de la santé, est primordial pour réduire les inégalités, promouvoir les biens communs et satisfaire les besoins fondamentaux des populations.
Nicolas Béniès
« Contagion virale, contagion économique, risques politiques en Amérique latine », Pierre Salama, Éditions du Croquant, 168 p.

Analyser le capitalisme

Pour construire un programme de transformation sociale

Le débat dans le mouvement ouvrier, théorique et pratique, semble tari, asséché. La conversion du Parti Socialiste aux dogmes de l’économie néoclassique commencée par François Mitterrand et achevée par François Hollande La traduction se trouvait dans l’adoption d’une politique d’inspiration néo-libérale, avec sa dimension de remise en cause des libertés démocratiques . L’espoir de changement était enterré, la gauche aussi.
Pourtant, les crises systémiques provoquent des mutations profondes des sociétés et des interrogations sur le capitalisme lui-même. Les États-Unis sont devenus le laboratoire des tendances lourdes qui marquent le monde : le populisme de Trump et la renaissance de l’idée socialiste. La campagne à l’intérieur du parti Démocrate l’a bien montrée.
Thomas Picketty a été un des inspirateurs d’une partie des candidates – Elizabeth Warren en particulier – à l’élection présidentielle. Le capitalisme du 21e siècle a été un grand succès de librairie aux États-Unis. Sa méthode d’investigation fait de recensement de données et de corrélations est une modalité des sciences sociales anglo-saxonnes. Le pragmatisme fait souvent office de théorisations.
Capital et idéologie, son dernier livre, se donne pour but d’expliquer les idéologies qui légitiment les inégalités, un système qui provoque crises et « désaffiliation » – un concept qu’il n’utilise pas – pour permettre la croissance des revenus des 1% les plus riches. Dans des interviews diverses dont une à Alter Eco, il avait quasiment repris le cri de Proudhon « La propriété c’est le vol » en proposant un impôt sur le patrimoine et un revenu universel pour lutter contre l’enrichissement des plus riches. Un programme sympathique a priori. Continuer la lecture

Le capitalisme a un avenir mais est-il éternel pour autant ?

Comment lire le capitalisme et son avenir ?

Branco Milanovic a conçu la « courbe de l’éléphant » – titre son livre précédent, aux éditions de La Découverte – pour faire voir à la fois la montée des inégalités entre les pays et à l’intérieur des pays tout en laissant percevoir les résultats de la croissance des pays asiatiques qui a permis, un temps, la sortie de la pauvreté d’une partie de la population. Une nouvelle classe moyenne était en train de naître dans les pays de la périphérie, à commencer par la Chine.
« Le capitalisme sans rival » est, d’abord la prise en compte de l’entrée dans le 21e siècle qui se signifie par la chute du Mur de Berlin en novembre 1989. A partir de cette date fondatrice, le monde ne connaît plus qu’un mode de production – pour parler comme Marx -, le capitalisme.
L’auteur se réfère à la fois à Marx et à Max Weber pour appréhender la dynamique du capital, en se servant des concepts qu’ils ont forgés sans craindre quelques incohérences dues à des champs théoriques différents. Il se sauve par l’objet même de son travail les raisons des inégalités. Continuer la lecture

De toutes les crises… Où est le changement ?

Crise financière ?

La forte récession s’installe dans l’ensemble des pays du monde. Elle était déjà présente avant même la pandémie. Le virus, comme les mesures prises par les gouvernements ont à la fois révélé, accéléré, approfondi les failles préexistantes. Les crises sont devant nous. Tant que les gouvernements ne prendront pas conscience de la profondeur des réponses qui visent à transformer le type de capitalisme qui s’est mis en place dans les années 1980 et accélérer dans les années 2000. Continuer la lecture

Un plan de relance ? Un budget qui ne l’est pas ? Où est la stratégie ?

Relancer, relancer … Qu’en restera-t-il ?

Jean Casteix, le Premier ministre et non pas Macron, a annoncé un plan de relance de 100 milliards financé en partie par l’Union Européenne, 36 milliards environ, sur deux ans. Du jamais vu depuis les années 1980 qui avait vu triompher les dogmes des économistes néo-classiques, notamment l’équilibre des finances publiques passant par les politiques d’austérité de baisse des dépenses publiques tout en diminuant les impôts pour les plus riches et les entreprises. Du jamais vu non plus du côté de la construction européenne. Mais rien n’est encore fait. L’emprunt européen, avec le soutien de la BCE, n’est pas encore véritablement lancé. Depuis la crise de l’euro de 2010 qui avait marqué la faillite de la construction européenne telle qu’elle s’était mise en place dans les années 2000, les taux d’intérêt de la dette publique des différents pays européens se sont rapprochés tout en conservant un « spread » – un écart – important dû à la crise elle-même- Pour le moment – octobre 2020 – les marchés financiers donnent l’impression d’accepter cet emprunt européen. Les taux d’intérêt, pour souligner le problème, restent négatifs pour l’Allemagne et la France mais très largement positifs pour les autres pays, à commencer par la Grèce.
Il a fallu un virus et la pandémie pour commencer à changer la donne. La pandémie a révélé, accéléré et approfondi toutes les failles de nos sociétés capitalistes. La crise économique est apparue au grand jour. L’INSEE prévoit pour l’année 2020, une baisse du PIB – l’indicateur de la création de richesses – de 9%, un résultat qui pourrait être revu du côté des moins 10. C’est une dépression plus importante, par les chiffres publiés ,que celle de 1929. Continuer la lecture

Le Covid 19 est aussi un révélateur de l’état du monde.

La pandémie signe l’échec d’une mondialisation

Mondialisation, mondialisation disaient-ils en sautant comme des cabris.
La crise sanitaire, mondiale, révèle la forme de la mondialisation qui s’est forgée depuis ces 20 dernières années. Le pouvoir s’est déplacé des États vers les firmes multinationales. Ces dernières ont opéré une internationalisation de la production reposant sur le seul critère de la baisse des coûts du travail pour maximiser leur profit. Les filiales d’ateliers ont prospéré notamment en Chine avec pour résultat la perte de secteurs stratégiques, la pharmacie en particulier, des économies nationales. Le processus de désindustrialisation qui touche toutes les économies développées s’en est trouvé accéléré pour se traduire par la dépendance des pays vis-à-vis des pays possédant les ateliers du monde. A la seule exception de l’Allemagne qui a connu une très forte industrialisation après l’unification des deux Allemagnes liée à une place prépondérante dans les échanges mondiaux. Là gît l’explication de sa capacité à gérer mieux que les autres pays la crise sanitaire, à dépenses égales – environ 11 % du PIB – avec la France. Continuer la lecture