Le coin du polar : Elmore James

Detroit (USA) dans toutes ses beautés automobiles

Elmore Leonard est le chroniqueur de la ville de Detroit, longtemps capitale de l’automobile. Dans cette ville sont nés à la fois le « hard bop », un retour aux sources du gospel, et le « hard rock » musique qui collait à la déstructuration de la ville due à la perte de son industrie principale. Les histoires de Leonard s’inscrivent directement dans celles de la ville, jusqu’à la représenter. « Swag » – le butin du voleur mais aussi, plus récemment, arrogance – est, d’après Laurent Chalumeau – auteur de la présentation -, le premier grand roman de l’auteur.
Deux voleurs à la tire veulent voler plus haut que leur ULM et se retrouvent dans la panade. Au prix de leur prise de conscience, ils arrivent péniblement à comprendre leur situation. Frank Ryan et Ernest Stickley Jr – prénoms choisis pour le titre de départ « Frank and Ernest », franc et honnête – sont des braqueurs de petits commerces. Ils réussissent dans ce business. Ils voudraient faire un gros coup et… vous aussi connaissez la suite.
L’intérêt réside dans le contexte urbain, dans la description de l’environnement social dans lequel baignent les deux voleurs. Ainsi que dans la musique qui les entoure, les enveloppe. L’empathie avec ces « losers » est quasi totale. Leur destin n’est pas maîtrisé, il dépend tout entier des rencontres et d’une ville en train de subir les débuts de la crise économique qui détruira l’industrie automobile et obligera Detroit à se transformer.
Nicolas Béniès
« Swag », Elmore Leonard traduit par Elie Robert-Nicoud, préface de Laurent Chalumeau, Rivages/Noir

Elmore Leonard, auteur américain.

Comment écrire sur un écrivain ?

elmore-leonard-un-maitre-a-ecrire-par-laurent-chalumeau_5307479Elmore Leonard (1925 – 2013) est l’un des grands auteurs de ces romans « noirs » ou « polars » qui marquent le 20e siècle de leurs pointes acérées. Il a trouvé son style, – et ce ne fut pas en un un jour – et il est devenu Elmore Leonard, « Dutch » pour tout le monde. Il a fallu qu’il comprenne l’art de l’épuration, de la simplicité pour accéder au rang de « maître à écrire ». Il fait avancer l’histoire par des dialogues qui dressent la silhouette des personnages. Il donne l’impression du langage parlé, particulièrement celui de sa ville d’origine, Detroit, soumise aux restructurations dues à la crise de l’automobile. Dés la récession de 1980-82, elle se délite par les fermetures d’entreprises, le chômage massif, l’appauvrissement de ces citadins. Dans le même temps, des quartiers entiers sont laissés pour compte où la nature « reprend ses droits ». Pour résister la ville s’endette…pour arriver à la faillite d’aujourd’hui et une volonté de re construction en détruisant les anciens quartiers. Dommage que « Dutch » nous ait quitté, il aurait trouvé là, avec son compère essentiel Gregg Sutter, qualifié de documentaliste, de quoi nourrir ses intrigues. Continuer la lecture