Des enfants à la dérive.
Il était une fois une petite fille de 6 ans dans une grande ville dont elle ne connaît ni la langue ni la géographie. Son « Oncle » l’abandonne dans la journée dans une boulangerie où tout le monde s’occupe d’elle. Une petite fille jolie comme un cœur. Le soir, elle retrouve son « oncle ». Un soir, il n’est pas là. L’aventure commence et passe par la case accueil des migrants – du moins on peut le supposer – pour arriver à une cavale avec deux enfants plus grand dont l’un doit avoir 14 ou 15 ans. « La petite fille au dé à coudre », titre de ce voyage, ne deviendra jamais couturière nous dit Michael Köhlmeier. Il utilise un style dépouillé et comme extérieur. Il la regarde cette petite fille, il la suit pour montrer qu’elle se trouve objet des circonstances. A aucun moment elle ne peut prendre son destin en mains. On imagine que l’« Oncle » est en prison et tout s’écroule autour d’elle.
Rien ne peut bien se passer, malgré les apparences, malgré les gens qui ne sont pas forcément des salauds. Aucun d’eux, constructeurs de ce trio bizarre et mouvant, ne trouvera le Graal. Pas de sauveurs dans ce monde là, pas d’ogres ni de sorcières non plus mais le désespoir qui pousse vers les enfers de l’au-delà de la compassion.
La fin de ce conte – un conte vraiment ? – est tellement inscrite dans notre monde barbare et brutal que la révolte partagée avec l’auteur devrait conduire à prendre conscience de la nécessité de changer ce monde.
Nicolas Béniès
« La petite fille au dé à coudre », Michael Köhlmeier, traduit par Marie-Claude Auger, Éditions Jacqueline Chambon.