Cadeaux à faire ou à se faire.

Le temps d’écouter…

Un anniversaire.

2016 fêtait les 30 ans du « Label Bleu » créé en son temps – 1986 donc – par la Maison de la Culture d’Amiens. Un label qui a connu bien des vicissitudes dont une faillite pour renaître récemment. Pour que la fête soit complète, le Label Bleu a choisi de proposer une carte blanche à Henri Texier, contrebassiste, qui a enregistré une vingtaine d’albums « Label Bleu ».
Henri, 70 ans aux prunes, s’est entouré de musiciens de générations différentes, de Michel Portal à Edward Perraud en passant par Thomas de Pourquery, Manu Codjia et Bojan Z. Il manque la génération d’aujourd’hui pour parfaire le tour d’horizon des compositions d’Henri qui marque son parcours et celui du Label Bleu.
Il est possible de dater chacune des compositions proposées à la mémoire de l’auditeur qui connaît sans reconnaître ces thèmes habités qu’ils sont par de nouveaux musiciens.
Une expérience nécessaire, un album du présent que ce « Concert anniversaire 30 ans à la Maison de la culture d’Amiens ».
Nicolas Béniès
« Concert anniversaire, 30 ans à la Maison de la Culture d’Amiens », Label Bleu/L’autre distribution.

Une rencontre entre un pianiste et une écrivaine.
Agnès Desarthe, on s’en souvient, était tombé sous le charme d’un pianiste de jazz et en avait fait un livre « Le roi René (Odile Jacob), où elle racontait ses rencontres avec René Urtreger. En forme de revanche, le pianiste a fait de l’écrivaine, une chanteuse. Agnès a pris comme référence – non avouée – Julie London, actrice qui savait murmurer des mots d’amour sans prétendre à être une vocaliste de jazz. Julie avait fait un succès de « Cry me a river ».
« Premier rendez-vous » est le résultat de ces entretiens autour du livre. Ce n’est pas un tête-à-tête. Géraldine Laurent, saxophoniste alto, déchirante dés le début sur « The Man I Love » qu’elle transfigure et donne à cette reprise de standards pour l’essentiel, la touche qui, sinon, leur aurait manquée. Une mention spéciale aussi au violoniste Alexis Lograda sur « Le premier rendez-vous » et « La géante » deux originaux et le dialogue violon/saxophone alto. La voix de l’écrivaine déraille un peu de temps en temps mais pas suffisamment pour nuire à ces entretiens musicaux.
Pierre Boussaguet, contrebasse, qu’il faut entendre sur la composition la plus connue de René, « Thème pour un ami » montre qu’il a tout entendu et sait rendre l’âme de cet « ami » ; Simon Goubert, batterie, sait se taire à certains moments, se faire discret à d’autres tout en montrant sa capacité à exprimer le rythme fondamental nécessaire à toutes les aventures de tous ces musicien-ne-s. Et René bien sur, ses mémoires, son jeu de piano qui ne reste jamais ancré dans le passé et un accompagnement curieux qui ressort plutôt de la conversation, un art de plus en plus rare.
« Premier rendez-vous » est un de ces disques qui vous restent dans l’oreille comme un murmure du temps.
N.B.
« Premier rendez-vous », René Urtreger, Agnès Desarthe, Naïve/Musicast