Jazz : Archie Shepp entre toutes les mémoires du jazz

Musique de libération

Archie Shepp renoue avec le duo, ici le pianiste Jason Moran, pour une évocation de gospels qui chantent la libération de l’oppression, comme l’affirme le titre « Let My People Go ».
Archie Shepp, légende vivante du jazz – il n’aime pas, un rappel de son âge -, alterne, comme souvent dans ses prestations, entre saxophone soprano et ténor pour crier à la fois la force du jazz et revendiquer la reconnaissance nécessaire des droits des Noirs américains de vivre sur leur sol La sonorité de Shepp est toujours, malgré l’âge, bouleversante, jeune dans sa manière de creuser le son. Il donne l’impression d’être un spéléologue qui transmet les expériences des profondeurs comme si le centre de la terre pouvait s’exprimer. Des vibrations qui pénètrent notre corps en laissant quelques traces. Il est impossible de jurer que le virus est atteint, mais il est possible de le croire. Continuer la lecture

Le jazz dans toutes ses facettes.

Actualités du livre sur le jazz

Coltrane encore et toujours.
Coltrane est mort en juillet 1967. Plus de 50 ans. Et son tombeau est resté ouvert. Sa musique fraternelle, universelle laisse tomber des gouttelettes pour fertiliser un sol qui en a besoin. Il a su faire reculer le gris qui a tendance à envahir le monde. Le « jeune homme en colère » – comme la critique le qualifiait au début des années soixante – s’est transformé en esprit mystique et facétieux, un génie venu habituer notre monde temporairement. Personne ne s’en est vraiment remis. La parution d’un double album miraculeusement retrouvé de 1963 vient, une fois encore, en faire la démonstration. « Both Directions at Once » a été le titre choisi par Universal pour refléter La nouvelle direction prise par Coltrane.
Jean Francheteau, aujourd’hui organisateur de concert, s’est arrêté sur « La décennie fabuleuse », 1957-1967, de « John Coltrane », titre de sa quête. Il passe en revue les enregistrements du saxophoniste, d’abord chez Prestige, puis chez Atlantic et enfin Impulse. Sur ce dernier label, Bob Thiele l’a beaucoup sollicité, au-delà de ce que demandaient les propriétaires. Heureusement. Après la mort de Trane – comme tout le monde l’appelle -, les sorties d’albums posthumes ont permis de le garder vivant. Continuer la lecture

« Sunny » Murray, batteur.

Mort d’un révolutionnaire

Qui aurait pu penser à le voir – une tête à la « Sonny » Liston – dans les années 1960, aux côtés de Albert Ayler, qu’il vivrait jusqu’à cet âge de 81 ans ? Certain-e-s donnent l’impression d’être éternel-le-s, lui non. Le battement sauvage de la batterie donnait l’impression de courir entre les premiers temps du jazz où cette révolte s’exprimait et la modernité d’un temps qui appelait la révolution, le changement brutal. Le tout s’exprimait dans cet instrument créé par le jazz et pour le jazz, un instrument révélateur de toutes les transformations de cette musique à travers le siècle. Des premiers temps où le jazz ne s’appelait pas encore jazz mais ragtime, jusqu’à la révolution totale, puissante du Free-Jazz, la batterie s’est métamorphosée. Continuer la lecture