Rencontre de mondes sous le signe de la révolte.
Hubert Dupont – on dirait un pseudo -, contrebassiste de jazz, chercheur de musiques qui pourraient représenter l’esthétisme d’un 21e siècle en panne de grandes créations collectives. Les utopies de transformation sociale ont disparu du paysage emportées par le tsunami postmoderne.
Le jazz lui-même, et pour la première fois de sa relativement courte histoire, se trouve englué dans la redite. Il fallait en sortir. Les musiques dites du monde – disons plus exactement les autres cultures dont la culture arabo-andalouse riche d’une tradition millénaire – peuvent représenter une porte de sortie qui pourrait être une entrée vers de nouvelles structures. Renaud Garcia-Fons – tiens, un autre bassiste – regarde aussi de ce côté.
Hubert Dupont a décidé de célébrer les noces du jazz – dont il conserve la forme – et des révolutions arabes qui, même si elles marquent le pas, retournent en arrière, en Égypte, en Tunisie, ont quand même changé la face du monde.
Pourront-elles changer le visage de ce siècle nouveau qui a toutes les couleurs du gris ? C’est le pari qu’il voudrait relever avec ses compositions réunies dans cet album Jasmin, les couleurs de cette révolution.
Il s’est entouré de Naïssam Jalal à la flûte, de Youssef Hbeisch aux différentes percussions pour couleur cette couleur singulière, de Nelson Veras à la guitare, plus vigoureux qu’on ne pouvait s’y attendre et de Denis Guivarc’h au saxophone alto qui montre ce qu’un Breton se doit d’attendre de ces rencontres de culture. Le tout est une musique qui doit beaucoup aux rythmes de cette musique arabe d’aujourd’hui et de toujours. Le jazz vient donner un supplément de pulsation sans changer fondamentalement la donne. Dans son genre, c’est une réussite.
Nicolas Béniès.
Jasmin, Hubert Dupont, Ultrack.
Attention : Concert de sortie de l’album, mercredi 9 octobre 2013, à 21 h, au Studio de l’Ermitage, 8 rue de l’Ermitage, Paris 20e