Figures de Jacques Coursil

Que reste-t-il lorsque tout s’éteint ? Des images, des souvenirs brouillés par le temps et l’espace. J’ai une image de Jacques Coursil, lointaine, au piano chez un ami commun et me proposant de jouer à mon tour. Refus poli. Je savais déjà pourtant que ce n’était son instrument. Je savais que ce garçon athlétique était tombé amoureux de la trompette.

Pochette de la Black Suite. Il est en compagnie de Anthony Braxton notamment

Il avait raconté à « Actuel » – la revue qui a collé à la peau de mai 1968 -, repris dans les deux albums qu’il avait réalisés avec son groupe pour BYG (et sur Wikipédia), sa rencontre avec le cornet. Un hasard. Son père, militant au parti communiste, avait voulu lui faire étudier la musique. Le violon s’est imposé. Le prof du quartier Montmartre (Paris) – où il est né en 1938 – ne connaissait que cet instrument. Arrêt brutal. Il écoutait, chez lui, les clarinettistes de la Martinique à commencer par le plus grand d’entre eux génie incontesté et souvent méconnu de l’instrument et de la Biguine, Stellio. Dans ce début des années 1950 – si l’on en croit son témoignage ce serait 1953 -, à Paris, Sidney Bechet s’impose. Les oreilles du jeune Jacques commencent à vibrer pour ce soliste le plus talentueux de l’histoire du jazz. La biguine sans doute le conduit aussi vers Albert Nicholas, sorte de Poulidor de la clarinette de jazz pour ces émigrés de la Nouvelle-Orléans. Il faudrait raconter l’histoire des Oignons…
Il intègre donc un Conservatoire pour étudier la clarinette et se retrouve avec un cornet entre les mains, seul instrument qu’il était possible de lui prêter.
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