Jazz Disques de l’été (suite)


Un trio étrange mais pas étranger

Ôtrium – Oh quel trio – se compose d’un trompettiste, Quentin Ghomari, d’un contrebassiste, Yoni Zelnik et d’un batteur, Antoine Paganotti, trio rare s’il en fut. L’écoute réciproque est fondamentale pour réussir ce tour de force. La fluidité du propos ne pouvait supporter la présence d’un piano, instrument roi dans tous les domaines qui aurait envahi tout l’espace.
Le trio réunit Ornette Coleman, son goût pour les mélodies simples, sortes de comptines charriant toutes les mémoires du jazz, de Charlie Parker notamment, la sonorité de Miles Davis et des compositions originales en un format qui ne l’est pas moins. Chaque instrument exprime tour à tour le rythme et la mélodie comme le proposait Ornette Coleman. Une manière de se situer dans le monde d’aujourd’hui pour combattre son absence d’humanité. Une musique joyeuse, ironique, contemplative qui fait plaisir à vivre
Un trio à écouter loin de toutes les contraintes d’emploi du temps.
Nicolas Béniès
« Ôtrium », Quentin Ghomari, Neu Klang

Réunion

Wolfgang Haffner, batteur, a rêvé – comme nous – d’un mini big band composé de musiciens qu’il connaît et qu’il aime. Randy Brecker, trompette – une sonorité, de l’imagination liée à tous ses héritages, au souvenir de Michaël -, Bill Evans, saxophoniste et un peu pianiste ici, Nils Landgren, trombone et un peu vocaliste, Christopher Dell, vibraphone, Simon Oslender, claviers et piano et Thomas Stieger, basse forment le « Dream Band » haffnérien, un peu aérien tout en restant très proche de la terre du swing pour faire danser, pour conserver toutes les racines et les faire prospérer. La participation du public est essentielle pour faire prendre corps à cette musique qui nous emporte.
Un double album nécessaire pour dépasser les nuages noirs qui s’amoncellent, la beauté d’une réunion de talents qui décident de jouer – dans tous les sens du terme – ensemble en échangeant des idées, des rythmes, des souvenirs et d’autre chose encore pour réaliser cette fusion qui nous ravit. Rêvons, rêvons, il nous en restera toujours quelque chose du côté de l’essentiel.
Nicolas Béniès
« Dream Band, Live in concert », Wolfgang Haffner, ACT

Voyage immobile

La pandémie s’est traduite par une immobilité difficile à supporter. Pour tout le monde mais plus encore pour les musiciens qui ont besoin, surtout pour le jazz, du public pour créer et se dépasser, pour visiter d’autres cultures et s’en inspirer pour construire leur monde. Le Mezcal Jazz Unit, un quartet, Christophe Azéma, saxophone baryton et soprano, Jean Marie Frederic, guitares, Emmanuel de Gouvello, Fretless basse, Daniel Solia, batterie, a voulu combattre le spleen en organisant un voyage chez leurs amis invisibles. « Traveling Band », l’orchestre voyage, est le résultat de ces rencontres réelles et imaginaires. L’esprit s’évade vers d’autres lieux, d’autres chocs, d’autres univers et le quartet nous y entraîne. Il n’oublie pas la pulsation du jazz qui reste dominante en incluant d’autres traditions, méditerranéenne, européenne en particulier, sans oublier l’Afrique et l’Asie, une manière de faire le tour du monde sans bouger. La danse est la condition d’une fusion réussie et c’est le cas.
Musique du rythme et de la démesure.
Nicolas Béniès
« Traveling Band », Mezcal Jazz Unit, Mezcal Productions