Jazz. Une nouvelle école ?

Liberté

trio bisUn trio qui prend comme nom « BIS » ne peut pas être fondamentalement mauvais. Ils en redemandent de la musique. Eux d’abord avant même la conquête du public. Cet album enregistré « live » – en direct si vous préférez, mais c’est le titre – fait la preuve que le « BIS » est redemandé. « BIS » ? Un trio comme on pourrait s’en douter, composé d’un batteur, Cédrick Bec, d’un saxophoniste – il faudrait employer le pluriel, alto, ténor, soprano –, Raphaël Imbert et d’un guitariste fou, Alain Soler et vous avez l’acronyme qui fait le groupe. Manière d’affirmer que 1+1+1 = 1 = 3 pour dire que le trio fonctionne, devient une entité propre tout en laissant à chaque composante la possibilité de s’exprimer. Un mot résume le credo de ce trio : liberté. Liberté de jouer avec toute la mémoire du jazz, liberté de partir en vrille vers des terres peu connues pour dérouter les deux autres et le public, pour tester si tout le monde est sur la même longueur d’onde, si personne n’est laissé sur une des rives.
Tout passe ici sans rien casser ni lasser. Du standard le plus éculé à John Coltrane et Monk – difficile à éviter ces deux références – en passant par les Beattles et deux compositions personnelles, tout prend une nouvelle consistance, une sorte de coup de jeune.
Cette musique entraînante laisse de la place au rêve et aux échos dans nos souvenirs, échos d’autres temps pour entrer dans celui d’aujourd’hui, un monde quoi aurait besoin d’un violent coup de fraternité. Le jazz reste porteur de ces valeurs, ces trois là, avec leurs décalages, leur manière bizarre de se servir de leurs instruments savent aussi les faire suivre. Disons pour terminer que ce n’est pas une musique facile. Elle veut combattre toutes les habitudes et, pour ce faire, dérange. C’est l’occasion de revoir toutes vos certitudes. Et c’est une bonne chose.
Nicolas Béniès
« Trio BIS, Live », Cédrick Bec, Raphaël Imbert, Alain Soler, Label Durance distribué par Orkhêstra International, www.label-durance.org