Une rencontre Allemagne/Suède, deux partout.
Un quartet se décompose de plusieurs manières. Un trio + 1, 2+2 ? Le tout soit être égal à 1, si l’entité se construit. Il faut pouvoir donner la parole à l’ensemble et seules les compositions comme l’écoute réciproque peuvent le permettre.
Ici, pour ces contes venant du Sud, « Tales from the south », Alex Schlosser, trompettiste et bugliste réalise son premier album. Il se fait accompagner par le trio Olaf Polziehn, piano qui se souvient de tous les pianistes et fait preuve d’une énergie vitale qui renverse toutes les barrières, Martin Sjöstedt, contrebasse et Daniel Fredriksson, batterie qui font preuve d’une très belle complémentarité et offre le soubassement dont trompettiste et pianiste ont besoin. Pour certaines de ses compostions – la totalité des 11 plages à l’exception d’un traditionnel et d’une composition d’Ellington, « portrait de Louis Armstrong », sont de sa plume – c’est un trio mettant en valeur la sonorité du trompettiste, pour d’autres un subtil mélange de mise en évidence de chacune des individualités et pour d’autres encore la naissance d’un quartet.
Le leader a voulu multiplié les expériences. Ce mélange de deux musiciens allemands, lui né en 1976 et le pianiste Olaf Polziehn, et de deux musiciens suédois pour un mélange encore plus étrange entre toutes les musiques du jazz, jazz dit traditionnel y compris (un rag fait la démonstration d’une adaptation moderne de cette forme musicale qui remonté à la fin du 19e siècle) comme la musique contemporaine, du free jazz inclus. Un son de trompette qui fait penser à la fois à Louis Armstrong et Don Cherry – sonorités pas si éloignées qu’il le semble à première vue.
Il faut entendre ces musiciens même si, pour ce premier opus, il a voulu trop en dire. Chaque plage quasiment est une atmosphère particulière. Comme si le choix n’était pas possible. Il ne veut rien renier, à juste raison. Il a commencé par le Jazz traditionnel et il en garde quelque chose. Il évoque même « Cootie » Williams, un des grands trompettistes de l’orchestre de Duke Ellington. Une sorte d’histoire en raccourci de la trompette. Le pianiste sait évoquer les grands pianistes comme Wynton Kelly… De drôles de contes qui savent nous parler…
Ils font aussi la preuve de la vitalité du jazz outre Rhin, en poussant jusqu’à la Suède. Une manière de faire l’Europe en s’interrogeant sur le lieu de ce Sud dont parle le titre de cet album ? Et s’il s’agissait justement de réunir les pays du Nord et du Sud de l’Europe ? Comme de réunir tous les jazz ?
Nicolas Béniès.
« « Tales from the South », Axel Schlosser, Double Moon Records, distribué par DistrArt.