JAZZ, le troisième type ?


Rencontre amicale et jouissive.

Joe Lovano & Dave DouglasApparemment ils sont deux. Un trompettiste, Dave Douglas et un saxophoniste ténor, Joe Lovano. Ils représentent une grande partie du jazz moderne de celui qui ne refuse pas le legs du free jazz, non seulement de Coltrane mais aussi d’Albert Ayler, de Ornette Coleman et de beaucoup d’autres. De ces révolté(e)s qui voyait les transformations démocratiques et sociales à leur porte, midi à 14h. Des utopistes fous capables de transporter des foules de jeunes gens et de jeunes filles vers d’autres planètes plus sûrement que les deux astronautes mettant un pied sur la lune.
Ces deux là en fait sont trois. Pour commencer. Dans l’ombre se détache un grand compositeur de notre temps, Wayne Shorter. Celui notamment du quintet de Miles Davis de 1965 à 1968 composé de Herbie Hancock au piano, Ron Carter à la contrebasse et Tony Williams à la batterie, capable de toutes les audaces et de toutes les transgressions. Un quintet sans suite, sans descendants. Sauf Wayne. Qui sait aussi, comme les deux autres, faire fructifier l’héritage libertaire de ces années 1960. Continuer la lecture

Nouveautés Jazz (4), Issa rencontre Char ?

Un groupe, Issachar.

En ces temps de régimes – un terme mis à toutes les sauces -, faire fonctionner un groupe régulier est un exploit en tant que tel. Il faut pouvoir vivre de sa musique sans faire trop de concessions. Pas facile. Pas facile non plus de rester intermittent du spectacle. Les nouvelles règles sont drastiques et au sens strict flottantes… Drôle de règles bien dans notre époque étrange et formidable.
Au coin, IssacharUn groupe donc. Fait d’un prénom, Issa et d’un nom, Char, pour René faut-il supposer – encore que ce poète est, quelquefois assez ampoulé – ou bien faut-il chercher d’autres significations ? Peut-être. Chacun(e) peut avoir les siennes. C’est la beauté des mots valises chers à notre bon pasteur Lewis Caroll que de leur donner des sens interdits ou surréalistes.
Commencer par le nom permet de s’introduire dans des compositions – le plus souvent du trompettiste Simon Deslandes – aux noms qui fleurent bon des recettes de cuisine comme « Les épinards » – comment ne pas penser à Popeye ? – « Patate douce » en forme de « Diptyque à tendance maraîchère » ou « Les tapas de Jean-Paul » mais qui cachent, sous cette ironie, une profonde angoisse quant à ce monde devenu de jour en jour de plus incompréhensible qui tourne le dos à toute fraternité, à toute ouverture sur les cultures, qui se refuse à toute création, à toute imagination. Continuer la lecture