Quand on a que l’amour…
L’amour peut-être une perversion lorsqu’il se conjugue avec la mort de l’être aimé. L’amoureux fou devient crocodile. C’est la thèse de Maurizio de Giovanni, dans « La méthode du crocodile ». Il l’explique remarquablement. Le crocodile n’est pas un animal vif, il ne peut se déployer rapidement pour saisir sa proie. Il faut qu’il attende que la proie vienne à lui. Il attend. Sa patience est sans limite.
Le meurtrier met en pratique cette méthode en s’attaquant à des adolescents ou à des enfants. Il a un projet. De vengeance, d’une vengeance planifiée, programmée de celle qui se mange froide.
Son « détective privé » est un inspecteur sicilien exilé à Naples, victime d’une calomnie d’un repenti, Giuseppe Lojacono. Il a perdu femme et fille et se morfond dans un commissariat obligé à ne rien faire. Père, il comprend le projet. Il sera aidé par une substitut, elle aussi venu de l’île, Laura Piras. Un couple que nous retrouverons. C’est leur première aventure.
Un roman noir, avec un arrière fond urbain, celui d’une ville, Naples, dans laquelle plus personne ne prête attention à l’autre et vaque à ses propres affaires sans se sentir concerné par d’autres questions qu’individuelles. L’auteur n’oublie pas la chape de plomb de la religion qui visse les comportements et oblige, par respect de la respectabilité, à commettre des actes irréparables.
Pour les enquêtes à venir, il faudrait une écriture plus resserrée, moins de complaisance envers les personnages centraux.
« La méthode du crocodile », Maurizio de Giovanni, traduit par Jean-Luc Defromont, 10/18.