Encore sur la Commune.

0our une introduction
Autant d’ouvrages se partageaient-ils les étals des libraires lors du centième anniversaire de cette « révolution impromptue » pour reprendre le titre du livre que lui a consacré Roger Martelli ? Une cascade de livres de tout acabit qu’il ne sera pas possible de lire… Seul le Président de la République ne s’y est pas aventuré préférant la commémoration de Napoléon, modèle moins révolutionnaire.
La synthèse proposée par Martelli, « Commune 1871. La révolution impromptue » permet de retracer les évènements dans le contexte de la guerre perdue par Napoléon III. La troisième partie, « Histoire et mémoire » est un essai pour appréhender la place du passé et éviter les « guerres de mémoire ».
L’anthologie établie par Alice de Charentenay et Jordi Brahamcha-Marin, « La Commune des écrivains » illustre la présentation de Martelli. En trois temps, « La Commune au jour le jour », « Raconter la Commune, regards rétrospectifs » et « Les leçons de la Commune ». Des textes peu connus : Rimbaud traumatisé par l’espoir et la répression, Verlaine, Aragon en hommage à Rimbaud sans parler de Brecht. Le mouvement ouvrier international trouve là une de ses fondations.
« Commune 1871. La révolution impromptue », Roger Martelli, Les éditions Arcane 17 ; « La Commune des écrivains. Paris 1871 : vivre et écrire l’insurrection », anthologie établie par Alice de Chantenay et Jordi Brahamcha-Marin, Folio classique.

Dans Paris libéré

Enquêter au cœur du tumulte et de la barbarie

Hervé le Corre nous fait pénétrer « Dans l’ombre du brasier », le brasier du Paris de mai (les 18 et19 pour être exact) 1871. La Commune vit ses derniers instants. Les combattant.e.s veulent encore y croire pour construire une société fraternelle, libre. En face, les Versaillais. Thiers est aux commandes d’une armée vaincue par les Prussiens mais qui se retourne contre les siens. Sainte-Alliance des possédants contre les rêves, les utopies d’une population qui se bat pour toute l’humanité. Pas de suspense. Les massacres seront à la hauteur des peurs de ces bourgeois étriqués. La barbarie régnera en maîtresse exigeante.
Dans ce contexte de guerre, l’auteur place une intrigue policière : une jeune fille a été enlevée quasiment en pleine rue. Caroline est son nom. Infirmière bénévole, elle nous a fait entrer dans l’hôpital de fortune dans lequel meurent tous ces soldats de circonstances, assassinés par des tirs de canons qui sonnent le glas de toutes les espérances.
Ces journées de mai sont les dernières de la « racaille » comme disaient ces bourgeois petits et grands, assoiffés d’ordre. Hervé Le Corre nous enferme dans l’ombre pour décrire la macro barbarie et la violence individuelle du mal.
L’enquête à la fois atténue les descriptions horribles des assassinats commis par les Versaillais, des tueries de masse sans limite et construit un fil conducteur pour suivre l’enchaînement des événements avec un peu de distance pour éviter d’être transis par le bain de sang. Le scénario est plausible. Pendant les massacres la vie se poursuit. Les conflits récents en apportent la preuve tous les jours, comme la Commune donnait un avant goût des éclatements à venir.
Toutes les figures de la dépravation se sont données rendez-vous : l’argent, le sexe – le viol de fillettes – le goût du sang mais aussi les révolutions techniques – la photographie notamment – et… la volonté de se battre pour une société qui, enfin, sorte du capitalisme pour que les êtres humain.e.s vivent et non pas survivent. Un message qu’il ne faudrait pas oublier !
Hervé Le Corre, Dans l’ombre du brasier, Rivages/Noir, 22,5€
Nicolas Béniès