Surveillance réciproque, drôle de société !

Un western nordique et moderne

La trame est vieille comme le premier western : le Mal d’un côté, ici Kim Sleizner, chef de la police criminelle de Copenhague, corrompu, violeur – le shériff -, de l’autre le Bien, l’ex inspectrice de la police danoise, Dunja Hougaard qui veut faire tomber le système tout entier qui mêle milliardaire, politiciens, juges et policiers. Un affrontement de Titans où, je vous rassure, là aucun suspense, le Bien gagnera mais le plus difficilement possible. Seul l’amour résiste, bien sur.
« Coup de grâce », de Stefan Ahnhem raconte cette histoire. Il l’emmêle avec la mort d’un ado dont le père, lui-même inspecteur mais de la police suédoise, trouve suspecte. Les fils de ces intriguent se nouent autour de la figure du Mal.
L’auteur sème les composants de la modernisation de son western. Les technologies numériques, mouchards, surveillances réciproques, tortures, un peu d’intelligence artificielle, une secte de gens bien placés da ns la société qui se livrent à des jeux sexuels interdits et pas seulement par la morale. Un aléa, la mort du chef des services secrets, déclenchera toute la mécanique. La conscience professionnelle d’un inspecteur qui doit pourtant sa carrière à Sleizner permettra à l’enquête de suivre son cours en un parcours bien sur escarpé.
Les descriptions des villes, des quartiers, des familles viennent donner un semblant de crédibilité pour obliger à rester dans ce monde étrange et qui devrait nous être étranger. Ce n’est pas le cas et le talent de l’auteur y est pour beaucoup. Non seulement on y croit mais on marche, on veut savoir à quel moment et dans quelles conditions le coup de grâce sera donné. Et personne ne sera déçu.
Nicolas Béniès
« Le coup de grâce », Stefan Ahnhem traduit du suédois par Caroline Berg, Albin Michel