Comment être libre ?
La Turquie de Erdogan nous raconterait-elle notre avenir ? Le vide idéologique actuel est comblé par la référence à la religion et au nationalisme le plus éculé pour permettre la mise en place d’un programme qui n’a pas changé et qu’il faut nommer néolibéralisme. Paradoxalement, il s’agit toujours de s’insérer dans le processus de mondialisation actuelle qui fait la part belle à la richesse financière. L’arbitraire policier est une nécessité pour imposer ces politiques.
Particulièrement, depuis le coup d’État avorté de juillet 2016. Le pouvoir a multiplié les arrestations dans tous les milieux, des fonctionnaires aux cadres de l’armée en passant par les journalistes accusés d’être des putschistes. Il fallait faire taire toute opposition. Ahmet Altan, romancier, essayiste et directeur de journal, a fait partie de ceux-là. « Je ne reverrai plus le monde », des « Textes de prison », raconte son arrestation un matin, 45 ans après celle de son père, sans raison officielle. La prison, pour cet homme de 69 ans, a dû être un calvaire. Il conserve son humour et constate les tentatives dérisoires des gardiens.
Poète, il s’évade dans d’autres sphères faisant de l’imagination une des clés de sa liberté. Une grande leçon d’humanité. Il conte aussi sa rencontre avec le juge qui l’accuse, sans preuve, de tentative de putsch. Il est accompagné de ses avocats. La réalité fait bon ménage avec la fiction ^pour provoquer à la fois le rire et la peur. Continuer la lecture
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ça va mieux ?
La crise entre parenthèses
L’analyse de la conjoncture ne peut se limiter à un seul pays. La croissance de l’économie française a enregistré un léger mieux au premier trimestre de 2016, suivant les estimations de l’INSEE provoquant un tonnerre de cocoricos. Pourtant, la situation de l’économie mondiale reste dominée par deux dangers principaux : le ralentissement de l’économie américaine et la politique monétaire de la FED comme de la crise ouverte en Chine.
En convalescence ?
L’économie française « va mieux » et ce n’est pas seulement François Hollande qui l’affirme mais aussi l’INSEE dans son estimation de la croissance du PIB pour le premier trimestre 2016. qui avait prévu 0,4%, et ce serait – l’estimation peut-être revue – 0,5. Pas de quoi fouetter un chat ? Que nenni prétend Michel Sapin, le ministre des finances, c’est une très bonne nouvelle qui a été associée à la baisse du nombre de chômeurs de la catégorie A… pour grossir les catégories B et C, une manière de passer du chômage à la précarité.
La hausse limitée de la croissance s’explique par l’augmentation de la consommation des ménages, +1,2%, moins par celle de l’investissement des entreprises. Pourtant, les marges brutes des entreprises – les profits – se sont bien redressées par l’action sous l’effet du CICE et du « pacte de responsabilité » mais sans action sensible sur l’investissement productif…faute de demandes solvables suffisantes. Il faut rajouter que la consommation des ménages n’avait guère progressé après les attentats de novembre 2015. Un rattrapage a eu lieu, en même temps que les soldes au premier trimestre de 2016. Ce résultat risque d’être une exception. D’autant que la zone euro connaîtra une faible croissance de l’ordre de 1,6%, suivant selon la Commission Européenne, et se trouve minée par la récession en Grèce et en Espagne. La politique d’austérité est sur la sellette malgré les injonctions de Bruxelles pour encore plus baisser les retraites et compresser les minima sociaux. Une politique qui se traduira par la poursuite du processus déflationniste malgré la politique expansive de la BCE. Continuer la lecture
Regarder la France
Voir la France d’un œil étonné.
Deux « Atlas » publiés par les éditions Autrement permettent de regarder notre curieux pays différemment. « Atlas de la France incroyable » dessine un espace géographique inédit de la part de Olivier Marchon – un nom qui sonne comme un pseudo, trop près de son sujet en quelque sorte. Sans répéter la préface de François Morel qui parle d’un Atlas indispensable et inutile mais fait pour rêver, il faut dire que les découvertes sont multiples. La première carte intitulée « La France est un pays » donne le ton. France des géographes où il fait bon vivre en solitaires (ou pas), pour reprendre les légendes de cette carte. 36 681 communes recensées dans les quelles le préfixe « Saint » est le répandu, aux noms exotiques comme « Plaisir », « Bidon », « Oz » – on cherche le magicien – « Chatte » ou d’une simplicité dévastatrice comme « Montville ». Voilà pour les territoires. Pour l’Histoire, la France ne fut pas toujours hexagonale. Elle a subi des invasions et deux guerres mondiales qui l’ont transformée. Toutes les autres parties sont à l’avenant. Il faut découvrir cet Atlas.
Il faut le compléter par un autre. « Atlas de la France mystérieuse », sous titré « 40 histoires vraies qui font vaciller la raison » réunies par Fabrice Colin, par ailleurs auteur de fantasy et de Science-Fiction. Il a repris des histoires dont les causes sont inexpliquées dont cette « Dame Blanche qui débute de recueil. Un cas qui se rencontre dans toutes les localités comme si cette « fantaisie » faisait partie des histoires partagées. Les hallucinations collectives existent, chacun d’entre nous les a rencontrées. 40 sujets de romans à venir ?
Nicolas Béniès
« Atlas de la France incroyable », Olivier Marchon ; « Atlas de la France mystérieuse », Fabrice Colin, Autrement.
Une fusion étrange, venue d’ailleurs. Le jazz et la France
Jazz et culture française. Entre Histoire et mémoire
Laurent Cugny – musicien, pianiste et arrangeur – s’est lancé dans une entreprise un peu folle, bien dans l’esprit de cette musique étrange, au nom non défini, le jazz, écrire « Une histoire du jazz en France ». En trois tomes pour trois moments constitutifs de cet anti-art mais aussi de la construction de la culture française.
Le premier tome nous emporte du milieu du 19e siècle à 1929 pour indiquer les prolégomènes qui expliquent la popularité de cette musique et son ancrage dans la société française.
Longtemps, la société américaine, colonie de peuplement au départ, a copié la vieille Europe exportant ses opéras, opérettes et autres spectacles. Dans le milieu du 19e, la situation change subtilement. Les spectacles appelés « Minstrels », des comédiens blancs grimés en noir, arrivent en Europe, en France en particulier. Avec eux, arrivent les danses comme le Cake Walk – ainsi appelé parce que le couple vainqueur de la compétition remportait un gâteau – qui sera joué, notamment, par la Garde Républicaine. Le coule de danseurs Irène et Vernon Castle commenceront à diffuser ces nouvelles danses, comme le « one step ». Ils joueront un grand rôle dans les habitudes d’écoute. Laurent Cugny a raison d’y insister. Continuer la lecture
Le polar historique à l’honneur.
France, 1919.
Guillaume Prévost continue sa saga, via les enquêtes de l’inspecteur François-Claudius – le prénom s’explique par le fait que, orphelin, abandonné par sa mère, il a été élevé dans un orphelinat dirigé par un curé qui lui a fait confiance, d’aucuns diraient qu’il était le « chouchou » – Simon, de cette après première guerre mondiale. Ces années qui ruissellent encore du sang des jeunes gens sacrifiés, victimes aussi de la grippe espagnole. Un pays exsangue que l’auteur s’attache à décrire. Il prend pour matière, un feuilleton – c’est la mode depuis la fin du 19e siècle – au titre évocateur, « Les Maudits » qui donnent aussi son titre générique à des films « à suivre », ancêtres de nos séries télé. Continuer la lecture