Jazz : Pierre Marcus, sa contrebasse et son chien Django


Suivre la bonne voie comme l’indique le titre de son dernier album, « Following the Right Way » ?

Comme la plupart des musiciens contemporains, Pierre Marcus cherche à trouver sa place à la fois dans le jazz et dans d’autres cultures. Pour cet album, il propose un voyage qui passe par la Grèce, le Congo, le Cameroun, la Bulgarie, Charles Mingus, Thelonious Monk sans compter les évocations de la Baronne Nica – mélangée à une autre, niçoise – et François Chassagnite, trompettiste superbe et professeur du contrebassiste. Continuer la lecture

La Norvège chez ECM

Du côté de chez ECM, un pianiste et un bassiste enregistré à Oslo.

La Norvège fait partie de ces pays qui font peu parler d’eux. C’est une erreur le jazz – ou une musique propre qui a ses racines dans le jazz – y connaît un développement spécifique. Depuis Garbarek, il – ou elle – s’alimente des chansons Tord Gustavsentraditionnelles, comme pour cet album signé par le pianiste Tord Gustavsen, « Extended Circle », « Eg Veit I Himmerik EI Borg », je sais que dans le ciel il y a un château. Une réussite qui sait mêler toutes les références, du gospel à John Coltrane. Le saxophoniste de ce quartet, Tore Brunborg, est à suivre. Il nous réservera de grandes surprises. Un quartet soudé – Mats Eilertsen à la contrebasse et Jarle Vesperad à la batterie, partenaire de longue date du pianiste complètent la formation – pour des compositions signées ou arrangées par le pianiste. Une musique qui semble issu des brumes de ce pays mais qui sait parler de nos angoisses et de nos émotions.
aril AndersenPourquoi cette empathie est-elle en partie absente du trio réuni par le contrebassiste Arild Andersen pour « Mira » ? Difficile à dire. Il manque le presque rien. Leur album précédent, enregistré en public, « Live at Belleville » (ECM), était une petite réussite. Le studio, peut-être, ne leur réussit pas. Non pas que Tommy Smith, saxophoniste et flûte Shakuhachi ou Paolo Vinaccia, batteur ou même le contrebassiste ne fasse pas preuve à la fois de virtuosité et de conviction, d’émotion et de froideur mais ils nous avaient introduit, dans l’album précédent, dans un monde tellement habité, original que celui là à un air de contrées souvent visitées. Il reste un trio qui sait s’écouter et faire tourner les idées.
Nicolas Béniès.
« Extended Circle », Tord Gustavsen Quartet ; « Mira », Arild Andersen, Paolo Vinaccia, Tommy Smith, ECM/Concord.

Nouveautés en jazz, octobre 2013

Rencontre de mondes sous le signe de la révolte.

Hubert Dupont – on dirait un pseudo -, contrebassiste de jazz, chercheur de musiques qui pourraient représenter l’esthétisme d’un 21e siècle en panne de grandes créations collectives. Les utopies de transformation sociale ont disparu du paysage emportées par le tsunami postmoderne.

Le jazz lui-même, et pour la première fois de sa relativement courte histoire, se trouve englué dans la redite. Il fallait en sortir. Les musiques dites du monde – disons plus exactement les autres cultures dont la culture arabo-andalouse riche d’une tradition millénaire – peuvent représenter une porte de sortie qui pourrait être une entrée vers de nouvelles structures. Renaud Garcia-Fons – tiens, un autre bassiste – regarde aussi de ce côté.

Hubert Dupont a décidé de célébrer les noces du jazz – dont il conserve la forme – et des révolutions arabes qui, même si elles marquent le pas, retournent en arrière, en Égypte, en Tunisie, ont quand même changé la face du monde.

Pourront-elles changer le visage de ce siècle nouveau qui a toutes les couleurs du gris ? C’est le pari qu’il voudrait relever avec ses compositions réunies dans cet album Jasmin, les couleurs de cette révolution.

Il s’est entouré de Naïssam Jalal à la flûte, de Youssef Hbeisch aux différentes percussions pour couleur cette couleur singulière, de Nelson Veras à la guitare, plus vigoureux qu’on ne pouvait s’y attendre et de Denis Guivarc’h au saxophone alto qui montre ce qu’un Breton se doit d’attendre de ces rencontres de culture. Le tout est une musique qui doit beaucoup aux rythmes de cette musique arabe d’aujourd’hui et de toujours. Le jazz vient donner un supplément de pulsation sans changer fondamentalement la donne. Dans son genre, c’est une réussite.

Nicolas Béniès.

Jasmin, Hubert Dupont, Ultrack.

Attention : Concert de sortie de l’album, mercredi 9 octobre 2013, à 21 h, au Studio de l’Ermitage, 8 rue de l’Ermitage, Paris 20e