Un guitariste oublié.
Elek Bacsik, guitariste et violoniste, né en Hongrie, fit les beaux soirs parisiens dans les débuts des années 1960. Son teint bronzé, son élégance surannée mais surtout un jeu de guitare qui tenait beaucoup des grands guitaristes américains plus que de Django – une même origine Rom les liait aux yeux des journalistes de l’époque. Ils n’avaient pas intégré la différence de contexte. Django crée une école, appelée ensuite « Jazz Manouche » tout en influençant tous les guitaristes du monde à commencer par les Américains. Même BB King – qui vient de nous quitter – reconnaîtra sa dette envers ce génie du jazz.
Pour Elek, comme pour Babik et tous les Reinhardt, l’influence de Django n’est pas directe. Elle est médiée par celle des guitaristes américains, par le bebop et la fusion.
Elek, en plus, vient des orchestres tsiganes où il jouait du violon. Prix du Conservatoire en Hongrie sur cet instrument.
Premier album en France de Elek
Il avait enregistré un album avec Kenny Clarke puis s’était exilé aux États-Unis, où il est mort, un peu laissé pour compte. Il n’a pas réussi à percer bouffé par la passion du jeu et par celle des petits matins de désespoir lorsque la vie apparaît lointaine et qu’il ne reste plus que le goût de la mort. La mélancolie devait être la compagne de ce musicien étrange.
Balval Ekel, l’auteure de ce « musicien dans la nuit », a découvert sur le tard que ce musicien, dont elle n’avait jamais entendu parler, était son père. Sa famille lui avait caché ses origines. Considéré comme le « vilain petit canard », elle tenait là une forme de reconnaissance. Elle a recherché des traces de ce père. Elle nous les livre en même temps que ses angoisses. Un livre étrange qui essaie de mêler deux mondes.
N.B.
« Elek Bacsik, un homme dans la nuit », Balval Ekel, Jacques Flament Éditions, www.jacquesflamenteditions.com