Le coin du polar (2)

Lyon, 1920.

La première guerre mondiale a laissé des traces. La grippe espagnole aussi qui aurait autant de morts que la Grande Boucherie. La France se réveille du cauchemar. Un cauchemar qui n’en finit pas de renaître sous des cendres chaudes. La guerre a permis aussi des découvertes médicales et scientifiques.

A Lyon, dans ces années 20, une série de crimes visent des femmes âgées atrocement violentées par un objet non déterminé. Les vieilles familles lyonnaises du textile gardent jalousement leurs secrets à l’image des vieilles familles britanniques ou américaines qui font le bonheur de toutes les histoires de roman à clés.

Odile Bouhier, dans ce climat d’après guerre lyonnais présente une double figure de « détectives privés », un commissaire, Victor Kolvair et un scientifique, Hugo Salacan, créateur de cette « police scientifique » qui prendra le relais des fameuses « brigades du Tigre » – créées bien sur par Clemenceau – pour alimenter des enquêtes reposant sur des constations objectives pour éviter les aveux obtenus par des procédés plus ou moins légaux. Il fallait un troisième personnage, incarnation des cauchemars de la guerre, pour parfaire les intrigues. Continuer la lecture

Le coin du polar.

 

Une (re)lecture réjouissante.

Tous et toutes les amateur(e)s de polar connaissent Dashiell Hammett (1894 – 1961), les autres ont sûrement vus « Le faucon maltais », de John Huston, dans lequel Humphrey Bogart donne un visage – en forme de « v », c’est de cette façon que le décrit allusivement Hammett – à Sam Spade, un nom étrange pour un détective privé qui ne l’est pas moins. Dashiell – ce nom lui vient de sa mère et de ses ancêtres français, son premier prénom fut… Sam – a une place de premier plan dans la littérature américaine et mondiale. Il a créé un genre, dans les années 1920-30, le polar « hard-boiled », « dur à cuire » pour des intrigues qui refusent toute solution provenant de la seule logique. Refus d’un roman policier type Agatha Christie et de son détective belge, Hercule Poirot qui pense pouvoir résoudre tous les meurtres « en chambre » armé de « ses petites cellules grises ». La littérature descend dans la rue, elle se heurte à toutes les réalités des forces sociales en présence, des intérêts politiques, économiques et au pouvoir. Continuer la lecture

Imagination et prévision

Quand un roman noir d’anticipation percute l’actualité de la guerre.

Le titre, « Un escalier de sable », m’avait laissé rêveur. C’est sans doute pour cette (mauvaise) raison que je l’avais laissé de côté. Par hasard, je l’ai retrouvé. Il était enfoui sous une masse d’autres livres plus récents et se trouvait abandonné. Marché sur une pile de livres ressemble à un escalier de sable impossible à franchir. Un escalier en forme de mirage… Continuer la lecture

Elvis et nous.

Un pan de notre mémoire.

Bruno Blum, par l’intermédiaire des coffrets publiés par Frémeaux et associés sur Elvis Presley, poursuit son œuvre de salubrité publique mêlant les souvenirs, le travail de mémoire et l’histoire culturelle. Le tout à travers la trajectoire d’Elvis Presley. Le volume 1 s’arrêtait en 1956, au moment où Elvis commence à connaître la gloire. Ce tome 2 ne couvre qu’une année, 1956-1957, mais remplie de bruits et de fureurs, de dénigrements, de calomnie, d’accusations plus imbéciles les unes que les autres de ces « ligues » de défense de la morale, de ces Eglises qui ne savent qu’exclure, excommunier. Peter Guralnick, cité ici, dans sa monumentale biographie d’Elvis (traduite aux éditions du Castor Astral) reprend tous les articles, toutes les déclarations contre Elvis. Bruno Blum rajoute les appréciations de Boris Vian qui – il l’a affirmé à plusieurs reprises – n’aimait pas le rock. Il trouvait – et il n’a pas toujours tort – que c’était une simplification du blues et qu’il était souvent vulgaire faute d’introduire le « double entendre », comme disent les Américains, du blues, cette ironie singulière qui transforme la grossièreté apparente en une poésie étrange. Continuer la lecture