Dessiner d’autres mondes.
Leila Olivesi, pianiste, compositeure et, un peu, chanteuse a voulu, pour cet album « Utopia », rendre hommage à Cyrano de Bergerac. Pas celui de la tirade du nez – « un pic, que dis-je un pic, une péninsule » et « les trois lettres du mot sot » – mais l’écrivain de cette science-fiction avant la lettre des Etats de l’empire du soleil et de ceux de l’empire de la lune, publiés après sa mort en 1655.
Reprendre à son compte ces mondes d’ailleurs, ces utopies – celle de Thomas More était passée par-là un siècle plus tôt – c’est faire preuve d’un sens du futur paradoxal. Elles ont beaucoup reculé ces temps-ci sous les coups de butoir du libéralisme qui fait du marché – donc de la marchandise, cette bête qui se reproduit à l’identique – le nec plus ultra de toute vision du monde. Cyrano apparaît comme un contemporain critique d’un monde qui ne sait plus où il va mais a décidé, contre toute mesure, d’y aller et vite. Peut-on représenter un gouffre ? Continuer la lecture